Au pays qui te ressemble

Au pays qui te ressemble
Lisa Ginzburg
Ed. Verdier
Date de publication : 07/02/2019
traduit de l'italien par Martin Rueff

Vituca, une documentariste italienne qui vit à Paris tombe amoureuse de Ramos, un chorégraphe brésilien au talent éclatant. Si tout les sépare, la géographie, la culture, la personnalité, ce qui les sépare les attire et ils se marient. Mais comment s’aimer au loin ? Le roman analyse d’abord les efforts pour faire durer une relation contrainte de dépasser toutes sortes de frontières, qui ne sont pas uniquement géographiques. Faire vivre un amour à distance, dans ce récit, c’est jouer avec ses propres limites. Se rapprocher alors ? Chacun voudrait que l’autre « songe à la douceur / D’aller là-bas vivre ensemble ! ».

Mais là-bas n’est jamais si doux. Et le Brésil de Ramos est âpre, rude, aussi inquiétant qu’attirant. La tragédie avance, implacable, derrière les efforts des amants. Elle aboutit au drame effroyable et au deuil. Derrière sa magnifique puissance vitale, Ramos cachait des secrets, une intime tragédie, un destin plus encore qu’un caractère.

C’est ce destin entrelacé au sien comme une plante grimpante que la narratrice parcourt en recomposant le temps perdu. Reconstruire, lire les signes qu’on avait négligés, ou voulu négliger, c’est l’opération méticuleuse à laquelle nous sommes ici conviés. N’est-il pas vrai, au reste, que c’est à la fin du drame que l’on comprend les signes qui l’annonçaient ?

Ce qui frappe plus que tout, c’est la tenue d’une langue à la fois lyrique, quand elle évoque l’accablement sensoriel du Brésil, et analytique. En effet, l’auteure ne se départit jamais d’une intelligence scrupuleuse qui fait d’elle une moraliste classique capable de scruter les replis du cœur et les mensonges à soi dont se nourrit l’amour. L’amour est plus fort que la mort, mais la mort est plus forte que lui. Restent alors l’intelligence du désastre et la beauté de l’écriture.

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