Eglises de Venise

Eglises de Venise
Boccato Alessandra
Ed. Imprimerie nationale
Date de publication : 01/10/2012

« Plus que Rome, reine majestueuse et altière, plus encore que Florence, princesse écrasée sous les ors et la prospérité, Venise est une ville-femme. [... ] Le Grand Canal est son écharpe. Les ponts sans nombre sont ses bracelets. Et les églises [... ] sont les bijoux dont elle se pare » (Jean d'Ormesson).

Fondée le 25 mars 421, jour de l'Annonciation, Venise entretient, dès son origine légendaire, un lien fondamental au sacré. Les innombrables églises, près d'une centaine, qui scandent les six sestieri et les îles, et autour desquelles s'organise le tissu urbain, dessinent son profil et forment une féerie changeante d'architectures, tantôt sobre (Sant'Alvise), tantôt d'un classicisme épuré (les palladiennes San Giorgio Maggiore et Redentore), tantôt démesurément baroque (San Moisè ou Santa Maria del Giglio).

Centre de la vie religieuse et point de rencontre entre Orient et Occident, la byzantine basilique San Marco, qui abrite les reliques du saint parvenues à Venise en 829, est placée sous le patronat du doge, princeps in ecclesia, princeps in re publica. Et, tout autour, essaiment les églises paroissiales, les églises des ordres monastiques (les Frari, les Carmini), celles, encore, érigées par des fidèles (Santa Maria dei Miracoli), pour la plupart dédiées à la Vierge mais aussi à des saints vétéro-testamentaires (San Zaccaria, San Geremia ou San Giobbe). Vivant témoignage des strates infinies de styles et d'époques mêlés, formant un ensemble artistique unique au monde, d'un foisonnement inégalé, toutes sont une leçon de beauté. Cisèlement des architectures, richesse des ornements, pavements en opus sectile et opus tessellatum, revêtements pariétaux de marbre ou de mosaïque, fresques, tableaux, sculptures, monuments funéraires : chaque édifice est un musée, chacun est le lieu d'expression et de création d'artistes venus de Vénétie ou de maints ailleurs. Architectes - Codussi, Sansovino, Palladio, Longhena - ; sculpteurs - Donatello, Lombardo, Vittoria, Le Court, Morlaiter - ; peintres célèbres - Vivarini, Carpaccio, Bellini, Lotto, Cima da Conegliano, Titien, Schiavone, Palma, Véronèse, Tintoret, Piazzetta, Tiepolo... tous ont cherché à sceller la rencontre entre la tradition antique, l'héritage d'un passé plus immédiat et l'exigeante idée de modernité.

Par-delà les édifices les plus majestueux, telles la basilique ducale et son chatoiement de mosaïques d'or, la Salute, couronne votive élevée à la gloire de Marie, ou encore la basilique des Santi Giovanni e Paolo, panthéon majestueux de la ville, ce livre révèle d'autres églises, moins connues, parfois oubliées, mais d'égale richesse. La Madonna dell'Orto, pour laquelle Tintoret peignit nombre de chefs-d'oeuvre et où il est enseveli, San Sebastiano et le cycle pictural de Véronèse, San Polo et la première Via Crucis de la ville réalisée par Giandomenico Tiepolo, Santa Maria Assunta à Torcello avec la mosaïque du Jugement dernier et la Vierge Hodeghétria, (« Celle qui indique la voie ») d'héritage byzantin, en sont de vibrants exemples.

Venise, telle une admirable Conversation sacrée, est, parmi toutes, « le divin reposoir sis sur le chemin de la beauté, pour la joie des pèlerins passionnés qui y cheminent » (Paul Morand).

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