Théâtre de l'Inde ancienne

Théâtre de l'Inde ancienne
Bansat-Boudon (dir.) Lyne
Ed. Gallimard/La Pléiade

Comme l'opéra occidental, le théâtre de l'Inde ancienne est un spectacle total. Il associe tous les arts de la scène. Présence conjuguée de la danse, de la musique et de la poésie ; alternance de la prose et des vers ; alternance des langues aussi : le sanskrit, réservé aux hommes de haut rang, cohabite avec les pâkrits, langues assignées aux hommes de condition inférieure et aux femmes, reines ou déesses. L'intrigue emprunte à trois sources principales : l'épopée - Mahabharata et Ramayana -, les contes, l'histoire. Ici, ni comédie ni tragédie ; c'est l'émotion esthétique, l'émerveillement, qui prime. Ce théâtre se lit comme un poème. Quant à la règle des trois unités, elle n'a pas cours : l'action, multiple, se situe rarement dans un lieu unique, et certaines pièces se déroulent sur vingt années, ou plus. Quant aux représentations, elles peuvent durer plusieurs jours (et plusieurs nuits). Cette étrangeté a enflammé l'Occident. En 1789, William Jones donne la première traduction anglaise d'une pièce indienne, Sakuntala. L'engouement est immédiat. Goethe est envoûté par la jeune héroïne : 'Faut-il nommer les fleurs du printemps avec les fruits de l'automne, le charme qui enivre avec l'aliment qui rassasie, le ciel avec la terre ? C'est ton nom que je prononce, ô Sacontala, et ce seul mot dit tout.' C'est le début de la 'Renaissance orientale'. La vague d'enthousiasme ne retombera pas : de Schlegel à Apollinaire, en passant par Théophile Gautier, Gustave Flaubert ou Camille Claudel (dont la Sakuntala de 1888 inspirera un ballet à Marie-Claude Pietragalla en 2000), tous reconnaissent en Sakuntala l'héroïne romantique par excellence. Désormais, la découverte de l'Inde se confond avec celle de son théâtre, c'est-à-dire avec le genre que les Indiens considèrent comme la forme la plus achevée de leur littérature.
Présentation de l'éditeur

Le tapis rouge

Le tapis rouge
Sankaran Lavanya
Ed. Mercure de France

«Qui est-ce ?» Une voix indolente de femme vint du palier en haut de l'escalier tournant et Rangappa leva les yeux. Sidéré, il contempla l'apparition un bref instant et, gêné, fixa vite le sol du hall... Cette fille menue, pas plus âgée sûrement que sa soeur, était quasiment nue : elle n'avait rien d'autre sur elle qu'un maillot d'homme et un short qui laissaient voir une bonne partie de ses jambes, la totalité de ses bras et plus qu'un peu de sa poitrine... La voix ajouta : «Quelqu'un pour la place de chauffeur ? Je descends tout de suite.»

À Bangalore, la «Silicon Valley» de l'Inde, on assiste au quotidien à la rencontre entre une extrême modernité et les vieilles traditions. En minijupe, le nombril à l'air, les jeunes filles écoutent Eminem, boivent sec et gagnent vite et bien beaucoup d'argent, l'oeil rivé à leur ordinateur.

Les hommes, fascinés, perplexes, les observent, comme Rangappa, le pauvre chauffeur épouvanté par les tenues sexy de sa jolie patronne. Ou Ramu qui n'a d'yeux que pour la provocante Ashwini - mais laisse sa mère lui chercher une fiancée «comme il faut».

Chacune des huit nouvelles qui composent Le tapis rouge est un petit roman en soi, dont les personnages vont nous émouvoir et nous surprendre.
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Sables mouvants

Sables mouvants
Bedford Sybille
Ed. Christian Bourgois

Séduisant jeu de cache-cache entrecoupé de révélations, ces fragments autobiographiques suivent les méandres taquins de la mémoire. Sybille Bedford, Européenne de c?ur et de conviction, nous fait traverser le vingtième siècle avec son cortège de tragédies, rencontrer ses contemporains, ses amis, partager sa passion pour l'écriture et plus largement pour la vie tout simplement.
Née en Allemagne avant la guerre de 1914 d'un père aristocrate, francophile et original, l'auteur a été élevée par sa mère dans le culte de la littérature, mais n'a reçu aucune éducation traditionnelle. A la mort de son père, elle quitte l'Allemagne pour toujours et rejoint sa mère en Italie, puis en France d'où, à peine adolescente, « perroquet polyglotte », elle est expédiée en Angleterre et sommée de choisir une langue si, comme elle le prétend, elle veut devenir écrivain. Les antagonismes de ses parents, l'harmonie de la vie quotidienne chez Aldous Huxley à Sanary où les exilés allemands, Thomas Mann en tête, trouvent refuge, la descente de sa mère dans les enfers de la drogue, la vie de bohème: tout est raconté avec élégance, distance et humour. Sybille Bedford est morte à Londres le 17 février 2006.
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Chien d'hiver

