La Turquie entrera-t-elle dans l'Europe? Est-elle voisine de la Grèce ou de l'Iran? Est-ce une nation musulmane autoritaire ou un pays laïc et démocratique? On n'a pas fini d'en débattre. Mais une évidence s'impose: depuis deux mille ans, l'ancienne capitale de ce pays, quand il s'appelait Empire romain, Empire byzantin ou Empire ottoman, est au coeur des destinées de notre continent.
Contre ses murailles se sont brisées les invasions des Huns, des Perses, des Arabes ou des Tatars. Grâce à elle, le christianisme a survécu, quadrillant le continent de ses monastères et assurant sa survie intellectuelle. Constantinople, cependant, n'était pas qu'une forteresse. C'était d'abord une université et une fête. Immense métropole frivole et dévergondée, elle avait allumé les mille bougies de la culture, de la mode et de l'art. À l'heure où les Mérovingiens paressaient dans leurs déserts moisis, on y enseignait Platon et la danse, Aristote et la parfumerie. Cité des Mille et Une Nuits, la capitale des basileus et des courtisanes inventait notre future civilisation.
Le Roman de Constantinople ne se veut pas un traité encyclopédique d'histoire. Il entend rappeler des lieux, des personnages, des fêtes et des drames qui donnent le sentiment de ce que fut la Ville des villes. Du sacre de Théodora, la prostituée devenue impératrice, à la passion de Soliman le Magnifique pour son trop beau vizir, de l'impératrice Irène faisant crever les yeux de son fils à l'intronisation de Mehmet III ordonnant la mort de ses dix-neuf frères, on va de bain de sang en cérémonie fastueuse, d'épuration impitoyable en savante intrigue de sérail.
À la fois roman noir et roman-photo, ce livre est une promenade cocasse et atroce à travers l'histoire de Constantinople. Notre histoire.
Présentation de l'éditeur
Monstrueuse, la matière de ce livre l'est, pour deux raisons. Le sujet, d'abord : le trafic d'hommes noirs, «infâme trafic» jusque dans les justifications qu'on a voulu lui trouver, philosophiques, religieuses, économiques, politiques. Monstrueuse aussi, son étendue dans l'espace, de l'Afrique à la Méditerranée orientale puis de l'Afrique aux Amériques, le fameux «commerce triangulaire» n'étant que l'une de ses composantes ; et dans le temps, puisque cette histoire est longue de près de quatorze siècles.
Il fallait à Olivier Pétré-Grenouilleau, pour maîtriser dans sa totalité l'étude de ce trafic et l'ériger en objet historique, une approche globale, qui mettrait en relation l'histoire de l'esclavage avec d'autres domaines de la recherche historique - histoire des idées, des comportements, de l'industrialisation... Cette méthode comparative, alliée à une vision à la fois panoramique et plongeante, permettrait de découvrir comment des logiques différentes, propres à l'Afrique noire, au monde musulman et à l'Occident, ont pu se connecter pour donner naissance aux traites négrières. Comment, une fois pris le pli, enclenché l'engrenage négrier, les traites ont évolué jusqu'à leur terme, résultat d'une dynamique abolitionniste, certes ambiguë, mais radicale.
De l'esclavage antique à la mise en place de nouveaux systèmes d'exploitation de l'homme, ce livre restitue pour la première fois dans son ensemble la complexité d'une histoire débarrassée des clichés et des tabous, riche aussi de révoltes et de combats. Un des phénomènes mondiaux à l'origine du monde moderne.
Présentation de l'éditeur
Le massacre est une pratique humaine des plus anciennes et des plus récurrentes.
En cela, elle constitue un défi pour l'historien : soit l'étudier comme un événement à chaque fois singulier et s'interdire alors de le constituer en un objet d'histoire en soi, ou bien vouloir en cerner la nature commune, au risque alors d'une approche transhistorique qui s'échine à trouver une structure là où il n'y aurait que conjoncture.
