Sujet politiquement incorrect, sous-estimé par Fernand Braudel et par nombre d'historiens, l'esclavage blanc pratiqué par ceux que l'on nommait alors les Barbaresques a bel et bien existé sur une grande échelle et constitué une véritable traite qui fit, durant près de trois siècles, plus d'un million de victimes. Qui étaient-elles ? Comment se les procurait-on ? Comment fonctionnaient les marchés d'Alger, Tunis et Tripoli, les trois villes qui formaient le noyau dur de la Barbarie ? Quelle forme prenait l'asservissement, tant physique que moral, de ces hommes et de ces femmes originaires de toute l'Europe, et principalement d'Italie, d'Espagne et de France ? Quelle était leur vie dans les bagnes et sur les galères ? Comment l'Église catholique et les États européens tentèrent-ils de les racheter ? Dans cet ouvrage, fruit de dix années de recherches, et qui s'appuie sur de très nombreuses sources et une abondante documentation, Robert C. Davis bat en brèche l'idée élaborée au XIXe siècle et encore dominante d'un esclavage fondé avant tout sur des critères raciaux.
Présentation de l'éditeur
Courte paume, balle à l'escaigne, tamis, pallemail, billard, trou-madame, galet, quilles, boules, volant, trictrac, échecs, dames, loto, jeu de l'oie, hoca, pharaon, biribi, lansquenet, piquet, hoc, triomphe, reversis, quadrille, impériale, flux, culbas, comète, whist : ce sont quelques-uns des innombrables jeux pratiqués dans la France moderne, du XVIe au XVIIIe siècle. Mais jouer n'y est pas si simple qu'aujourd'hui. L'Église et la loi surveillent de près jeux et joueurs, elles ne cessent de leur imposer des limites, car elles y voient une activité dangereuse, la première pour le salut des âmes, la seconde pour la tranquillité publique. Elles ne sont pas seules à s'en préoccuper ; le théâtre et le roman des XVIIe-XVIIIe siècles mettent en scène les effets funestes de la passion du jeu, pendant que les mathématiciens s'en servent dans l'étude des probabilités et que les philosophes des Lumières en soulignent les dangers pour l'équilibre social. Leurs débats débouchent sur une conception très restrictive du jeu en général, dont il faudrait user comme d'une médecine, avec prudence et le plus rarement possible.
Cependant, le jeu déborde constamment les limites que la loi et la morale voudraient lui imposer. Du XVIe au XVIIIe siècle, il se diversifie en jeux multiples, d'exercice, d'adresse, de hasard, de commerce, dont les formes évoluent constamment : si la courte paume décline au profit du pallemail et du billard, les échecs et les jeux de table prospèrent tandis que s'affirme l'éclatante fortune des cartes, employées à la fois dans des jeux de commerce et des jeux de hasard. Ces mutations reflètent la transformation du goût des élites, lesquelles préfèrent désormais des jeux qui ne compromettent pas leur dignité.
Jouer dans la France moderne offre aussi maintes occasions de transgression, en particulier aux jeunes gens qui ce faisant expriment leur vitalité et leur impatience, sous l'oeil tantôt sévère tantôt débonnaire des autorités de police. Enfin, le jeu représente une force économique méconnue jusqu'ici, qui fait vivre des corporations de métiers, rapporte de l'argent à l'État royal grâce au droit sur les cartes à jouer et à la loterie et sustente par la fraude une partie non négligeable de la population.
Cette histoire du jeu dans la France moderne envisage l'activité ludique comme un phénomène social global. Elle montre qu'en parlant des sociétés, les jeux disent souvent la vérité.
Présentation de l'éditeur
La déliquescence dans nos sociétés et nos organisations politiques des valeurs universelles que nous devons aux Lumières «franco-kantiennes» ne procède pas de la génération spontanée. Dès le XVIIIe siècle et tout au long des deux cents dernières années s'est édifiée une autre tradition - une autre modernité. Sur une argumentation similaire, elle a fait la guerre aux Lumières. L'une des raisons de la cohérence interne de cette pensée qui s'en prend aux Lumières tient au fait que tous ses hérauts se lisent les uns les autres avec une grande attention. Pour l'historien des idées, leur oeuvre constitue un matériau premier, mais en même temps ils sont chacun à son tour interprètes de la pensée de leurs prédécesseurs, historiens des idées, critiques de la culture, philosophes politiques et aussi publicistes de renom.
Taine écrit longuement sur Burke et Carlyle, Meinecke consacre de longs développements à Burke et une centaine de pages à Herder, pour Renan Herder est le «penseur-roi», Maistre suit Burke et est lui-même suivi par Maurras, Sorel attaque les Lumières avec la même hargne que Maurras, Croce lit Vico avec le même enthousiasme que celui avec lequel Meinecke se penche sur Herder. Le concept de l'imperméabilité des cultures de Spengler poursuit et développe la pensée de Herder. Isaiah Berlin écrit avec un ravissement semblable sur Vico et Herder et subit l'influence de Meinecke. Il attaque d'une manière comparable les Lumières françaises et, en produisant sa propre version de leur oeuvre, ajoute dans la seconde moitié du XXe siècle un nouveau maillon à la culture politique des anti-Lumières.
