Politiques de l'individualisme entre sociologie et philosophie politique

Politiques de l'individualisme entre sociologie et philosophie politique
Collectif
Ed. Textuel/La discorde

Exigence de justice sociale et aspirations de l'individualité sont-elles compatibles? C'est cette question de philosophie politique que développent ici trois sociologues, loin des propos catastrophistes concernant l'individualisme contemporain. Mais chacun le fait avec des orientations propres. Jacques lon se centre sur les engagements militants. François de Singly dessine un «socialisme individualiste» plus réformiste.

Et Philippe Corcuff une «social-démocratie libertaire» plus radicale. Ces synthèses font apparaître les avancées émancipatrices comme les difficultés générées par l'individualisme contemporain. De la consolidation de l'autonomie individuelle et de la place de l'intimité au mal-être identitaire. Ils en tirent alors des conséquences pour la réinvention, contre le néolibéralisme économique, d'une politique émancipatrice pour le XXIe siècle.
Présentation de l'éditeur

Corps spirituel et terre céleste : de l'Iran mazdéen à l'Iran shî'ite

Corps spirituel et terre céleste : de l'Iran mazdéen à l'Iran shî'ite
Corbin Henry
Ed. Buchet Chastel

Rédigé entre 1953 et 1960, le présent essai montre qu'on ne peut réduire Corbin à un simple historien de la philosophie. Si les Macrobe de l'Antiquité tardive et les Pléthon de l'époque byzantine ont ponctué son oeuvre, ce fut pour aider à réactualiser le néoplatonisme au coeur de nos débats. Devenu orientaliste, Corbin dérangea plus qu'un antimoderne. Comme Sartre, il n'en appela ni à la Vérité ni à l'Absolu, et se saisit d'un discours particulier; mais ce discours, c'est en Iran qu'il est allé le chercher. Son livre prête en effet au néoplatonisme de ce pays une mission spirituelle faisant résonner le passé préislamique (l'Iran mazdéen) dans la gnose de l'École d'Ispahan (l'Iran shî'ite). Quand le paganisme se voit concilié avec le monothéisme, un tel dépassement permet, plutôt que brandir le concret contre l'abstrait, de s'ouvrir enfin au vrai. Loin d'être une métaphore, le vrai recouvre, pour Corbin, un événement à prendre à sa source. Là où l'on opposa à l'existentialisme un vain réenchantement du monde, la dialectique de ce livre, plus radicale et réaliste, invite à s'engager dans le monde imaginal. Le lecteur en découvrira une charte vive d'actualité.
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La tragédie d'Athènes. La politique entre l'ombre et l'utopie

La tragédie d'Athènes. La politique entre l'ombre et l'utopie
Loraux Nicole
Ed. Seuil/Librairie du XXIe siècle

Dans ce livre posthume, dont Nicole Loraux avait prévu la publication, la grande historienne s'interroge sur les représentations que la cité grecque veut donner d'elle-même. En particulier, elle analyse les discours liés à la dérangeante question de la guerre civile, la stásis.

Soulignant l'importance d'un bon usage de la psychanalyse en histoire, Nicole Loraux fait le voeu que les historiens, « mûris par l'expérience du temps le plus immédiatement présent, confrontés à l'évident échec des grilles explicatives unidimensionnelles face aux guerres civiles partout rallumées, enfin convaincus de l'urgence nécessité de faire dans l'histoire la part de l'affect, acceptent de travailler simultanément sur deux registres.

Que, sans renoncer à s'attacher aux coulisses de l'action, ils sachent écouter le discours des acteurs sur la scène. Pari difficile, à coup sûr... ».
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L'envers du visible. Essai sur l'ombre

L'envers du visible. Essai sur l'ombre
Milner Max
Ed. Seuil

Que devient le regard quand la lumière s'absente ? Que voit-on dans l'ombre ? Que voit-on de l'ombre ? Dans quelle mesure l'ombre affecte-t-elle la visibilité du monde et son intelligibilité ?