À distance de ces deux risques, une vingtaine d'auteurs - historiens, philosophe et juriste - conjuguent la permanence du massacre à travers l'histoire, quels que soient les progrès supposés de la civilisation, et sa spécificité dans l'espace et le temps (Occident, Afrique, Asie). La récurrence est soulignée par le déroulé chronologique, des massacres dans l'Antiquité aux génocidex contemporains. Le choix n'est pas exhaustif, mais toujours le contexte est restitué et la postérité historiographique soulignée, qui permettent de fonder des catégories classificatoires : massacres assumés, massacres refoulés, vecteurs d'identité ; opération militaire, processus politique, visée terroriste.
Surtout, l'histoire des massacres est ici indissociable de celle de la progression de la conscience philosophique, civique ou juridique qui cherche à bannir ce crime contre les Hommes par le recours à la justice. Histoire, droit et philosophie ensemble donnent corps à ce nouvel objet de recherche.
Présentation de l'éditeur
Les Khazars : une énigme historique de la taille d'un empire disparu qui aurait duré du VIIe au XIe siècle de notre ère et qui s'étendait entre la mer Caspienne et la mer Noire, de la Volga à la chaîne du Caucase, au croisement des grandes routes commerciales et des zones d'influence des trois spiritualités chrétienne, juive et musulmane.
Comment retracer l'histoire de ce peuple cavalier d'origine turcomongole ? Pourquoi les Khazars se sont-ils convertis massivement au judaïsme ? Pourquoi leur empire s'est-il écroulé ? Pourquoi ont-ils été si longtemps oubliés ? Et pourquoi, d'Arthur Koestler à Marek Halter, font-ils rêver ? Voilà les questions auxquelles tente de répondre cet ouvrage, mettant à contribution spécialistes et passionnés de la Russie.
Présentation de l'éditeur
Plus que jamais l'intolérance religieuse travaille nos sociétés; plus que jamais les rapports entre les États et les Églises font problème. Aussi le grand livre de l'historien américain Henry Charles Lea (1825-1909), unique en son genre, garde-t-il une terrible valeur d'actualité. Il nous permet de comprendre pourquoi et comment, pendant des siècles, l'Église catholique a cru devoir réduire au silence, voire éradiquer ses dissidents.
Dès le Moyen Âge, l'Église était devenue un pouvoir économique et politique de premier ordre. Et, comme tous les pouvoirs, elle fondait une part de son empire sur des bases matérielles et prêtait le flanc à de nombreuses critiques exigeant le retour à la pureté du message évangélique. C'est pour combattre ces mouvements, dégénérant en hérésies, que les papes ont délégué leurs prédicateurs à travers toute l'Europe, en leur accordant des compétences de plus en plus étendues. Ainsi est née une institution qui, de plus en plus, s'est substituée aux pouvoirs locaux pour broyer toute résistance à ce qu'il faut bien appeler une «pensée unique».
