'Je suis las et dégoûté de la personnalité sous toutes ses formes. Soyons libres et impersonnels, essayant de créer une vie nouvelle, une vie nouvelle en commun, un arbre de vie partant des racines qui sont en nous. Ma chère Katherine, vous savez qu'en tout ceci nous sommes vos amis sincères, et que ce que nous voulons, c'est créer une belle nouvelle vie en commun, le germe d'une nouvelle vie sociale. Mais il faut que nous développions nos racines les plus profondes sortant de l'inconscient et non pas des concepts conscients que nous appelons faussement notre moi. Quand vous reviendrez, je veux que vous veniez, vous et Murry, habiter avec nous ou près de nous. Ensemble, et non plus séparés. Vivons tous ensemble et créons un nouveau monde. Si cela est trop difficile en Angleterre, parce qu'ici tout est destruction, corruption et mort, partons pour la Floride, bientôt. Mais partons ensemble et restons ensemble, plusieurs ayant le même esprit.' Avec ma tendresse. D.H. Lawrence.
« On déplorera que les assassins ne soient pas tous illettrés »
Présentation de l'éditeur
Un recueil de courts essais sur des auteurs américains, sur la traduction et le monde de l'édition. A travers une cinquantaine de textes évoquant les grands noms de la littérature américaine (Gibson, Pynchon, DeLillo, Vollmann, Gaddis, Cooper, Moody, Selby, Sorrentino, Everette), C. Claro, traducteur et écrivain, dresse une cartographie de la fiction de notre époque.
Description raisonnée d'une jolie collection de livres est le titre d'un ouvrage consacré en 1844 par son ami Duplessis à la vie, l'oeuvre et surtout les 1254 livres de la bibliothèque de Charles Nodier, bibliothèque dont la vente est restée dans l'histoire.
Précurseur méconnu de Borges et bibliomane exalté - qui se contentait d'acheter des livres quand il ne les rêvait pas -, Nodier est la figure tutélaire du présent volume, consacré au parcours multiple, depuis plus de vingt ans, d'un autre écrivain que sa passion des livres aura, à son tour, amené à explorer tout le spectre de l'imprimé, de la revue au discret et luxueux livre d'artiste, des petites structures indépendantes à l'insertion au sein d'une des plus prestigieuses maisons d'édition françaises.
'Jolie' doit s'entendre avec une touche d'ironie : on accole trop souvent cet adjectif, ou un synonyme, aux livres qui font l'objet du présent ouvrage, en une forme de compliment qui n'est, le plus souvent, qu'une façon de s'en débarasser, en les réduisant à d'agréables objets. Car le souci esthétique qui les caractérise - effet, comme on le verra, d'une extrême économie de moyens - s'est toujours voulu fondamentalement éthique.
'Collection' parce que Le Promeneur appartient à ce type de projets littéraires (des éditions de la Sirène au Sagittaire ou au Point du jour) qui, tout en traitant avec les nécessités commerciales, n'ont jamais renoncé à la rigueur extrême de leur choix, fût-ce au prix d'une limite consentie. Issue de la Bibliothèque d'un amateur, en reflétant les enthousiasmes et les lacunes, cette 'jolie collection de livres' peut donc être accessoirement considérée comme une oeuvre à part entière, que la présente 'description' éclairerait pour la première fois dans son ensemble, à la manière de ces tableaux du XVIIe siècle qui représentent une infinité d'autres tableaux, en une suite de galeries vertigineuses ou de pinacothèques affolées, derrière lesquelles se profile l'ombre d'un collectionneur jamais visible, mais partout présent.
À travers ses nouvelles, au travers de ses biographies, Stefan Zweig sonda inlassablement le mystère de l'âme humaine. De la Vienne fin de siècle au Brésil de l'exil, voici l'itinéraire exemplaire d'un écrivain dont l'oeuvre est aujourd'hui lue avec passion.
Provocateur et sulfureux, Louis-Ferdinand Céline agace en même temps qu'il fascine. Son antisémitisme virulent, ses palinodies, sa lâcheté n'en finissent pas de déranger.
Mais, par son génie du style et de la langue, ce messager de l'Apocalypse, en prise sur l'horreur de son temps, demeure un des plus grands auteurs du XXe siècle.
'Pour ma part, depuis plusieurs années déjà je voyais venir ce qui est arrivé; mais la réalité s'est chargée de dépasser ce que la fantaisie la plus sombre aurait pu imaginer. Nous avons touché le fond de l'abîme. Du moins saurons-nous maintenant où était le mal.' Henri Bergson à Léon Brunschvigg, 31 juillet 1940.
'C'est une chose cruelle d'avoir à essayer d'expliquer le désastre de son pays. A vrai dire nous ne mesurons pas encore l'étendue de notre malheur.' Jacques Maritain, A travers le désastre (1941)