Puisant aux sources de la philosophie, de la mystique, de l'histoire de l'art, de la littérature et du cinéma, Max Milner explore les rapports complexes du clair et de l'obscur. De Platon à Diderot, du Caravage à Goya, de Virgile à Blanchot..., autant d'arrêts sur image propices à une réflexion sur la fascination qu'exerce l'ombre, autant d'incitations à faire contrepoids à la « surexposition » d'un monde où règne, souvent aux dépens de la vérité et de la profondeur, une tyrannie du visible. Rendre à l'image sa part d'ombre, scruter les voies qui conduisent de l'obscur à l'illimité et au transcendant, explorer les envers d'une réalité dont la face lumineuse ne contient pas tous les secrets, tel a été le but des penseurs et des artistes dont il est question dans ce livre.
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La femme dérobée. De l'inutilité du vêtement

La femme dérobée. De l'inutilité du vêtement
Rezvani Serge
Ed. Actes Sud

C'est peut-être en inventant cet artefact inutile - le vêtement - que l'homme préhistorique a accédé à son humanité véritable. En effet, l'homme-bête était velu, et pour lui le vêtement ne répondait à nulle nécessité physiologique. C'est même par l'usage de ce second épiderme (protecteur, décoratif, ritualisé) qu'à la longue il est devenu ce 'singe glabre' toujours plus préoccupé de s'éloigner de l'animal qu'il se sait être, dont les fonctions excrétoires et les pulsions sexuelles n'ont de cesse de le rapprocher. Rapidement - aux alentours du Mésolithique -, l'homme découvre l'appropriation et le travail des peaux. Le vêtement prend forme et se fera, de millénaire en millénaire, de siècle en siècle, de décennie en décennie, puis de mode en mode, toujours plus complexe, raffiné ou imaginatif. C'est qu'il s'agit avant tout de jouer - essentiellement sur le corps féminin - avec ce qu'il y a lieu (selon les époques de liberté ou de régression des moeurs) de nier ou mettre en évidence, de désigner en le masquant, de souligner en le dérobant au regard - c'est-à-dire en le distinguant par une présence juste suggérée. Rezvani s'amuse ici à raconter - et à dessiner - ces multiples avatars du costume féminin, et la surprenante évolution des normes et des règles, de l'aube de l'humanité jusqu'à nos jours. Tantôt voilée, dévoilée, dépoitraillée, corsetée, baleinée, androgynisée, la femme serait donc réifiée par cette étrange variation des fantasmes qui aliène son corps en prétendant le magnifier - à moins qu'elle ne manipule consciemment les pouvoirs que lui confèrent toutes les attentes de la séduction ? En vérité, qui se joue de qui ? Telle est l'énigme que nous invite à considérer ce bref et brillant traité d'anthropologie du vêtement.
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Chroniques des temps consensuels

Chroniques des temps consensuels
Rancière Jacques
Ed. Seuil/Librairie du XXIe siècle

Le consensus ne signifie pas la pacification des esprits et des corps. Nouveau racisme et épurations ethniques, guerres humanitaires et guerre à la terreur sont au coeur des temps consensuels ; les fictions cinématographiques de la guerre totale et du mal radical ou les polémiques intellectuelles sur l'interprétation du génocide nazi figurent aussi en bonne place dans ce livre. Le consensus n'est pas la paix. Il est une carte des opérations de guerre, une topographie du visible, du pensable et du possible où loger guerre et paix.
Il est aussi un usage du temps qui lui confie mille tours : diagnostic incessant du présent et politiques de l'amnésie, adieux au passé, commémorations, devoir de mémoire, explications des raisons pour lesquelles le passé refuse de passer, répudiation des avenirs qui prétendaient chanter, exaltation du siècle nouveau et des utopies nouvelles.
Ces tours et détours vont vers un même but : montrer qu'il n'y a qu'une seule réalité à laquelle nous sommes tenus de consentir. Ce qui s'oppose à cette entreprise a un nom simple. Cela s'appelle la politique. Ces chroniques voudraient contribuer à rouvrir l'espace qui la rend pensable.
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L'invention dans les techniques. Cours et conférences

L'invention dans les techniques. Cours et conférences
Simondon Gilbert
Ed. Seuil/Traces écrites

La pensée de Simondon, dont Canguilhem ou Deleuze reconnurent l'importance voire l'influence, suscite depuis quelques années un regain d'intérêt. Le célèbre Cours de 1968, L'Invention et le Développement des techniques, que nous publions ici, ainsi que d'autres qui le complètent, enrichit considérablement par des illustrations et des perspectives historiques larges les analyses de l'ouvrage de 1958, Du mode d'existence des objets techniques. Il étudie l'objet technique à la fois du point de vue de sa structure et de sa fonction et du point de vue de sa genèse et de son invention. Il est possible ainsi de situer la technique par rapport au
développement et à l'histoire de l'humanité et, en même temps, de faire apparaître son autonomie de principe par rapport à ses causes socio-économiques ' extrinsèques ', voire son indépendance, à certaines époques, à l'égard de la science : ce n'est pas une simple application de la science. C'est l'invention qui assure l'autonomie de l'objet technique : ' Les réalisations techniques apparaissent par invention ' (1971). Cet énoncé est à prendre comme une thèse forte, qui exige notamment que l'on ne confonde pas l'invention avec la créativité ni la découverte, et qu'on l'étudie comme une résolution de problème. L'étude de cette 'fonction du nouveau' est décisive pour comprendre le développement et l'histoire des techniques.
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Deleuze et la psychanalyse

