Happenings de Jean-Jacques Lebel ou l'insoumission radicale
Ed. Hazan
Date de publication : 01/10/2009
Jean-Jacques Lebel est une figure emblématique et incontournable de l'art des années 1960 à aujourd'hui. Il organise le premier happening européen en 1960 à Venise L'enterrement de la Chose, où l'on jette dans le Grand Canal une sculpture de Tinguely après une cérémonie funéraire rituelle. Ce happening, qui répond au désir de rendre hommage à une amie proche assassinée, proteste contre une société asphyxiante et s'inscrit principalement, comme tous ses happenings par la suite (il en produit une vingtaine de 1960 à 1967), dans un courant de subversion de l'art officiel et de refus du colonialisme et de la violence. Associant l'art et la vie, ces happenings se situent dans le prolongement des actions dadaïstes et du théâtre de la cruauté d'Antonin Artaud.
Jean-Jacques Lebel, ami de l'artiste américain Allan Kaprow, inventeur des premiers happenings d'outre-atlantique, joue le rôle de passeur, de fédérateur d'énergies entre l'Europe et les États-Unis. Privilégiant l'action collective, le mixage et l'hybridation de toutes les techniques, il mélange les genres et fait sauter les frontières entre les différents domaines. Il fait se rencontrer Duchamp et les poètes de la Beat Generation, la poésie, l'action politique, la musique, les arts plastiques et les films. Des happenings, art éphémère s'il en est, il ne reste que quelques documents d'archives, des photographies et de très rares images vidéos. Le présent ouvrage, enrichi d'un ensemble photographique exceptionnel, majoritairement inédit, rend compte du déroulement complexe de chaque happening. Associant chronique et analyse des documents, il permet de mieux saisir cet art comportemental qui a emprunté des formes chaque fois différentes en fonction du contexte. Cette recherche témoigne de la dimension politique et érotique des happenings de Lebel qui les distingue de ceux de Kaprow liés au strict domaine des arts métaphysiques.