Avec la rigueur et l'esprit méthodique qu'on lui connaît, le grand historien israélien Zeev Sternhell établit avec précision une généalogie convaincante des anti-Lumières (ou des contre-Lumières, si l'on préfère). Ce faisant, il éclaire les enjeux de notre temps tant il est vrai que les maux contre lesquels ont combattu les Lumières sont de tous les temps. Pour éviter à l'homme du XXIe siècle de sombrer dans un nouvel âge glacé du conformisme, la vision prospective créée par les Lumières d'un individu maître de son présent, sinon de son avenir, reste irremplaçable.
Présentation de l'éditeur
Le 20 mai 1498, trois vaisseaux portugais, après avoir doublé le cap de Bonne-Espérance, atteignent les côtes des Indes orientales. Cet événement majeur dans l'histoire du monde inaugure une longue période d'échanges entre Occidentaux et Orientaux.
Chaque grande nation européenne, désireuse de disposer de sa propre Compagnie des Indes, met en place de puissantes institutions qui bénéficient du monopole des relations commerciales et maritimes. Le développement de leurs flottes transforme cette aventure en épopée maritime. La demande croissante de produits d'Asie conduit les Compagnies à rivaliser pour la conquête de nouveaux marchés. Installées peu à peu dans toutes les Indes orientales, elles deviennent de formidables machines de pouvoir, élément essentiel du processus de conquête du monde par les Européens.
Le présent ouvrage est la première approche comparative consacrée aux différentes Compagnies des Indes.
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'Les partisans de l'énergie nucléaire mais aussi et surtout ceux des usines de retraitement de déchets et des surgénérateurs ne sont en rien meilleurs que l'a été le président Truman qui a fait bombarder Hiroshima. Ils sont même pires que lui, car les gens en savent aujourd'hui bien plus que le naïf président pouvait en savoir à son époque. Ils savent ce qu'ils font; ils ne savait pas ce qu'il faisait. Que nous, les hommes, nous périssions à cause d'un missile nucléaire ou d'une centrale prétendument pacifique, cela revient absolument au même. Les deux sont aussi meurtriers. Tuer, c'est tuer. Mort, c'est mort. Ceux qui préconisent l'un et ceux qui préconisent l'autre, ceux qui minimisent les effets de l'un et ceux qui minimisent les effets de l'autre se valent.'
Elève de Heidegger (dont il est devenu par la suite l'un des plus ardents et plus pertinents critiques), premier mari de Hannah Arendt et ami de Hans Jonas, Günther Anders (1902-1992) quitte l'Allemagne en 1933 pour Paris puis émigre, en 1936, aux Etats-Unis. En 1945, les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki vont infléchir sa pensée de manière déterminante. De retour en Europe en 1950, il collabore à la fondation du mouvement antinucléaire allemand et publie son opus magnum, L'Obsolescence de l'homme (L'Encyclopédie des nuisances/Ivrea, 2002). En 1958, il se rend au Japon, puis entretient une correspondance avec Claude Eatherly, le pilote de l'avion de reconnaissance qui a survolé Hiroshima avant le bombardement du 6 août 1945. Il demeure l'un des penseurs de référence sur la question nucléaire.
A l'heure où de nombreux pays sensibles sont sur le point de posséder la bombe et où certains théoriciens du développement durable voient dans le nucléaire une énergie d'avenir, les 'considérations radicales' d'Anders sont plus que jamais d'actualité.
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Les auteurs de ce livre sont les victimes de la catastrophe de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986, dont l'auteur a enregistré les voix dans leurs villages du nord de l'Ukraine et dans les forêts du sud de la Biélorussie. Des millions de paysans pauvres qui mangent quotidiennement du césium 137 avec leurs aliments. Ce sont aussi ces jeunes mères contaminées qui deviennent sans le savoir source de poison pour les nouvelles vies qui se forment en elles. Ce sont ces enfants condamnés qui, s'ils naissent apparemment sains, grandissent mal, car ils se nourrissent de radionucléides matin, midi et soir... Ce sont les 'liquidateurs', sauveurs ignorés de l'Europe, envoyés au sacrifice pour éteindre l'incendie de la centrale, qui souffrent de toutes les maladies inconnues de l'atome. Des centaines de milliers sont invalides, des dizaines de milliers sont morts jeunes ou continuent de mourir dans des souffrances inimaginables... Et ce sont enfin les médecins et les physiciens, trop peu nombreux à ne pas se soumettre au lobby nucléaire.
Le livre rend compte également du combat de deux scientifiques biélorusses qui ont mis en jeu leur carrière, leur santé et leur sécurité personnelle pour venir en aide aux populations contaminées. Dissidents malgré eux, à cause de l'interdit imposé par l'AIEA à la reconnaissance des effets des faibles doses des radiations ionisantes sur la santé, le physicien Vassili Nesterenko et le médecin et anatomo-pathologiste Youri Bandajevsky sont persécutés, avec la complicité tacite d'organisations françaises et allemandes, pour s'être opposés au dogme officiel.
