Le cahier d'Aram

Ed. Stock
Date de publication : 01/04/2010
'Grigor, mon cousin et moi, allions à pied ; de temps en temps, ma mère me faisait monter dans la charrette et marchait un peu. Grigor avait emmené un cheval et il me laissait souvent le monter, car la charrette était prévue pour un seul cheval et cela le fatiguait moins. Eh bien, une fois où je marchais, nous avons trouvé une femme à moitié allongée sur le bord du chemin. Elle m'a tendu un tout petit enfant et m'a dit en respirant fort et par à coups :
- Emmenez le petit, je n'en peux plus.
Je l'ai pris dans mes bras. Mais Grigor et Maryk, qui avaient tout vu, ont fait monter la femme dans la charrette et avant d'arriver à la ville elle était déjà morte dans les bras de ma mère. Je me demandais d'où elle venait et quelles choses terribles elle avait pu voir, et on peut dire que ma peau d'enfant s'est détachée d'un coup.'
Aram, un adolescent de quinze ans semblable à tant d'autres, n'aurait peut-être jamais écrit son histoire s'il ne s'était soudain trouvé plongé dans un exode massif afin de fuir une mort certaine. En 1915, le gouvernement turc décréta en effet l'extermination du peuple arménien et, comme Aram, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, subirent les persécutions les plus sauvages et cruelles du XXe siècle.
Avec Le cahier d'Aram, Maria Àngels Anglada sauve de l'oubli le génocide arménien en livrant un récit sobre et sensible. Sa plume saisit l'horreur et la tempête avec finesse, offrant ainsi aux victimes de l'Histoire la possibilité d'un hommage, pour l'éternité.