Il y avait un roi, à Savatthi. Un jour, il demanda à un homme de rassembler tous les habitants de la ville aveugles de naissance. Lorsque l'homme se fut exécuté, le roi lui demanda de montrer un éléphant aux aveugles. A certains d'entre eux, l'homme présenta la tête de l'éléphant, à d'autres, une oreille, à d'autres encore, une défense, la trompe, le corps, une patte, l'arrière-train, la queue, la touffe de poils au bout de la queue. A chacun, il déclara : "Ceci est un éléphant"...
Lorsqu'il raconta au roi ce qu'il avait fait, le roi alla voir les aveugles et leur demanda :"Dites-moi, aveugles, à quoi ressemble un éléphant?" Ceux à qui on avait montré la tête de l'éléphant répondirent : "Un éléphant, Votre Majesté, ressemble à une jarre à eau". Ceux à qui l'on avait montré une oreille répondirent : "Un éléphant ressemble à un panier". Ceux à qui on avait montré une défense répondirent : "Un éléphant ressemble à un soc". Ceux à qui on avait montré la trompe répondirent : "Un éléphant ressemble à un pilier." Ceux à qui on avait montré le corps répondirent : "Un éléphant ressemble à une réserve." Chacun décrivit ainsi l'éléphant d'après la partie qu'on lui en avait montrée. Puis, à force de "Un éléphant ressemble à ceci, un éléphant ne ressemble pas à cela! Un éléphant ne ressemble pas à cela, un éléphant ressemble à ceci!", ils en vinrent aux mains. Et le roi fut ravi. (Paroles inspirées du Bouddha), extrait de "Les fantômes du vieux pays" de Nathan Hill chez Gallimard.