Vue sur la mère

Ed. Dilettante
Date de publication : 01/08/2008
On connaît l'enfance « vipère au poing » ; on la connaît moins « couleuvre au cou ». C'est en effet la situation du récitant, qui nous vient au monde strangulé par son cordon ombilical : image d'une dépendance et d'une appropriation maternelle reptilienne avec laquelle il va bien falloir ruser. Toute mère est unique, mais l'espèce recèle des variations infinies : oublieuse, farceuse, voleuse, frondeuse ou, comme dans le cas présent, celui de Julien Almendros, dévoreuse. C'est en effet dans un espace aérien redoutablement surveillé qu'évolue un narrateur toujours en vaine de trouées, d'escapades et d'échappatoires ; secondé par un père en majorité fragile et un frère en minorité relative. Reste le chien, enjeu de toutes les conquêtes. La mère : faire avec. Avec ses coups de gueule, de sang, de blues, de poing sur la table, sa manière de traquer les coups bus en douce et les clopes ou les joints grillés sous le manteau. Sa manière surtout d'assaillir les copines. Tant d'électricité accumulée, un jour forcément se résout en éclair : « Connasse ». C'est soudain, sec, spontané, mais ça touche. Cœur de cible. D'un petit mot, Julien, de sa mère, a fait une femme. Plus de mythe, une simple femme, à qui l'on n'a plus rien à dire. Rien. Que du calme, enfin.