Renverse du souffle

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Celan Paul
Ed. Seuil/La librairie du XXIe siècle

La maison des feuilles

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Z.Danielewski Mark
Ed. Denoël

Imaginez un livre écrit par, disons, Vladimir Nabokov dans ses périodes les plus espiègles

et revu par Stephen King dans ses humeurs les plus cérébrales, mis en page par les graphistes les plus déjantés et publié par les éditeurs les plus audacieux. Le résultat pourrait bien être quelque chose comme La maison des feuilles.
Le premier roman de Mark Z. Danielewski (il a mis douze ans à l'écrire) n'a, à vrai dire, pas grand chose en commun avec tout objet littéraire identifié.
Au départ : la découverte d'un pseudo-académique manuscrit, le Navidson Record, écrit par un aveugle nommé Zampano, à propos d'un film documentaire inexistant ? qui lui-même parle d'un journaliste qui découvre une maison aux pouvoirs surnaturels (ses dimensions intérieures par exemple sont plus grandes que ses dimensions extérieures). À cet échafaudage de narrateurs-en poupée russe, Danielewski ajoute poèmes, nomenclatures scientifiques, collages, Polaroïds, appendices de fausses correspondances et « notes diverses », et un impressionnant index. On tourne et retourne le livre pour suivre les phrases placées n'importe comment ( ? ) sur les pages ? en haut, en bas, à l'envers, en diagonale -, les parenthèses sans contenus, les passages barrés, encadrés, bleutés, etc? Mais quoi ???
Si l'on en croit Johnny Errand, le jeune homme qui découvre le travail de Zampano, une fois que vous aurez lu le Navidson Record, « vous ne serez plus la personne que vous aviez cru être auparavant. Vous percevrez de lentes et subtiles modifications tout autour de vous, en particulier, d'importants changements en vous. Pire, vous vous apercevrez que les choses ont toujours changé, dans une espèce de miroitement, de vaste miroitement, mais sombre comme une pièce. Et vous ne comprendrez pas pourquoi ni comment. Vous aurez oublié ce qui vous a mis la puce à l'oreille. »
Ici, rien n'est fait pour rassurer le lecteur?

Dispersés par le vent

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Flanagan Richard
Ed. Flammarion

Tasmanie, 1954 : une femme quitte dans la nuit le campement de Butlers Gorge, abandonnant son mari et sa fille de trois ans.

Elle les aime, mais elle ne reviendra jamais. Trente-cinq ans plus tard Sonja, sa fille, retourne sur les lieux faire la paix avec son passé. Il lui faut retrouver son père qui l'a élevée seul, durement partagé entre culpabilité et amertume, mais aussi remonter le passé de ce couple déraciné, qui a dû fuir dans le désespoir les barbaries d'Europe centrale.
Richard Flanagan nous convie ici à une douloureuse et splendide histoire d'amour filial. À la fois conte sur les origines, quête identitaire d'un peuple d'immigrants victimes de l'Histoire, roman de guerre et de rédemption, c'est aussi un livre d'une poésie très particulière, obsédante et tenace, comme son beau titre : « The Sound of One Hand Clapping »

Les corrections

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Franzen Jonathan
Ed. L'Olivier

Il se peut bien que Jonathan Franzen ait réussi un coup de maître : son roman est aussi brillant

que ceux des intellectuels « postmodernes » qu'il admire tant mais infiniment plus accessible. Comme Don DeLillo ou William Gaddis, il éblouit le lecteur de riffs incisifs sur la vie contemporaine, mais plutôt que de livrer sa vision du monde au travers de feux d'artifice rhétoriques un peu froids ou d'intrigues byzantines, il l'intègre à la vie de caractères à l'humanité touchante.
Une telle simplicité pourrait paraître suspecte, mais c'est justement là la grande idée?
Jonathan Franzen donne un nom à l'Amérique : la famille Lambert. Pour un continent entier en train de sombrer dans la folie, il nous offre de vrais personnages que nous pourrons rappeler et citer en exemple.
Le père, Alfred, ingénieur retraité de la Midland Pacific Railroad, glisse doucement vers la démence, alors qu'une de ses propres inventions inspire un géant pharmaceutique dans un développement révolutionnaire du traitement de sa maladie. Sa femme, Enid, dévouée jusqu'à l'obstination, s'enfonce dans le déni, tout comme leurs enfants, chacun à sa façon. Chip, qui a ruiné sa « sinécure » académique en séduisant une étudiante voit sa nouvelle carrière de scénariste s'effilocher. Denise, trente-deux ans, officie comme chef de cuisine dans un nouveau restaurant de luxe de Philadelphie et sa vie sentimentale semble perpétuellement tremper dans l'eau bouillante. Gary, l'aîné, est un banquier installé, « strictement matérialiste » qui se demande si son étouffant mariage n'est pas en train de le rendre complètement fou.
Chacun de ses personnages nous habite tour à tour, jusqu'à leur réunion, obsessionnellement orchestrée par la mère, pour un Noël familial qui se déroulera dans les larmes.
S'étirant depuis le Midwest des années 50 au Wall Street et à l'Europe de l'Est d'aujourd'hui, Les corrections entraîne le monde discret des vertus civiques et des inhibitions sexuelles dans une collision violente avec l'ère de la surveillance domestique, des démissions parentales, des remèdes chimiques instantanés et de la cupidité mondialisée.
Drôle et corrosif à la fois, captivant, puissant, lyrique et profondément émouvant, Les corrections est une performance constante d'une intelligence humaine absolument éclectique et totalement compassionnelle.