Chien d'hiver
MacLeod Alistair
Ed. Olivier

Un mineur aux mains noires et calleuses enlace son petit-fils, maculant de charbon son costume d'enfant des villes. Un chien à la force surnaturelle sauve la vie de son maître en extirpant son traîneau d'un lac gelé. Un fils sacrifie sa passion pour la littérature afin de suivre son père sur le bateau de pêche familial. Un jeune homme, le matin de ses dix-huit ans, part en stop vers une existence qu'il pense meilleure, loin de ses parents et de leur quotidien rural.
Au fil des nouvelles qui composent ce volume, ?uvre de toute une vie, Alistair Macleod rend hommage à un peuple et à ses mythes, dans le style à la fois âpre et lyrique qui est sa marque de fabrique. Il sublime, comme pour les préserver, les paysages et les âmes du Cap-Breton. Mais à travers ces histoires bouleversantes, Chien d'hiverillustre aussi le dilemme des enfants d'exilés - partagés entre l'Amérique qui les a vus naître et l'Écosse perdue de leurs ancêtres - et pose une question universelle: comment grandir sans trahir?
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Muchacha punk

Muchacha punk
Enrique Fogwill Rodolfo
Ed. Passage du Nord-Ouest

On dit volontiers de l'Argentin Rodolfo E. Fogwill (Buenos Aires, 1941) qu'il est excentrique ou simplement fou, un peu comme ces hommes des Chants de matelots dans les pampas qui ont «tout quitté pour tout recommencer», déroutants et insaisissables dans leur mobilité perpétuelle. Escorté par les rumeurs d'une vie sulfureuse, c'est en 1979 qu'il fait ses premiers pas dans l'écriture, sorte de pampa littéraire où les grands aînés (Borges, Bioy Casares, Cortázar) avaient traqué la piste d'un réel incertain. Dynamiteur devant l'Éternel, proche de César Aira et d'Osvaldo Lamborghini, Fogwill creuse un sillon très personnel en affrontant la réalité de l'Argentine contemporaine. Dans sa besace, une riche variété d'armes explosives centrée sur les jeux de l'écriture, dont le présent recueil de nouvelles offre un éventail: il s'empare avec audace de monuments littéraires tels que L'Aleph ou Orlando et les réinterprète sur fond de drogue, de sexe et de corruption pour le premier, de conflits mondiaux pour le second; il embobine le lecteur dans Le Long Rire de toutes ces années, le fait participer à la construction d'un récit dans Muchacha Punk ou l'invite à revisiter les stéréotypes du polar ou du scénario politique dans Libération de femmes. Autant de manières d'amener le lecteur au coeur de la violence et de la barbarie, celles d'une Argentine taraudée par les guerres et les dictatures successives. Écrites entre 1979 et 2002, ces nouvelles portent la marque d'un passé qui ne s'oublie pas et déborde dans les marges du présent.
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Les hommes morts

Les hommes morts
Bärfuss Lukas
Ed. Mercure de France

Dans les souches calcinées je perçus le bruit du fleuve, le grondement sauvage de l'eau qui franchit la cataracte et fouille, tourne, roule, pour déterrer tous les monstres de l'enfer. Un déchaînement sublime ! Puissant, impitoyable ! Rien n'en réchapperait vivant !

David aussi perçut le déchaînement. S'il se sentait aussi vivant que moi ? Je n'en sais rien. Je sais seulement qu'il s'arrêta, se retourna. Que je l'approuvai d'un signe de tête. Il n'était plus qu'à la distance d'un jet de pierre, et bientôt plus qu'à celle d'un crachat, et finalement à la distance d'un bras, et quand nous atteignîmes la cluse, j'avais rejoint David.

Qu'arrive-t-il à David au bord du torrent bouillonnant ? Comment la course en montagne va-t-elle se terminer ? C'est de façon hypnotique qu'on lit ce roman où les épisodes s'enchaînent selon une chronologie stricte et un plan inéluctable. Où le narrateur semble traverser la vie comme absent au monde. Lukas Bärfuss pose aussi un regard aigu sur les paysages, sur les expériences sensorielles et entre en communion avec une nature silencieuse, dans la tradition du romantisme allemand.
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D'un monde qui n'est plus

D'un monde qui n'est plus
Joshua Singer Isra
Ed. Denoël

Notre foyer était triste, et c'est pourquoi tout petit déjà je préférais vivre dans la rue plutôt que chez moi.

Cette tristesse, c'était d'abord la Torah qui en était responsable : elle remplissait le moindre recoin de la maison et pesait lourdement sur l'humeur de tous. C'était plus une maison d'étude qu'un chez-soi : une maison de Dieu, plus qu'une maison d'hommes.

D'un monde qui n'est plus évoque avec tendresse et précision les souvenirs d'enfance d'Israël Joshua Singer.

Ces Mémoires nous emportent dans l'atmosphère pittoresque du shtetl de Lentshin, non loin de Varsovie, où s'est réfugiée - sous la houlette du père d'Israël Joshua Singer, le rabbin Pinhas Mendel - une communauté de Juifs paysans expulsés de leurs villages par la police russe. À travers le regard de l'enfant, on plonge dans un quotidien pétri de croyances et de rituels où le mauvais oeil attend au coin de la rue. On découvre les secrets de chacun, l'austérité de la vie au shtetl, mais aussi les déchirements identitaires et les discriminations qui bouleversent les communautés juives polonaises en ce début de XXe siècle.

