La Flandre aux Flamands. De 860 à 2008

Ed. Racine
Date de publication : 01/06/2008
En 1830, la Belgique aurait dû devenir unilingue francophone, mais le destin ne le voulut pas. La Belgique aurait pu être bilingue, mais en 1932 les Wallons s'y refusèrent. Le mot «flamingant» existait déjà en 1432, mais il n'avait rien d'agressif ou de désobligeant. Quinze ou vingt siècles passés, on ne sait toujours pas au juste comment a surgi, horizontalement, telle une fermeture à glissière qui aujourd'hui ne voudrait plus s'ouvrir, la frontière linguistique qui court de Mouscron à Fouron et qui ne laisse aucune trace dans le paysage, bien qu'elle creuse un abîme entre deux parties du même pays. La Belgique existe depuis très longtemps, mais la Flandre et la Wallonie ne seraient pas si, en 1830, n'était pas née une Belgique indépendante. Léopold Ier voyait plus clair que ses ministres en donnant pour précepteur à ses enfants le plus célèbre des écrivains flamands, Henri Conscience. Il s'en fallut de peu, en 1940, que la Belgique ne commence la Seconde Guerre mondiale par une crise ministérielle, car le gouvernement avait démissionné, déjà, pour une affaire de «scission» linguistique, celle du budget de l'Instruction publique...
On en apprend des choses en lisant le livre que Pierre Stéphany consacre aux Flamands ! De Baudouin Ier de Flandre (862-879) à Bart De Wever, de Guido Gezelle à Wilfried Martens, de Peter Benoit à Eddy Merckx... René Magritte, lui, était bien wallon, mais le bonhomme à chapeau boule de ses tableaux, absur de, saugrenu, troublant - surréaliste ! - pourrait figurer dans les armoiries d'un pays où, depuis bientôt deux siècles, deux régions s'affrontent en un combat impitoyable et pourtant sans violence. Ce n'est pas une raison pour ne pas essayer de comprendre. Tel est le projet de Pierre Stéphany, qui sacrifie à l'anecdote sans perdre de vue l'essentiel et raconte l'histoire de l'autre pour mieux le rencontrer.