Rêveries italiennes

Rêveries italiennes
Dominique Fernandez et Joël Laiter
Ed. Imprimerie nationale
Date de publication : 01/10/2012

Telle est la nature du « livre d'art » : essentiellement didactique et pédagogique. Rien de tel avec l'ouvrage de Joël Laiter, dont le titre indique bien le caractère intimiste, ludique, poétique, franc-tireur : Rêveries italiennes. Le photographe ne se soucie pas de faire le magister, il ne pense aucunement à notre instruction. Nous faire rêver, oui, élargir notre espace intérieur, éveiller en nous des résonances inconnues, nous troubler, nous inquiéter, voilà le principe et l'ambition de son entreprise. [...] Parmi ces images, il y a souvent, bien entendu, des « oeuvres d'art », des statues, des morceaux de fresque, des bouts de corniche, des coupoles d'église, mais ces « oeuvres d'art » ne sont pas vues ni aimées en tant que telles, elles ne sont vues et aimées que parce qu'elles constituent des éléments de décor dans la vie italienne de tous les jours. Elles ne « valent » pas plus à ses yeux qu'un rayon de lumière sur un mur ou une pénombre de sacristie. Elles n'occupent pas dans sa hiérarchie personnelle un degré plus haut qu'un banc abandonné dans un jardin, une entrée de château armoriée, un rideau qui bat contre une fenêtre. [...] Les « oeuvres d'art » cataloguées comme telles sont si nombreuses en Italie, si célèbres, qu'on a tendance à oublier que tout y relève (y relevait) d'un goût unique pour la beauté : non seulement les tableaux et les statues qu'on trouve à foison dans les musées, dans les églises, dans les palais, mais ce qui s'offre aux yeux de qui sait regarder en dehors des lieux spécialisés où la beauté se concentre.

Nous savions, certes, que tout est beau et harmonieux de l'autre côté des Alpes, mais nous ignorions que la brillante scénographie qui est à l'oeuvre dans chaque église, dans chaque palais, dans chaque élément du décor de la vie quotidienne, abrite avec autant d'élégance ces valeurs de recueillement, de silence, de secret.

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