D'un monde qui n'est plus, écrit par l'un des grands maîtres de la littérature yiddish, demeure, au-delà de sa valeur historique, un témoignage unique.
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Le Saut

Le Saut
Enquist Anna
Ed. Actes Sud

Alma vient de s'engager pour la vie aux côtés de Mahler, l'homme qui lui demande de ne plus composer pour se consacrer à lui. Dans un long monologue, Alma Mahler s'interroge sur cet attachement, cette attirance, ce renoncement. Sur ses sentiments maternels, le rôle de ses amants, sur l'autorité de Mahler mais aussi sur son propre narcissisme.

1912, dans un modeste bourg polonais, un artisan tailleur voit la femme qu'il aime le quitter. Totalement seul, perdu, et psychologiquement affaibli, il décide de partir, achète un aller simple à « l'homme de l'Amérique » et quitte la forêt pour rejoindre Varsovie. Mêlé à la foule des émigrants, le tailleur est méfiant et se concentre sur sa langue qu'il redoute d'oublier à jamais. Après Rotterdam, l'interminable traversée le rend fou et, quand enfin les côtes américaines apparaissent, l'homme est visiblement diminué. Les contrôles d'entrée sur le territoire commencent...

Mai 1940. Le bombardement de Rotterdam est annoncé, le jeune gardien du zoo est chargé d'abattre le vieux lion. Il ne peut s'y résoudre...

Une jeune fille est enfermée dans le mal-être. Minée par un perpétuel sentiment d'échec, elle vient enfin d'obtenir l'emploi qu'elle attendait. Heureuse, elle enfourche sa bicyclette. Au feu rouge, un camion sur sa gauche est arrêté, comme elle...

Ecrites sous forme de monologues, ces nouvelles composent avec le précédent recueil intitulé La Blessure, une véritable introduction à l'oeuvre romanesque d'Anna Enquist. Ses thèmes se déclinent ici dans une langue toujours plus épurée, mettant en scène de façon implacable l'ambivalence psychologique des individus et leur incapacité à prendre conscience de leur propre violence.
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Les quatre fugues de Manuel

Les quatre fugues de Manuel
Diaz Jesus
Ed. Gallimard

Mais qui est cet immigré clandestin dont on n'arrive à déceler ni l'origine ni la langue ? Qui se cache derrière son silence ? Quelle est l'histoire qu'il ne veut pas (ou ne peut pas) raconter ?

En deux cents pages inoubliables, Jesús Díaz met en scène l'incroyable destin de Manuel, le plus brillant des chercheurs cubains de l'Institut de physique des basses températures de l'URSS, et le seul qui refusa de rentrer à Cuba en 1991, au moment de l'effondrement du bloc soviétique. Pendant les douze mois vertigineux qui commencent avec le coup d'État contre Mikhaïl Gorbatchev et conduisent à l'interdiction du Parti communiste, il essaie d'échapper à la police de Castro en changeant de pays, de langue et d'identité, mais en restant toujours fidèle à ses rêves. C'est ainsi que son odyssée devient la métaphore d'un monde à la dérive où tout peut arriver : «L'Histoire est une erreur !» lui confie sa maîtresse, Ayinray, la communiste chilienne qui l'accueille dans son appartement moscovite ; «La liberté est proche !» lui annonce d'un air triomphal son ami Sacha, le nationaliste ukrainien ; «Je ne vois rien de bon dans l'avenir, Manuel, rien», lui dit son directeur de recherches, le vieux et sage Derkatchev. Et il ajoute aussitôt : «Il m'arrive de me demander si l'histoire de l'humanité a un sens.»

En réalité, elle n'en a ni plus ni moins que la vie d'un homme. Après maintes aventures et mésaventures plus rocambolesques les unes que les autres, le destin du jeune prodige devient celui d'un sans-papiers dans l'Europe de la fin du XXe siècle. Mais une surprise attend encore le lecteur dans les dernières pages et elle est de taille : ce roman d'apprentissage, cette histoire à multiples rebondissements, est aussi un chant d'espoir et un appel à la solidarité entre les hommes, peut-être le plus beau témoignage sur notre époque que nous ait laissé Jesús Díaz.
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Fantômes

Fantômes
Litt Toby
Ed. Panama

Agatha et Paddy décident de quitter Londres et d'acheter une maison sur la côte. Ils sont pleins d'espoir pour eux-mêmes, pour Max, leur enfant de deux ans, et pour le bébé qu'ils attendent. Trois mois plus tard, les travaux de rénovation sont terminés et ils emménagent enfin dans leur nouveau foyer. Mais tout semble avoir changé. Une tragédie menace d'anéantir ce qu'ils ont si soigneusement construit. Seul un petit miracle pourrait les sauver...

Fantômes est un livre envoûté et envoûtant qui dit la difficulté de faire le deuil de ce qui n'a pas vécu. Hanté, émouvant et rédempteur, ce roman nous entraîne au coeur de la souffrance et de l'amour...
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