Prétentaine 20/21- mars 2007. Opéra

Prétentaine 20/21- mars 2007. Opéra
Revue
Ed. Prétentaine
Date de publication : 01/06/2007

L’opéra n’a jamais cessé de tenir une place prépondérante dans le champ artistique en provoquant – de son apparition au soir de la Renaissance (l’Euridice de Jacopo Peri, 1600, l’Orfeo de Claudio Monteverdi, 1607) à nos jours – d’innombrables controverses aussi bien esthétiques que politiques. Par leur nature complexe, voire hétérogène, les œuvres majeures de Monteverdi, Haendel, Rameau, Gluck, Mozart, Beethoven, Weber, Berlioz, Rossini, Bizet, Wagner, Moussorgski, Verdi, Puccini, Debussy, Strauss, Smetana, Dvorak, Janacek, Martinu, Berg, Schönberg, Schreker, Busoni, Zemlinsky, Prokofiev, Bartok, Britten, Chostakovitch, Ligeti, Zimmermann, Messiaen, pour ne prendre que ces phares-là, ont à chaque fois déplacé, voire bousculé, les repères du goût musical dans la musique savante occidentale, et surtout ouvert de nouvelles perspectives dans l’art lyrique. C’est d’abord par sa nature synthétique que l’opéra – et les genres qui lui sont apparentés, par exemple l’oratorio, le Singspiel, le théâtre musical, l’opérette, la comédie musicale – pose la question de son essence en tant que genre artistique ou esthétique. C’est cette « coïncidence des opposés » ou cette « unité de la diversité » qui rend si problématique la composition (la conception), mais aussi l’exécution (l’interprétation) et la réception (l’acceptation) des œuvres lyriques qui constituent un cas particulier – et particulièrement complexe – des « arts à deux temps ». La scénographie des œuvres lyriques est ainsi un enjeu majeur de leur interprétation et de leur réception. Quatre thématiques font particulièrement sens : Le rapport entre l’image et la musique. Le rapport entre le texte et la musique. Le rapport entre l’espace théâtral et le temps théâtral. Le rapport entre le « présent historique » des œuvres et le « présent historique » de leurs représentations ou interprétations. L’opéra propose à cet égard une combinaison de multiples lieux psychiques ou espaces potentiels, espaces intermédiaires entre le dehors et le dedans, le rêve et la réalité, le passé et le présent, le diurne et le nocturne, l’ici-bas et l’au-delà, l’illusion et l’épreuve de l’expérience, l’individuel et le collectif, le tragique et le ludique. L’opéra est donc bien l’image qu’une société se donne d’elle-même et de ses conflits.

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