Volcans/Amérique latine - Caraïbes/N°57 - Hiver 2004

Volcans/Amérique latine - Caraïbes/N°57 - Hiver 2004
Revue
Ed. EDREV
Date de publication : 01/12/2004

' Par quelle aberration a-t-on pu croire, après la chute du Mur, que la disparition d'un adversaire signifiait l'abolition de l'adversité ?

Par quelle sottise a-t-on pu considérer que l'Homo economicus allait pacifier la planète, et que les conflits subsistants n'étaient que des vestiges du passé, des bavures exotiques ? Je l'explique à la manière de Tchékhov. Par le très grand plaisir que les hommes ont à dormir. ' La Cerisaie ' est vraiment la grande pièce sur les dix dernières années que nous venons de passer. Tous les protagonistes, qu'ils soient propriétaires ou intellectuels, y sont acquis à l'idée que finalement tout s'arrange toujours, que le mal n'est que le fourrier du bien. Cet esprit-là domine en Occident depuis 1989. C'est ainsi que l'on a pu, sans rire, voir Fukuyama célébrer la victoire des Etats-Unis sur l'Union soviétique exactement dans les même termes que Kojève pensait fêter la victoire de Staline sur l'Occident? Fêter la victoire de Staline en 1937 et la victoire de Wall Street en 1987 exactement dans les mêmes catégories intellectuelles aurait tout de même dû poser un problème, non ? '
André Glucksman, in Le Nouvel observateur, janvier 2002.

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