Les récits d'Ilse Aichinger sont voués à l'exploration des possibles, à l'invention d'une réalité parallèle qui naît des pouvoirs magiques et périlleux du langage. Le temps peut y passer à l'envers. Un appartement peut descendre au sous-sol d'un immeuble sans que personne, sauf l'occupante des lieux, ne s'en étonne. Un personnage d'affiche publicitaire ou des figures peintes sur un éventail y vivent d'une vie insoupçonnée. Le «Jour» ou la «Langue» y sont des protagonistes à part entière. Tout ici, même les phénomènes naturels, obéit à des lois à chaque fois différentes auxquelles la narratrice demeure fidèle, à l'intérieur de chaque nouvelle, jusqu'à l'angoisse ou à l'absurde. C'est que, sous l'exubérance du jeu, perce l'inquiétude d'un écrivain qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale, a frôlé le pire, et qui a choisi de regarder le monde avec les yeux de l'enfance pour réaffirmer que le possible est plus fort que le réel. Le héros d'un de ces récits, héritier du «champion de jeûne» de Kafka, transforme en raison de vivre les liens qui lui ont été inexplicablement imposés. À son image, la conteuse affirme sa liberté au sein des contraintes du langage auquel elle refuse de faire confiance pour mieux montrer que le monde qui nous entoure dépend du crédit que nous lui accordons.
Présentation de l'éditeur
Au plus fort de la Deuxième Guerre mondiale, dans une ville qui ressemble à Vienne, Ellen, une petite fille d'une douzaine d'années, tente d'obtenir un visa pour rejoindre sa mère réfugiée aux États-Unis. Autour d'elle, pour survivre, un groupe d'enfants juifs, ses amis, opposent à leur sort tragique un espoir «plus fort que la mort». Un pied dans chaque monde (sa mère et sa grand-mère sont juives, mais son père ne l'est pas), Ellen tente de faire vivre cet espoir des deux côtés, accompagnant ses amis dans leurs jeux et leurs rêves. Vue par les yeux des enfants, la persécution nazie apparaît dans toute son insondable cruauté ; mais Ellen est aussi celle qui, inlassablement, interroge le monde qui l'entoure, et qui, en plein naufrage, réveille les adultes endormis avec ses questions insistantes, jusqu'aux dernières pages du livre où un «plus grand espoir» lui sera révélé. Son voyage halluciné dans l'hiver et la nuit apparaît alors comme une parabole sur la force des faibles et l'impuissance des forts.
Présentation de l'éditeur
Roman paillard et férocement satirique, Yesterdays raconte les aventures d'un jeune caribéen qui souhaite instaurer une mission hindoue au Canada, guidé moins par la ferveur religieuse que par le désir de se venger de la missionnaire blonde envoyée des années plus tôt dans son île pour évangéliser les païens. À cette intrigue s'ajoute le riche entrelacs des historiettes qui fondent l'histoire de l'île, dont on apprendra le détail au fil des commérages et des réminiscences de chacun. Dans la lignée de Rabelais et de Jarry, Yesterdays cache sous son propos scabreux et burlesque une dimension tragique et une résonance qui sont les marques des authentiques comédies.
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« Imaginez Le Chant de Hiawatha écrit par Nabokov et vous aurez une idée du feu d'artifice linguistique et de la grâce de la prose de ce livre extraordinaire. »
Edmund White
David Treuer s'est imposé avec Little et Comme un frère au premier rang des jeunes écrivains américains. À mi-chemin entre la quête métaphysique et la légende initiatique, il poursuit avec ce nouveau roman une oeuvre rare et ambitieuse.
Le Docteur Apelle, spécialiste en langues anciennes, s'est pour ainsi dire retiré du monde et se consacre à l'étude. Lorsqu'il découvre parmi les rayonnages d'une bibliothèque un vieux manuscrit qui bouleverse son existence : ce conte étrange, dont il entreprend la traduction, retrace le destin de deux jeunes Indiens au début du XIXe siècle. Et, pour la première fois de sa vie, cet homme prend conscience qu'il n'a jamais connu le véritable amour...
Tantôt enchanteur, tantôt mystérieux, Le manuscrit du Docteur Apelle nous plonge au coeur de deux histoires : l'une nous entraîne dans les profondeurs de la forêt mythologique, l'autre nous invite à parcourir les labyrinthes de la littérature. Et à nous interroger sur la seule chose qui puisse encore surprendre l'homme : ses sentiments.
« David Treuer célèbre l'amour, notre amour de l'autre, notre amour de la terre, notre amour des histoires, la façon dont nous donnons du sens à la vie. » The Los Angeles Times
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Envoûtante, foisonnante, Wando Passo est une oeuvre stupéfiante d'imagination et de profondeur, dont la magistrale construction croise deux époques reliées par un subtil jeu de correspondances. Amour, racisme, inceste, jalousie, vengeance, un roman puissant, imprégné de la sensualité tourmentée du vieux Sud, sur l'esclavage et la liberté.
Après une douloureuse séparation qui l'a laissé à la dérive, Ransom Hill, ex-gloire du rock, est de retour à Wando Passo, l'ancienne plantation familiale, pour une ultime tentative de réconciliation avec Claire, sa femme, qu'il n'a jamais cessé d'aimer.
Mais Claire a changé, elle est distante, rêveuse, et Ransom sent qu'elle s'éloigne inexorablement. Ses soupçons se portent sur Marcel, l'ancien batteur du groupe. Obsédé par un sentiment de trahison, saisi par l'inquiétante étrangeté qui règne sur Wando Passo, Ransom perd pied.
La découverte d'un chaudront brûlant rempli d'objets singuliers va le plonger dans l'histoire de Wando Passo : une histoire marquée par le scandale et la tragédie vécus par la famille DeLay à l'aube de la guerre de Sécession.