Maîtrisant le latin comme l'allemand, l'espagnol comme l'italien, Henry Charles Lea a parcouru les archives de l'Europe tout entière afin de brosser un tableau complet de cette partie souvent refoulée de notre passé. Cette Histoire de l'Inquisition est aussi une histoire de la liberté de conscience. Qu'elle ait été traduite en français par Salomon Reinach à l'époque de l'affaire Dreyfus et des combats en faveur de la séparation de l'Église et de l'État montre à l'évidence que le combat des Lumières contre l'obscurantisme n'est jamais gagné définitivement. Robert Kopp
Présentation de l'éditeur
Il n'est pas toujours aisé d'assumer un nom, une famille, une nationalité... Que dire alors quand ce nom dépasse les frontières, qu'il est connecté aux croisés et à l'Empire Ottoman et que la générosité des alliances, non seulement du côté paternel, mais aussi du côté maternel, vous unit aux Français, puis aux Ottomans, aux Grecs, aux Italiens...? N'importe qui aurait du mal à s'y retrouver. Or, la richesse des parcours nous confirme la richesse de la généalogie, la complexité des ententes et la complétude des cultures. L'ensemble est un cours d'histoire et d'humanisme passionné et passionnant. Des croisades à l'Occupation de Paris, en passant pas la prospérité et la chute de l'Empire Ottoman, l'auteur remonte aux origines princières des Lusignan tout en regardant plus précisément sa famille proche - parents et grands-parents - sous un verre grossissant : tout n'y est pas enchanteur. Pourtant, son amour est communicatif. Même le Paris de l'Occupation, vu sous le regard d'un gamin de onze ans, est assez fascinant. Entre sa grand-mère Adèle et sa mère Hellé, c'est un autre aspect de l'Occupation qui nous est conté. Avec l'école, la musique, la mode, le cinéma, la littérature de l'époque, s'exprime tout un monde qui a envie, besoin de continuer à vivre ! L'adolescent et ensuite l'adulte en seront profondément imprégnés. Ecrit, au départ, pour expliquer à ses enfants leur arbre généalogique, l'auteur transforme peu à peu ce livre en référence. Ayant beaucoup voyagé - son héritage complexe l'y ayant depuis longtemps préparé - il nous ramène à la citoyenneté du monde, à nos propres origines, tellement composites ; à notre façon, souvent questionnable, d'aider les pays 'pauvres' ; à nos responsabilités et à notre avenir critique...
Une réflexion et un apport précieux.
Présentation de l'éditeur
En 1940, Jean de Radiguès travaille activement dans le réseau de renseignements 'Clarence' créé par Walthère Dewez. Arrêté par la Gestapo en novembre 1942, il est incarcéré à la prison de Saint-Gilles, condamné à mort en avril 1943, et déporté dans diverses prisons et camps en Allemagne. Mes prisons et mes bagnes est le récit de 33 mois de captivité où il subit l'affreux calvaire des forçats, luttant avec un courage invincible pour garder l'espoir, se dévouant à aider ses compagnons de captivité jusqu'à sa délivrance par les Russes en 1945.
Soyez prêt à trois heures du matin pour un 'transfert'. Je rentre dans la cellule que j'ai quittée il y a quelques heures, dans la terrible émotion de mes derniers moments.
A mon grand étonnement, mes camarades ne sont pas surpris de mon arrivée. Ils me racontent ce qui s'est passé pendant mon absence. Mon départ brusque entre les feldgendarmes ne leur faisait aucun doute... Leur appréhension se changea bientôt en panique, navrés, effondrés ils entendirent annoncer par la fenêtre, à l'heure du communiqué, que mon exécution était fixée pour 'demain'. Heureusement la nouvelle fut démentie par un prisonnier revenant du parloir. Il avait été chargé d'annoncer mon envoi en Allemagne, nouvelle transmise par ma femme qui, cet après-midi même, avait rôdé autour de la prison, cherchant à me prévenir de ce départ...
A quatre heures exactement, les grilles de la porte d'entrée de Saint-Gilles s'ouvrent devant un piquet de la Wehrmacht, menant deux prisonniers dans la voiture cellulaire. Il fait nuit. Sous un léger voile dont la recouvrent les premiers brouillards d'automne, Bruxelles dort encore... Un quart d'heure après, le panier à salade stoppe sur un quai de la gare du Nord, en face du train de Berlin : trois feldgendarmes nous font monter dans le train...
Présentation de l'éditeur
Sillonné en permanence par une flotte de 43000 cargos gigantesques, l'océan recouvre les trois quarts de la surface du globe. Les eaux internationales, vaste monde sauvage, commencent à peine à quelques kilomètres du rivage. À une époque où chaque morceau de terre est revendiqué par un gouvernement, où des conventions internationales définissent des réglementations, où s'organise la surveillance du passage et des commerces en tout genre, où des dispositifs électroniques complexes scannent l'horizon... le monde de l'océan résiste à toutes les tentatives de domestication. Course au profit, crime, piraterie, terrorisme se frottent au déchaînement des éléments naturels. En Inde, sur les plages d'Alang sont détruits les vieux cargos dans des conditions sanitaires dramatiques; dans les eaux territoriales d'Europe ou des Amériques, les vaisseaux, de l'Exxon Valdez à l'Erika, polluent; en Asie méridionale, les pirates infestent le commerce maritime...
