Cordoue : la grande mosquée et l'Espagne mozarabe alerte

Cordoue : la grande mosquée et l'Espagne mozarabe alerte
Stierlin Henri
Ed. Imprimerie nationale
Date de publication : 01/10/2012

Si l'on mesure à 1'aune de l'architecture la production des édifices religieux en Espagne, dans les Asturies et dans le califat omeyyade, on saisit la disparité qui existe entre le David mozarabe et le Goliath arabe. Au regard des minuscules chapelles et des espaces cloisonnés des églises du Nord de la péninsule, l'immensité de la salle de prière de Cordoue ne laisse pas augurer du succès de la Reconquista ni de la victoire des rois catholiques, un demi-millénaire plus tard. Un jour pourtant, à Grenade, l'énormité du palais de Charles Quint tentera d'éclipser les fines dentelles de stuc de l'Alhambra. La donne aura changé. De même, la relative faiblesse des effectifs des envahisseurs arabes en Espagne est à mettre en parallèle avec la masse des populations autochtones hispano-romaines. Néanmoins, ce sont celles-ci qui ont subi la dynamique d'un peuple lancé à la conquête du inonde ancien et dont l'unique bagage résidait dans le message coranique que ses croyants aspiraient à délivrer à l'humanité. Là aussi, l'échelle relativise le constat, tout en le rendant plus mystérieux encore.

Tel est l'intérêt d'une enquête remettant en perspective les acteurs d'un affrontement militaire autant que culturel, religieux aussi bien qu'artistique. Sa valeur n'est-elle pas de mesurer l'aventure humaine dans ce champ clos que fut alors la péninsule ibérique ? La civilisation s'y jouait à pile ou face. L'histoire n'y fut pas linéaire, elle a connu retournements et soubresauts. Et les résultats s'y mesurent aujourd'hui à l'échelle de la planète, dont une vaste partie parle le castillan, après la conquête planétaire qui résultait de la « reconquête »...

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