Cent quarante ans plus tard, l'histoire pourrait bien se répéter...
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L'histoire de ce livre remonte au début de l'année 1990, quand la maison d'édition du quotidien cairote Al-Ahram en proposa l'idée à Ragâ' al-Naqqâch, écrivain et critique littéraire bien connu dans le monde arabe. Il s'agissait de mener une série d'entretiens avec Naguib Mahfouz, avec le souci du détail et de la précision, de façon à obtenir le portrait le plus achevé possible du grand romancier qui allait alors avoir quatre-vingts ans.
Les deux hommes entreprirent le travail le 1er août de la même année. Ils se rencontraient le matin, vers huit heures, et leurs entretiens, qui se déroulaient dans un café, duraient trois heures, à raison de quatre séances par semaine. L'enregistrement prit fin en décembre 1991 mais le livre ne fut publié, après beaucoup d'hésitations, qu'en 1997. Entre-temps, Mahfouz s'était sans doute rendu compte, à la lecture du manuscrit, qu'il n'avait jamais auparavant exprimé avec autant de franchise son point de vue sur l'histoire contemporaine de son pays.
L'image de Mahfouz qui se dégage du livre est celle d'un fervent patriote égyptien, musulman sans complexes, libéral convaincu, attentif au mouvement des idées dans le monde mais d'abord préoccupé par la recherche de l'équilibre, nécessaire selon lui, entre tradition et modernité.
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De la fascination d'une convalescente pour le destin d'un petit champion de natation à l'erreur d'une romancière se présentant spontanément à son lecteur ; des écrits d'une enfant solitaire à l'inquiétude d'une mère pour un chien aux yeux tristes ; de l'empreinte délicate d'une aile de papillon à la réminiscence d'un sentiment perdu : ce livre est un véritable miroir de l'oeuvre de Yoko Ogawa.
Sept récits à lire en écho au recueil intitulé : Les Paupières (Actes Sud, 2007), sept révélations subtiles, comme autant de voiles à soulever pour atteindre les rivages de l'imaginaire.
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Une petite fille touchée par l'élégance d'un vieil homme le suit dans son île et devient son alliée face à l'hostilité du monde environnant. Dans la maison vit aussi un hamster. Le regard de ces petits animaux dépourvus de paupières ne se détourne jamais, ne s'efface jamais.
Une jeune Japonaise prend l'avion pour l'Europe. A ses côtés s'installe un homme d'une trentaine d'années, très vite il se met à parler puis s'endort. La jeune femme, incapable d'un tel abandon, l'interroge. Dans l'obscurité d'un vol de nuit, l'inconnu lui révèle alors l'existence des 'histoires à sommeil'.
Une jeune femme part en voyage pour tenter de fuir ses insomnies. En s'éloignant de son pays, de son amant et de ses habitudes, elle espère trouver suffisamment d'étrangeté pour, le soir venu, s'endormir tranquillement.
Dormir, s'endormir, s'éloigner du monde pour retrouver le chemin de l'inconscient, très simplement. Tel est le propos de ce recueil de nouvelles à lire, en écho à La Bénédiction inattendue (Actes Sud, 2007), comme une très belle introduction à l'oeuvre de Yoko Ogawa, aujourd'hui mondialement reconnue.
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Le 24 juillet 1889, on retrouve morts dans la campagne danoise une jeune femme et un homme plus âgé qu'elle. Ils se sont suicidés.
Elle s'appelle Hedvig Jensen mais le public la connaît comme célèbre danseuse sur corde sous le pseudonyme d'Elvira Madigan.
Lui, c'est Sixten Sparre, lieutenant des dragons, marié, père de famille, recherché comme déserteur.
Elle avait vingt et un ans et lui trente-cinq. La compassion populaire fera le reste : on écrit des chansons, on pleure sur leur sort. La tombe d'Elvira et de Sixten devient un lieu de pèlerinage.
En 1967, Bo Widerberg tournera à partir de leur histoire un de ses plus beaux films en utilisant comme musique un concerto de Mozart, le numéro 21 en do majeur, désormais appelé 'concerto Elvira Madigan' par tous les musiciens du monde.
Célébration poétique et récit détaillé en même temps, hymne à l'amour et à la toute-puissance de la mort, observation de l'intimité d'un couple éperdu d'amour mais condamné, La Triste Histoire d'Elvira Madigan et du lieutenant Sixten Sparre de Paardekooper nous fait vivre le quotidien des amants depuis leur arrivée à Svendborg jusqu'à leur suicide sur l'île voisine de Tåsinge. C'est la descente aux enfers d'un amour à tel point sublimé qu'aucun retour à la réalité n'est possible : ils ont laissé derrière eux famille et statut social pour vivre leur relation, sans se préoccuper d'économies qui fatalement s'épuisent. Promenades sur la plage, chambres d'hôtel où les ramène l'intensité de leur désir, ciels qui changent en bord de mer... le décor est romantique mais seul le temps compte.
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'A moi pour toujours' : tel est le billet anonyme que trouve Sherry Seymour dans son casier de professeur à l'université un jour de Saint-Valentin. Elle est d'abord flattée par un message qui tombe à point nommé dans sa vie routinière : son couple fatigué, son père malade et son fils unique de plus en plus distant. Mais cet admirateur secret obsède Sherry. Une situation d'autant plus troublante qu'elle est alimentée par le double jeu de son mari. Sherry perd vite le contrôle de sa vie faussement équilibrée. La tension monte jusqu'à l'irréparable.
Laura Kasischke déploie tout son talent pour peindre une réalité américaine dans laquelle tout, y compris le désir, semble bien ordonné. Une réalité où quatre mots suffisent cependant à ébranler de manière irréversible la vie des personnages.
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