Deleuze et la psychanalyse
David-Ménard Monique
Ed. PUF

Gilles Deleuze et Félix Guattari ont connu une célébrité éclatante après la publication de leur ouvrage, L'Anti-Oedipe. Capitalisme et schizophrénie I (1972). Ce livre marqua pourtant le début d'un long malentendu : les philosophes deleuziens considérèrent cette polémique avec la psychanalyse comme la fin de la relation des deux auteurs avec la pratique freudienne, dans l'abord de la folie comme dans la politique. En France, notamment, choqués par l'attaque virulente de la psychanalyse qui dénonçait sa collusion avec des forces réactionnaires, les psychanalystes cessèrent de lire Deleuze.
En fait, Deleuze travaillait avec et contre Freud depuis longtemps... En 1967, déjà, sa Présentation de Sacher Masoch interrogeait avec génie la théorie et la pratique de la psychanalyse : le masochiste sait que l'important, dans le désir, ce n'est pas l'objet qui satisferait les pulsions mais le dispositif que le désir invente, et c'est par là que les agencements de concepts peuvent se former à la manière des agencements de désirs. La philosophie de l'immanence vaut donc aussi bien pour les machines que construisent nos existences que pour les problèmes que dessinent nos pensées. Ce qui suppose une continuité entre psychanalyse et la philosophie.
Il est temps que les psychanalystes lisent ou relisent Deleuze et que les philosophes se détournent moins de l'une des sources de son oeuvre. Ce livre les y invite.
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Sur le commerce des pensées

Sur le commerce des pensées
Jean-Luc Nancy & Jean Le Gac (ill.)
Ed. Galilée

La première version de ces pages a été écrite en 2004 sur la suggestion de la librairie Quai des brumes de Strasbourg, qui, pour son vingtième anniversaire, désirait offrir un livre à ses habitués. Le texte, alors intitulé 'Du livre et de la librairie', fut publié par les soins de la librairie et des éditions La Fosse aux ours.
Pour cette nouvelle version, parmi les dessins que Jean La Gac a réalisés dans l'esprit du livre illustré - au sens où l'illustration ne commente ni ne visualise le texte, mais ajoute à sa saveur, à son parfum et à son grain -, il a utilisé des croquis faits à l'occasion d'une signature à la librairie Le Passage, à Alençon.
Ainsi, d'abord dédié, au gré de la chance, tant à l'amitié du Quai des brumes qu'à l'accueil du Passage, cet essai désireux d'honorer le commerce des livres doit sa nouvelle version au souhait des éditions Galilée de saluer tous ceux, libraires, éditeurs, imprimeurs, graphistes, correcteurs, qui rendent possible le commerce de la lecture, c'est-à-dire le partage d'une réécriture amoureuse et ininterrompue de l'énigme.
Ouverture, extraite de Sur le commerce des pensées

Nietzsche et le temps des nihilismes

Nietzsche et le temps des nihilismes
Mattéi (dir.) Jean-François
Ed. PUF/Thémis

'Le nihilisme est devant la porte : d'où nous vient ce plus inquiétant de tous les hôtes ?', demande Nietzsche dans un fragment posthume. L'hôte est ici celui qui vient chez nous et non celui qui octroie l'hospitalité. Le nihilisme est donc cette figure étrange qui vient nous saisir dans notre maison et faire de nous, en dépit de notre résistance, des nihilistes. Mais alors, si 'la catastrophe nihiliste' dont parle Nietzsche s'abat sur nous et nous pétrifie sur notre propre seuil, comment devons-nous entendre la dénonciation nietzschéenne du nihilisme et sa tentative héroïque de le surmonter ?
Les auteurs réunis dans ce volume tentent d'éclairer le sens de la direction à prendre en ces temps obscurs où, toujours selon Nietzsche, nous ne savons plus où aller où venir parce que nous avons perdu le sens de la terre. Le nihilisme est peut-être la seule lumière qui permet d'éclairer le caractère équivoque du monde moderne. Mais c'est une lumière noire.
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