Dans cet écrit posthume, Hans Blumenberg étudie le sens et les variations d'une « métaphore directrice » dans la pensée occidentale, celle de la « vérité nue ». Il en dégage des usages paradigmatiques : Nietzsche insiste surtout sur les dangers du dévoilement et sur le danger qu'il y aurait à contempler la vérité nue, tandis que Freud confère à la découverte de celle-ci une vertu thérapeutique. La théorie de Pascal, qui souligne la nécessité sociale des apparences, est confrontée à celles de penseurs des Lumières qui se divisent sur les vertus de la mise à nu. Des thèmes marquants de la réflexion de Blumenberg, comme celui du déploiement de la curiosité et des attentes déçues du savoir, du besoin humain de consolation voire d'illusion, apparaissent au fil des pages. On y voit réalisé sur un cas précis le projet « métaphorologique » : à travers l'exploration d'une image, faire apparaître à la fois les mutations de longue durée de la pensée, les déplacements de sens et les trouvailles des philosophes. (présentation de l'éditeur)
Je suis une femme blanche, trans et lesbienne et mon point de vue n'est pas moins neutre qu'un autre. Je vais recourir à des statistiques, des théories, des histoires, des dessins et des punchlines pour vous faire poser un nouveau regard sur vos pères, vos frères, vos compagnons, vos ex - et peut-être sur vous-même. (présentation de l'éditeur)
27 essais relatant les quinze années passées par l'auteure à défendre l'égalité homme-femme et dans lesquels elle aborde le féminisme inclusif, le harcèlement des femmes, la préférence sexuelle, la différence entre pornographie et sexualité, la maltraitance ou encore la discrimination.
S'opposant aux visions actuelles de la pensée africaine-américaine, simplistes ou iréniques, l'auteur présente divers débats contemporains, théories iconoclastes et stratégies politiques, afin de repenser l'avenir des vies noires en Amérique et dans le monde.
Le coeur brisé, les nerfs à fleur de peau, la gorge serrée : l'émotion nous saisit, nous possède. Mais si nos émotions nous paraissent évidentes, sont-elles pour autant authentiques, universelles ? Pourquoi sont-elles forcément plus sincères que nos attitudes réfléchies ? Parcourant les différentes conceptions philosophiques de cet affect et, en particulier, la théorie platonicienne du contrôle des passions, Vinciane Despret déconstruit la thèse d'une naturalité, d'une universalité et d'une spontanéité des émotions. À partir de travaux d'ethnologues et de sociologues, elle montre que nos émotions n'existent pas en soi, mais uniquement dans la relation à autrui. On n'a plus alors à s'étonner que la colère n'existe pas chez les uktus, que les ifaluks doivent « enseigner » la peur à leurs enfants. Nos émotions sont finalement autant de versions du monde et de manières de l'habiter. (présentation de l'éditeur)
Personnage majeur, par ses fonctions institutionnelles et son rôle philosophique, dans l'univers intellectuel de la France de l'après-guerre, Georges Canguilhem exerça une influence profonde sur plusieurs générations d'universitaires et de professeurs de philosophie, ainsi que sur quelques grands noms des sciences humaines et sociales.
Il fut longtemps connu pour ses travaux d'histoire des sciences et ses vues originales sur la technique. Il porta une attention plus particulière aux sciences de la vie et aux pratiques de la médecine qu'il aborda avec une grande rigueur conceptuelle.
Mais depuis une décennie, en même temps que s'opérait une reconnaissance internationale dépassant largement le cercle de ceux qui l'ont connu, un intérêt nouveau pour la personne et l'oeuvre s'est développé, qui déborde la seule spécialité philosophique.
Qu'appelle-t-on un étranger ? Comment l'accueille-t-on ? Comment le refoule-t-on ? Quelle différence entre un autre et un étranger ? Qu'est-ce qu'une invitation, une visite, une visitation ? Comment la notion de l'étranger s'inscrit-elle dans la langue ? Quelle est son histoire européenne, et d'abord grecque ou latine ? Comment se distribue-t-elle dans les espaces de la parenté, de l'ethnie, de la Cité, de l'État, de la nation ? Comment analyser aujourd'hui, notamment en France et en Europe, la pertinence et les enjeux de l'opposition ami/ennemi ? Compte tenu de mutations technologiques (par exemple dans la structure et la vitesse de la communication), qu'en est-il des frontières, de la citoyenneté, des droits dits du sol ou du sang, des populations déplacées ou déportées, de l'immigration, de l'exil ou de l'asile, de l'intégration ou de l'assimilation (républicaine ou démocratique), de la xénophobie ou du racisme ?
Alors que le recours à la violence est souvent présenté comme le mode de résistance le plus radical, Judith Butler propose de régénérer la non-violence comme idéal. La non-violence, ce n'est pas la passivité ni le renoncement à l'action. Ce n'est pas le pacifisme naïf ni l'aspiration inconséquente à une forme de pureté morale. Ce serait plutôt une entreprise politique agressive de rupture avec le monde et ses propres impulsions.
Défendre la non-violence comme idéal, serait-ce idéaliste ? Pour Judith Butler, la non-violence est au contraire nécessaire dans des temps comme les nôtres, quand ceux qui prennent position pour la violence reproduisent les cadres et les pratiques institués.
« Il était une fois des reines et des princesses.
Elles gouvernaient des pays, commandaient des armées et se faisaient obéir. Leur vie était remplie de possibilités, de pouvoirs et de projets. Elles s'appelaient Artémise d'Halicarnasse, Antigone, Jocaste ou Aithra.
Exceptionnelles et singulières, ces femmes appartiennent à un passé aristocratique ou vivent dans un ailleurs royal. Dans ces mondes possibles, elles sont elles-mêmes possibles. Il suffit d'imaginer. Et les Grecs ont su les imaginer.
Les mêmes Grecs inventent la démocratie. Et voilà que les femmes de cette trempe, en état de diriger et de défendre l'État, deviennent tout simplement inconcevables. Voilà que l'homme est un animal politique, la femme un animal domestique. C'est ainsi. C'est la nature.
L'humanité a basculé dans l'ère des catastrophes globales. Partout sur la planète les forêts brûlent, les océans s'asphyxient, les espèces disparaissent. La sixième extinction de masse est en marche. L'urgence commande l'élaboration d'une politique qui conjurerait la destruction généralisée de la vie : un communisme du vivant. Puisque la crise environnementale procède de la recherche effrénée du profit, toute écologie politique formulée en dehors de cet horizon est vouée à l'échec. S'appuyant sur une lecture conjointe du marxisme et des humanités environnementales, Paul Guillibert défend une philosophie sociale de la nature pour démontrer que la préservation de la biosphère est devenue une condition nécessaire à l'émancipation.