Philosophies du secret. Etudes sur la gnose et la mystique chrétiennes (XVIe-XIXe siècle)

Philosophies du secret. Etudes sur la gnose et la mystique chrétiennes (XVIe-XIXe siècle)<br />
Marquet Jean-François
Ed. Verticales
Date de publication : 01/01/2007

Sous la surface ordonnée de la philosophie et de la théologie classiques court depuis la Renaissance une parole plus secrète, mythique, mystique, qui est comme leur inconscient le plus souvent refoulé, mais revenant parfois éclater en pleine lumière. Souvent ce discours s'origine dans un regard sur le mystère le plus central du christianisme, qui est celui d'une structure - la structure du noeud trinitaire. Dans ce soubassement gnostique se mêlent inextricablement les ruines d'une prisca theologia, d'un antique savoir absolu supposé aboli dans un désastre obscur, et les promesses d'une apocalypse parfois envisagée comme celle de la raison même. L'hermétisme dévot d'un Ficin ou d'un Pic, la quête paracelsienne de la signature des choses, les grandes synthèses baroques d'un Boehme ou d'un Fludd, l'alchimie intérieure des quiétistes, l'exégèse visionnaire de Swedenborg, la hiéro-histoire de Postel ou de Ballanche - autant d'aspects dans le parcours de ce fleuve profond qui, après 1850, va peu à peu s'abîmer dans l'océan d'un syncrétisme orientalisant. Entre la philosophie diurne et son ombre ou son underground ésotérique, il y a du reste un échange constant qui n'est pas sans rappeler la dialectique du moi et du ça : tantôt des matériaux mythiques ou théosophiques sont élevés à l'élaboration secondaire du concept, tantôt au contraire des notions philosophiques sont restituées au processus primaire (« condensation et transfert ») de l'imagination productrice. C'est ainsi que la physique de Descartes emprunte à Fludd (connu au moins à travers Mersenne et Gassendi), que Henry More « kabbalise » Descartes avant d'être lui-même retraduit par Leibniz en langage profane, que Swedenborg fascine Kant jusqu'au malaise et inspire discrètement Fichte, ou que Hegel et Schelling transposent en philosophèmes les mythèmes boehmistes. Maintenant que ces deux mouvements semblent bien avoir atteint leur point mort, il devient possible de dresser leur bilan et de pointer ainsi le moteur secret de l'histoire de la pensée occidentale. C'est la voie où s'engage le présent ouvrage, à travers l'étude de quelques oeuvres singulières issues de cette « part maudite » de la pensée.
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