Le nom des cargos et des catastrophes nous sont bien familiers, mais William Langewiesche a rencontré les témoins, les acteurs, visité les épaves et chantiers navals pour nous dévoiler les dessous du milieu maritime.
Présentation de l'éditeur
L'lnde se présente comme « la plus grande démocratie du monde » ; de fait, cet autre empire du milliard qui organise des élections libres depuis plus d'un demi-siècle a pris l'habitude de l'alternance depuis 1977, jouit d'une presse libre et connaît une justice au moins aussi indépendante que sous nos latitudes.
Longtemps cette démocratie a été conservatrice.
Linfluence de Gandhi ? réformateur moins radical que ne le dit l'hagiographie occidentale ? et la sociologie très élitiste des dirigeants du Congrès, le parti dominant au lendemain de l'indépendance, ont beaucoup contribué au statu quo. Mais les vraies racines du mal étaient ailleurs, dans l'agencement vertical d'une société de caste qui permettait depuis des siècles à une minorité d'hommes bien nés de gouverner sans partage.
Cet ordre hiérarchique a été ébranlé, dès l'époque coloniale, non seulement par la pénétration des idées d'égalité et de liberté, mais aussi et surtout par les politiques de discrimination positive mises en oeuvre par les Britanniques en faveur des intouchables et des basses castes.
Après l'indépendance, le Congrès s'est efforcé de circonscrire ces mesures au maximum, mais les basses castes y ont trouvé un objectif de mobilisation collective qui leur a finalement permis de former un front uni à partir de 1990.
Désormais, les castes ne font plus système ; elles sont une collection de groupes d'intérêt en concurrence pour une part du pouvoir. La vieille logique clientéliste s'effondre, qui amenait la paysannerie ou les ouvriers endettés à voter pour des notables ruraux ou des magnats locaux du Congrès.
À la place, des partis de basse caste prennent leur essor et s'emparent du pouvoir à travers toute l'Inde du Nord. C'est une véritable révolution silencieuse, unique en son genre : une révolution sans effusion de sang, aussi légaliste que l'ont toujours été les leaders de basse caste à l'instar de leur modèle à tous, Ambedkar.
L'lnde accède à une démocratie enfin digne de ce nom, et ce, paradoxalement, par la caste car celle-ci, point d'application des mesures de discrimination positive, aura été le cadre et le levier des mobilisations de la plèbe indienne, la structure collective qui a permis d'agréger les intérêts du grand nombre.
Présentation de l'éditeur
Si l'on en croit Ovide, les Romains auraient célébré et magnifié l'amour et la sexualité. Les Romains étaient-ils vraiment aussi libres dans leurs moeurs et dans leurs pensées que le laissent imaginer leurs élégies, leurs poèmes érotiques, leurs statues ?
On imagine l'Empire romain décadent d'après le Satiricon et l'oeuvre de Fellini. Paul Veyne nous donne de Rome une toute autre image, celle d'une société pleine de tabous dans laquelle on ne fait l'amour que la nuit sans allumer les lampes de peur de souiller le soleil, et qui semble avoir inventé le mariage chrétien avant les chrétiens ! Une société qui fait coexister raffinement aristocratique et brutalité, vertu républicaine et violence érigée en spectacle, justice et loi du Talion.
C'est donc un monde tout en nuances et paradoxes qui surgit au fil de ce recueil d'articles publiés dans le magazine L'Histoire. Paul Veyne y dévoile les multiples facettes des Romains, dans leur rapport au politique, à l'argent, au droit, au couple, à la sexualité, à la vie et à la mort.
Présentation de l'éditeur