La maison des feuilles

Ed. Denoël
Date de publication : 01/08/2002
Imaginez un livre écrit par, disons, Vladimir Nabokov dans ses périodes les plus espiègles
et revu par Stephen King dans ses humeurs les plus cérébrales, mis en page par les graphistes les plus déjantés et publié par les éditeurs les plus audacieux. Le résultat pourrait bien être quelque chose comme La maison des feuilles.
Le premier roman de Mark Z. Danielewski (il a mis douze ans à l'écrire) n'a, à vrai dire, pas grand chose en commun avec tout objet littéraire identifié.
Au départ : la découverte d'un pseudo-académique manuscrit, le Navidson Record, écrit par un aveugle nommé Zampano, à propos d'un film documentaire inexistant ? qui lui-même parle d'un journaliste qui découvre une maison aux pouvoirs surnaturels (ses dimensions intérieures par exemple sont plus grandes que ses dimensions extérieures). À cet échafaudage de narrateurs-en poupée russe, Danielewski ajoute poèmes, nomenclatures scientifiques, collages, Polaroïds, appendices de fausses correspondances et « notes diverses », et un impressionnant index. On tourne et retourne le livre pour suivre les phrases placées n'importe comment ( ? ) sur les pages ? en haut, en bas, à l'envers, en diagonale -, les parenthèses sans contenus, les passages barrés, encadrés, bleutés, etc? Mais quoi ???
Si l'on en croit Johnny Errand, le jeune homme qui découvre le travail de Zampano, une fois que vous aurez lu le Navidson Record, « vous ne serez plus la personne que vous aviez cru être auparavant. Vous percevrez de lentes et subtiles modifications tout autour de vous, en particulier, d'importants changements en vous. Pire, vous vous apercevrez que les choses ont toujours changé, dans une espèce de miroitement, de vaste miroitement, mais sombre comme une pièce. Et vous ne comprendrez pas pourquoi ni comment. Vous aurez oublié ce qui vous a mis la puce à l'oreille. »
Ici, rien n'est fait pour rassurer le lecteur?