Sur cette terre, à nous prêtée... Les chants de Nezahualcoyotl, roi de Texcoco

Sur cette terre, à nous prêtée... Les chants de Nezahualcoyotl, roi de Texcoco
Ed. Arfuyen
Date de publication : 01/01/2010

«Ô Princes, sachez-le bien, / Sachez-le, Aigles et Jaguars, / Le jade et même l'or / Aussi là-bas s'en iront, / Là-bas, où-sont-les-Décharnés... / Nous partirons, peu à peu nous disparaîtrons, / Il ne restera rien...» Les Chants de Nezahualcoyotl expriment la tristesse de tout un peuple, d'une civilisation splendide à son apogée qui se sent condamnée à disparaître. «À peine cinquante ans après que ces chants furent prononcés, note J. M. G. Le Clézio, tandis que les musiciens frappaient sur leurs tambours et soufflaient dans leurs buccins, et que les danseurs emplumés tournaient dans la cour du palais, la mort et la destruction sont venues de l'autre côté du monde.»

On pourrait faire un parallèle entre les Psaumes du roi David et ces Chants du roi Nezahualcoyotl, poèmes de plainte et de désolation. L'un et l'autre voient leur fils périr d'une mort cruelle. Et tous deux élèvent leur plainte vers Dieu : YHWH - le dieu un qui protège et sauve - ou «Celui-par-qui-vivent-toutes-choses», «le-Dieu-de-l'immédiat-voisinage», le dieu inconnu à qui Nezahualcoyotl fait ériger un temple. «Ainsi les choses nous sont-elles confiées, / Ici, Ô mes amis, / Seulement ici, dans ce monde. // Demain, après-demain, / Comme le veut le coeur / De Celui par-qui-vivent-toutes-choses, / Nous irons dans sa maison, / Ô mes amis.»

Après avoir écouté un Chant de Nezahualcoyotl, le philosophe Ludwig Wittgenstein confiait à l'un de ses proches : «Voilà pourquoi tout cela est remarquable, c'est ce à quoi Platon rêvait - qu'un philosophe fût roi. Il me semble que dans toute culture on trouve un épisode intitulé Sagesse. Après on peut s'attendre à ce qui suit : Vanité des vanités, tout est vanité.»

 

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