Sous la forme d'un recueil, le philosophe livre son analyse sur des sujets d'actualité qu'il remet en cohérence et en perspective : les gilets jaunes, les démocraties en proie à des mouvements écologistes radicaux, les différentes réactions face à la pandémie de la Covid-19, etc.
A New York, au marché Sainte-Catherine, dans les années 1820, des Noirs dansaient pour gagner du poisson. Ces danses sont devenues une marque culturelle qui se retrouve à la fin du XXe siècle chez des artistes comme M. Jackson et M.C. Hamer. Etude sur les processus d'identification mis en oeuvre et sur le minstrel show, spectacles dans lesquels des Blancs se noircissaient le visage (blackface).
Cette enquête sur les sources intellectuelles de la Renaissance s'appuie sur la thèse de Jules Michelet considérant cette époque comme une période de reconquête de liberté politique en Europe à travers la réappropriation de la culture antique. La langue grecque a été en particulier l'objet d'une lutte entre les humanistes et l'autorité de l'Eglise, jalouse de son pouvoir sur les textes sacrés.
Sur la plage de La Baule en 1939, alors que les divisions blindées allemandes parcourent les plaines polonaises et se préparent à envahir la France, l'auteur, âgé de 37 ans, pose son regard sur la crise de la culture européenne et s'interroge sur les raisons qui ont mené une civilisation entière à une telle catastrophe. Levi soumet à une critique implacable la religion (qui transforme le sacré en sacrifice), l'État (idole sociale par excellence, de laquelle la politique occidentale ne peut se libérer), la guerre, le sang, la masse, l'amour et l'art. Ce n'est qu'à partir de la liberté révélée par ce sentier halluciné et presque prophétique que les oeuvres ultérieures de Levi, du Christ s'est arrêté à Eboli à La montre, acquièrent leur véritable sens, qui est celui d'un témoignage qui ne concerne pas le passé, mais notre présent. (présentation de l'éditeur)
Venue du droit, la notion d'immunité occupe une place centrale en médecine. Tout comme le système immunitaire du corps humain protège l'organisme contre les incursions mortelles de virus, la loi garantit la survie de la communauté dans une situation la mettant en péril. Le droit protège et prolonge la vie. Mais comme le corps individuel, le corps collectif ne peut être immunisé contre le danger qu'en permettant à une certaine quantité de ce qui le menace d'y pénétrer. Pour échapper aux griffes de la mort, la vie est obligée d'incorporer en elle un principe mortel et de créer des anticorps. Le commun ne peut être préservé que s'il intègre en son sein un corps étranger, qui l'expose à un risque permanent.
Penser, c'est apprendre à ne pas se soumettre aux idéologies. Ce recueil en grande partie inédit d'essais, interviews, conférences, discours, critiques littéraires, depuis un essai sur la vita activa humaine (le travail, l'oeuvre, l'action) jusqu'à des textes sur la liberté et La condition humaine, en passant par un « Hannah Arendt par Hannah Arendt » ou une étude sur Nathalie Sarraute, couvre un large éventail de thèmes avec l'idée générale que penser librement, c'est « ne pas se cramponner à la rampe », c'est s'engager dans une expérience sans les piliers de la religion, de la morale, de la politique ou de la philosophie, et sans répit interroger au lieu d'offrir des réponses figées.
La distinction entre réfugiés politiques et migrants économiques s'est aujourd'hui imposée comme une évidence, tout comme la hiérarchie qui légitime l'accueil des réfugiés au détriment des migrants. Ce livre montre que ces définitions en disent plus long sur les États qui les appliquent que sur les individus qu'elles sont censées désigner. Car il n'existe pas de réfugié en soi que les institutions pourraient identifier pour peu qu'elles soient indépendantes ou en aient les moyens. La catégorie de réfugié se reconfigure en réalité sans cesse, au fil du temps, au gré des changements de rapports de force et de priorités politiques.
Plutôt que d'analyser les parcours des exilés pour déterminer s'il s'agit de réfugiés ou de migrants, cet ouvrage dissèque l'institution qui les nomme : l'Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), depuis sa création en 1952. Il établit que la chute du taux de reconnaissance du statut de réfugié est moins liée à la transformation des profils des requérants, à l'obsolescence de la Convention de Genève ou à une perte d'indépendance de l'Ofpra qu'à un changement de subordination. Alors que, pendant la guerre froide, l'assujettissement du droit d'asile aux politiques diplomatiques et le besoin de main-d'oeuvre favorisaient un taux élevé d'accords, son instrumentalisation par les politiques migratoires, dans le contexte de la construction de l'immigration comme problème, entraîne un taux élevé de rejets.
Multiplication des zones à défendre, résurgence du black bloc, insurrection des gilets jaunes : la France contemporaine est le théâtre d'importants conflits sociaux et politiques. On aurait tort cependant d'y voir la main de cette ultra-gauche qui hante l'imaginaire policier. Ce qui se joue dans la multiplication des occupations, dans l'exigence d'horizontalité et le rapport pragmatique à la violence, c'est l'actualisation de l'hypothèse autonome formulée dans la seconde moitié du XXe siècle.
L'autonomie n'est en effet ni un mouvement, ni une idéologie. Née, dans l'après-guerre, en opposition au renoncement des organisations politiques et syndicales à prendre effectivement le parti des dominé-e-s, elle représente la tentative sans cesse réinventée de concilier libération individuelle et émancipation collective, à l'heure où le système capitaliste et sa discipline se sont disséminés dans toutes les facettes de là vie.
Plus d'un siècle après que Nietzsche a proclamé la mort de Dieu, ce livre reprend le marteau de la critique pour éprouver les nouvelles idoles de l'époque avec une détermination égale. Appeler à l'inversion de toutes les valeurs revient aujourd'hui à destituer la seule valeur régnante. Il n'y aura pas d'issue à l'impasse dans laquelle s'enferre la société industrielle tant que la mesure sociale fondamentale sera fournie par la production d'unités de valeur marchande et non pas, disons, par la contribution au bien-être collectif de tous les hôtes de la biosphère. Pour apprécier les embarras du monde contemporain, l'histoire intellectuelle du Moyen Âge occidental offre un excellent observatoire. Le privilège de la période médiévale tient à la position qu'elle occupe : elle constitue l'altérité la plus proche du monde moderne. De ce fait, elle propose un point de vue sans égal pour juger de son devenir. Placé dans une perspective de longue durée, le moment présent perd un peu de son caractère de surgissement indéchiffrable. (présentation de l'éditeur)
Parce qu'elles ont contribué à dénoncer la domination de la pensée occidentale, les subaltern studies sont depuis les années 1980 une source intarissable de controverses.
À cet égard, la réponse négative apportée au titre de cet ouvrage - Les Subalternes peuvent-elles parler ? - est riche d'enseignements. Prenant à contrepied l'eurocentrisme du récit occidental, Spivak nous montre qu'il est impossible d'analyser l'histoire de l'oppression des femmes sans prendre en compte les logiques impérialistes qui l'ont façonnée.