L'eau se mêle à la boue dans un bassin à ciel ouvert
Ed. Zones sensibles
Date de publication : 22/04/2016
traduit de l'anglais par Jean-François Caro
« Fabrications humaines par excellence, les lieux sont ce que l’on en fait – ils sont tout ce qu’on les tient pour être –, et leurs voix désincarnées, immanentes bien qu’inaudibles, ne sont que celles de ceux qui se parlent à eux-mêmes en silence. Que font les peuples avec les lieux qu’ils habitent ? Cette question est aussi lointaine que les peuples et les lieux eux-mêmes, aussi lointaine que l’attachement des êtres humains envers certains endroits de la planète. Aussi lointaine, peut-être, que la notion de foyer (“notre terre” par opposition à “la leur”), aussi lointaine qu’un profond sentiment d’appartenance géographique », écrit Keih Basso dans l’introduction de L’eau se mêle à la boue dans un bassin à ciel ouvert, son premier ouvrage traduit en français.
« Dans l’époque turbulente qui est la nôtre, marquée par le déracinement des populations et l’ampleur des diasporas, il devient de plus en plus difficile de se raccrocher à des lieux (et de prendre pleinement conscience de ce qu’ils ont à nous offrir), et je crains que cela soit considéré partout comme un privilège et un don dans les années à venir. Les Indiens d’Amérique, qui furent les premiers à peupler ce continent et les premiers à en être chassés, ne le comprennent déjà que trop bien. Puissions-nous apprendre de leur expérience », ajoute-t-il. En s’inspirant, comme Tim Ingold (dans Marcher avec les dragons) mais avec une toute autre approche, d’écrits comme ceux de Martin Heidegger (« Bâtir habiter penser ») et de Jean-Paul Sartre, Nelson Goodman, Cormac McCarthy ou encore Niels Bohr, Keith Basso offre dans cet ouvrage de magnifiques réflexions sur les liens entre l’environnement, l’incarnation des lieux et le langage. (présentation de l'éditeur)