Fernand Deligny, cartes et lignes d'erre
Ecrivain, éducateur, pédagogue, militant, Fernand Deligny (1913-1996) a laissé derrière lui une œuvre aussi féconde qu’hybride. Textes littéraires ou polémiques, épaisse correspondance, cartes et dessins, films : cet immense corpus intéresse de plus en plus les milieux artistiques tant il associe travail du langage et des images, pensée critique et projet d’émancipation.
C’est dans les Cévennes, à Monoblet, que Deligny crée en 1968 une communauté éducative alternative destinée aux enfants autistes. Il propose un milieu de vie organisé en aires de séjour dans lesquelles les enfants vivent auprès d’adultes non diplômés (ouvriers, paysans, étudiants). Dans ce contexte, et pour dégager le langage, ces présences proches tracent quotidiennement des cartes en y reportant leurs propres trajets et les lignes d’erre des enfants. L’évocation de cette pratique permettra à nos deux invités de poser la délicate question de la place de l’art dans la tentative des Cévennes.
Sandra Álvarez de Toledo est éditrice, fondatrice de la maison d‘édition l’Arachnéen. A ce titre, elle a prêté une attention toute particulière à l’œuvre de Fernand Deligny dont elle a notamment édité L’Arachnéen et autres textes (2008), Cartes et lignes d’erre (2013) ainsi que l’épais volume de ses Œuvres (2007, rééd. 2017). Elle prépare désormais l’édition de Correspondance des Cévennes, 1968-1996, à paraître en septembre 2018.
Marlon Miguel est docteur en arts plastiques (Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis) et philosophie (Universidade Federal do Rio de Janeiro). Il est l’auteur d’une thèse sur l’oeuvre de Fernand Deligny intitulée À la marge et hors-champ : l’humain dans la pensée de Fernand Deligny. Il est également co-organisateur des archives de Fernand Deligny destinées à l’IMEC Institut Mémoires de l’édition contemporaine.