Tous les enfants aiment les bulles de savon, ce jeu qui assume le caractère transitoire de tout ce qui est beau et précieux. Les adultes ne devraient pas qu’en sourire, mais aussi s’en réjouir : elles font réapprendre à aimer ce qui brille sans lendemain.
Pierre Zaoui propose un petit traité sur la vacuité de l’existence, nourri du regard des artistes qui se sont emparés du motif exprimant tantôt la nullité de toute chose ici bas, tantôt le sceau de l'éternelle souffrance. Loin de la Vanité à laquelle la tradition philosophique et théologique l’a souvent réduit, il voit dans cet objet parfait et éphémère, transparent et iridescent, la possibilité d’une très soutenable légèreté de l’être.
Entre 1927 et 1934, Walter Benjamin a expérimenté diverses substances. Il s'est non seulement lancé dans les célèbres expériences avec le haschisch, mais il s'est aussi essayé à l'opium, à l'eucodal et à la mescaline. Loin d'être des expériences secondaires dans la vie du philosophe allemand, elles lui permettent au contraire de décrire l'ivresse comme une expérience dialectique.
Pourquoi des contributeurs de l'encyclopédie en ligne Wikipédia ont-ils tenté de supprimer la page d'Alice Recoque ? Cruelle ironie que d'être effacée de l'histoire au moyen d'outils que cette pionnière a contribué à créer dès les années 1950 !
Cette querelle 2.0 incite Marion Carré, entrepreneuse et experte en intelligence artificielle, à se lancer sur les traces d'Alice Recoque, dont la brillante carrière incarne à elle seule l'histoire de l'informatique telle que nous l'utilisons aujourd'hui : ordinateurs portables, smartphones, Internet, mais aussi télécommunications et intelligence artificielle. La postérité ne serait-elle qu'une affaire d'hommes ?
Que voyons-nous lorsque, le soir venu, nous levons les yeux vers le ciel ? Pour la plupart d'entre nous, pas grand-chose. Les occasions de s'émerveiller devant une voûte céleste sont de plus en plus rares. Or, au-delà de l'appauvrissement de notre relation au ciel, sont désormais connus les effets négatifs de la lumière artificielle sur l'environnement et la santé. Érosion de la biodiversité, dérèglement de notre rythme biologique, perturbation de nos rythmes de sommeil, etc. Éteindre les lumières est un geste non seulement esthétique, mais aussi écologique et sanitaire.
On sait bien peu de choses sur la façon dont nos ancêtres préhistoriques concevaient la mort. Le faible nombre de sépultures paléolithiques attestées, la difficulté à interpréter les vestiges exhumés ou à attribuer l'enterrement et le traitement réservé aux corps à des rituels funéraires ne permettent guère d'en inférer des représentations.
Pourtant, les humains qui nous ont précédés devaient avoir des croyances à propos de l'Au-delà. Leur refuser de s'être interrogés sur cette perspective, au même titre que nous le faisons, reviendrait à oublier notre appartenance commune à une même espèce. Mais comment combler les lacunes de l'archéologie ? Après Cosmogonies, qui avait démontré la robustesse des méthodes phylomythologiques pour reconstituer les mythes du passé en retraçant la généalogie de ceux qui nous sont connus, Julien d'Huy s'attelle ici à répondre à des questions fondamentales : à quoi les premiers Homo sapiens attribuaient-ils leur finitude ? Dans leur esprit, l'humanité était-elle mortelle dès l'origine et, sinon, comment l'est-elle devenue ? Sous quelles formes se figuraient-ils leur dernière demeure et le chemin qui y menait ? Croyaient-ils en une vie après la mort et à la possibilité de revenir de l'autre monde ? Comment envisageaient-ils les relations entre les morts et les vivants ?
Archéologue spécialisée dans les rites funéraires, l'auteure retrace son expérience professionnelle et ses voyages à travers le monde à la découverte de sites funéraires, questionne le rapport des vivants à la mort et à la disparition des êtres chers selon les civilisations, constate l'appauvrissement des rites occidentaux et évoque la figure de son premier amour, mort à 20 ans d'une overdose.
La sociologue décrit le magnétisme et, à partir d'archives, présente les histoires d'individus devenus magnétiseurs ainsi que les poursuites qu'ils ont subies jusque dans les années 1980 pour exercice illégal de la médecine. A partir d'entretiens avec des médecins, elle analyse la place prise aujourd'hui par le travail énergétique, dévoilant la conversion d'une pratique magique au naturalisme.
Des festins de ministres aux aides alimentaires, des burgers à la truffe à l'accaparement des terres, la nourriture est un plaisir pour qui en a les moyens, mais aussi un instrument de pouvoir et de coercition. L'auteure propose de s'attaquer à ces privilèges pour mettre fin à ces inégalités sociales et aboutir à un monde plus juste.
En portant son regard sur une « cité » d'habitation, au coeur de la Plaine-Saint-Denis, Fabrice Langrognet offre une passionnante histoire sociale et culturelle des migrations en France, du début de la IIIe République à la crise des années 1930. La Plaine-Saint-Denis est alors un immense quartier industriel où se croisent des myriades de migrants issus des classes populaires, d'origine provinciale, étrangère ou coloniale.
S'appuyant sur des sources inédites qu'il ausculte avec une incroyable minutie, l'historien raconte comment les occupants de l'immeuble arrivent et repartent, se côtoient et s'ignorent, sympathisent et s'affrontent, redessinant sans cesse les contours de leurs appartenances. Il reconstitue ainsi l'expérience vécue de plusieurs générations d'hommes, de femmes et d'enfants qui cherchent leur chemin dans les fracas du monde. Ici, la silhouette d'un jeune voisin connu pour jouer lestement du surin se dresse dans l'étroit passage qui mène à la porte cochère. Là, c'est la propriétaire implacable qui réclame sur-le-champ le paiement des loyers. Un peu plus loin, à l'usine, monsieur le directeur promet d'une voix bienveillante une place à quelque neveu resté au pays ; il se montre moins affable quand on lui parle du droit du travail...
Recueil de 24 essais de la romancière, militante féministe lesbienne radicale, sur son enfance, ses engagements féministes et politiques, sa lutte contre les différentes formes d'exclusion, sa sexualité, les combats féministes des années 1980, la portée politique et sociale de la littérature, entre autres sujets.