La Divine Comédie

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Alighieri Dante
Ed. La Différence

David Zimmer a perdu sa femme et ses fils dans un accident d'avion.

Au bord de la dépression, anéanti devant la télévision, son attention est soudain retenue par un acteur du cinéma muet, un certain Hector Mann, disparu depuis 1929. Pour la première fois depuis des mois, David est sous le charme ; ce virtuose du septième art parvient à le faire rire, et, pour ce petit miracle, David décide de se lancer dans la filmographie du personnage. Le livre publié, il s'invente une autre raison de vivre et entreprend la traduction des Mémoires d'outre-tombe. Un soir, une inconnue débarque chez lui et, sous la menace, lui impose un très long voyage. Elle a pour mission de l'amener le plus vite possible au chevet d'Hector Mann qui, mourrant, l'appelle pour lui léguer un étrange héritage. Malgré l'improbabilité de l'histoire, David se laisse entraîner?
Avec Le Livre des illusions, Paul Auster fait un brillant retour romanesque. Dès les premières pages, le lecteur est littéralement emporté par le torrent narratif. Au-delà de l'extraordinaire et mystérieuse histoire d'Hector Mann, l'auteur nous entraîne au c?ur des destins qui s'entrecroisent dans un monde à la hauteur de son incomparable imaginaire. Le livre des illusions ne pourrait s'appeler autrement : cinéma, suspense, enquêtes, meurtres et histoires d'amour, tout est là, magistralement orchestré, pour finalement disparaître dans un nuage de fumée?

Ecrits érotiques

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Ovide
Ed. Actes Sud/Thésaurus

Expérience

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Amis Martin
Ed. Gallimard

Un parapluie pour ce jour-là

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Genazino Wilhelm
Ed. Christian Bourgois

« Avant, je supposais que les êtres humains se regardaient parce qu'ils avaient toujours peur d'apprendre de mauvaises nouvelles.

Puis je croyais qu'en se regardant, ils cherchaient des mots pour comprendre l'étrangeté de la vie. Car, dans les regards des gens, cette étrangeté volette sans cesse de-ci de-là, sans jamais se laisser regarder, toutefois. Aujourd'hui, je ne pense plus guère, je regarde seulement autour de moi. Comme on peut le constater, ce faisant, je me suis mis à mentir. Car il est impossible de se promener dans les rues sans penser. »
Si un livre mérite qu'on dise de lui qu'il a de la grâce, c'est bien celui-ci. Genazino et son protagoniste sont de merveilleux équilibristes qui, tout au long du livre, se maintiennent en l'air comme par miracle.
L'homme qui est au centre du roman exerce l'étrange profession d'essayer des souliers faits main pour le compte d'un fabriquant de chaussures de luxe. Après les avoir portées un certain temps, il rédige un rapport sur leurs qualités et leurs insuffisances . Ce qui lui convient bien puisque, « pour des raisons de fuite », il marche beaucoup.
Ainsi, en flânant à travers la ville, il observe les détails de la vie quotidienne qui le renvoient à des questions d'ordre général et parfois métaphysique? Par jeu, lors d'une conversation, il invente un institut pour
« l'art du souvenir et de l'expérience essentielle » dont la vocation fantôme est d' « accueillir des gens qui ont l'impression que leur vie n'est rien d'autre qu'une longue journée de pluie et que leur corps n'est autre chose que le parapluie pour cette journée-là. »

L'empire du mûrier

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Hensher Philip
Ed. Lattès

Au printemps de l'année 1839, la puissante armée de l'empire britannique entre en grande pompe en Afghanistan.

Trois ans plus tard, il ne restera qu'un seul survivant de l'impressionnant contingent de quatre mille soldats et des douze mille personnes qui composaient sa suite.
Le célèbre explorateur Alexander Burnes, partagé entre Londres, Kaboul et les Indes, se retrouve ainsi mêlé au Grand Jeu que se livrent l'Angleterre et la Russie et dont l'Afghanistan est le théâtre? L'aventure se soldera dans un bain de sang.
Un roman au souffle épique dans la pure tradition anglaise où la richesse du style le dispute à l'art du conteur.

Un vrai crime pour livre d'enfant

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Hooper Chloe
Ed. Christian Bourgois

En Tasmanie, à la Pointe du Cygne noir, un coin bien tranquille où personne ne ferme sa porte à clef,

les adultères vont bon train? et finissent parfois dans le sang.
Sous les apparences d'une classique histoire d'adultère et de vengeance, ce premier roman distille des richesses inestimables. La jeune Chloe Hooper réussit en effet le tour de force de combiner roman policier, roman d'apprentissage, roman historique et conte (cruel) pour enfants. Sans oublier une réflexion sur la mécanique de l'écriture elle-même, par le biais de multiples récits enchâssés. Le vertige naît de ce que toutes ces pièces s'emboîtent de façon presque trop parfaite. Avec son élégance raffinée, ses images qui font mouche, son sens rare du réalisme magique, Chloé Hooper est une styliste hors pair. Le mystère, la perversité, l'érotisme, la sourde violence s'épaississent à chaque page mais sont toujours ponctués d'un humour caustique qui évoque les meilleurs romanciers de l'école anglo-américaine.

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