Malgré l'ampleur du désastre prophétique qui faillit rendre l'Europe inhabitable, l'atome, à la faveur de la crise de l'énergie, revient sur le devant de la scène. On envisage tranquillement de quadrupler le nombre des 450 réacteurs existant de par le monde. Les Etats-Unis, l'Europe, vont s'y mettre, la France n'est pas en reste, avec l'EPR de Flamanville prévu pour 2011-2012, tandis que la Russie a le projet d'une centrale nucléaire flottante ancrée au pôle Nord...
Rien moins que des bombes lancées dans le futur, rien moins que l'Apocalypse annoncée !
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Surnommé «l'Homme légendaire» par le Washington Post, Igor Kostine est un témoin capital de la catastrophe de Tchernobyl. Le 26 avril 1986, quelques heures seulement après l'explosion, il survole la centrale.
La radioactivité est si forte que toutes ses pellicules deviennent noires.
Une seule photo pourra être sauvée : elle fera le tour du monde.
Surpris par l'ampleur de la catastrophe et par le silence des autorités, Igor Kostine décide de rester sur place et de vivre au milieu des 800 000 «liquidateurs» qui se succéderont sur le site de l'accident.
Lui-même irradié, il n'aura de cesse, vingt années durant, de photographier la centrale et la zone interdite qui l'entoure. Son histoire se confond avec celle de Tchernobyl. Il a vu l'évacuation des villages, le désespoir et le courage des populations, la construction du sarcophage, les hommes déplaçant à mains nues des blocs radioactifs, les cimetières de machines, les jardins et les vergers contaminés redevenus des terres sauvages où l'homme n'a plus sa place... Pour la première fois, il raconte, en mots et en images.
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Jean-Philippe Desbordes enquête ici sur les menaces sanitaires liées à chacune des activités nucléaires (médicale, militaire, civile), et dévoile quelques secrets bien gardés. Documents et interviews à l'appui, il montre les implications dangereuses - pour la santé et pour la démocratie - d'une des inventions scientifiques les plus critiquées du siècle dernier. Car, tout en préservant la couche d'ozone et en garantissant à l'Europe davantage d'indépendance énergétique, le nucléaire demande d'énormes sacrifices aux populations civile et militaire, que celles-ci font le plus souvent à leur insu.
Unique en son genre, cette enquête vient à point nommé et pose, au moment du vingtième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, les questions essentielles.
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Le 26 avril 1986, le réacteur nucléaire n° 4 de Tchernobyl explosait. Cet «accident industriel» sans précédent, qui allait être le point de départ du processus d'éclatement de l'Union soviétique, est encore l'objet d'évaluations controversées.
Galia Ackerman s'est rendue en Russie, en Ukraine et en Biélorussie, et a consulté l'abondante documentation disponible en russe. Elle a rencontré plusieurs acteurs politiques et scientifiques de premier ordre, ainsi que des témoins de l'époque. Elle retrace ici de bout en bout l'histoire du «dernier grand chantier soviétique», mettant en évidence la manière tragique dont il a été conduit, depuis la construction de la centrale jusqu'à la «liquidation» de la catastrophe. Plusieurs centaines de milliers de personnes, dont beaucoup sont morts depuis, ont participé à cette opération.
Aujourd'hui, huit à neuf millions de personnes vivent encore dans des territoires durablement contaminés par la radioactivité.
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D'un changement de régime à un autre, la Russie rechigne à assumer son histoire et à lui donner, par un travail sur la mémoire, une forme définitive et cohérente. Le régime actuel ne fait pas exception, puisqu'il puise dans le culte du passé pour construire l'avenir, à savoir un État fort qui défend ses intérêts au détriment de ceux de son peuple, mettant à sa botte le Parlement, les médias, les tribunaux et les associations citoyennes, nourrissant une bureaucratie aussi vorace que parasitaire et s'appuyant sur les trois piliers de toujours : les services secrets, l'armée et la police. Dans la « démocratie dirigée » proclamée par Vladimir Poutine, les lois sont façonnées et manipulées selon le bon vouloir des puissants.
Cette enquête de Thérèse Obrecht, journaliste suisse spécialiste de la Russie, est centrée sur les droits des citoyens dans la Russie d'aujourd'hui autour de trois domaines précis. La justice d'abord, redevenue un appendice du pouvoir ; l'armée ensuite, en proie à une violence interne inouïe et se livrant, au Nord-Caucase, à des actes de barbarie commis, la plupart du temps, dans l'impunité ; le racisme croissant enfin, contre les gens du Sud, les migrants du Caucase ou d'Asie centrale, mais aussi les étudiants de couleur.
Dans ce tableau sombre émergent cependant des personnalités remarquables, activistes des droits humains, avocats, mères de soldats, journalistes, scientifiques, anciens prisonniers de conscience à nouveau dissidents. Ces Russes-là sont prêts à défendre les libertés chèrement acquises et le font savoir avec un courage exemplaire.
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