Rencontre avec Veronika Mabardi et Jean-Marc Turine
Tropismes vous invite à rencontrer Veronika Mabardi et Jean-Marc Turine pour fêter la parution de Sauvage est celui qui se sauve et Révérends pères parus tous les deux aux éditions Esperluète.
Dans Sauvage est celui qui se sauve Veronika Mabardi suit les traces que son frère a laissées, comme on suit une piste. Elle remonte le chemin vers la fratrie, les jeux, les solidarités de l’enfance. Les liens indéfectibles avec les amis. Les premiers choix et les premiers doutes. Les parents, leurs valeurs, leurs combats. Les assignations d’identité, les dénis, les injonctions à saisir sa chance, à se comporter normalement. Et le chaos qui s’installe dans la vie de ce frère qui a ébranlé ses certitudes. Qu’est-ce qui n’a pas été dit, pas même pensé ?
Sauvage est celui qui se sauve est le livre qui n’aurait jamais dû être écrit. Veronika Mabardi y dresse la cartographie de cette rencontre improbable au sein d’une famille métisse et rend hommage à cet homme, ce frère, artiste en devenir, champion de la disparition, qui dansait sur les limites.
Révérends pères est un texte comme un cri. Un cri de rage. De colère. D’injustice. Le cri d’un enfant meurtri, qui ose enfin s’exprimer plus de soixante ans après les faits.
Douloureusement, Jean Marc Turine remonte le fil de sa mémoire et raconte ce qu’il a tant voulu oublier : les agressions sexuelles répétées, lorsqu’il était jeune garçon, par des membres du clergé. Le texte déroule les faits et navigue entre le récit factuel, cru, et l’émotion intense. Jean Marc Turine réussit à garder cet équilibre précaire, entre le recul nécessaire à l’écriture et la répugnance des souvenirs évoqués ; écœurement, dégoût, colère ; les émotions remontent.
Depuis toujours, la force du travail de Jean Marc Turine réside dans sa capacité à dénoncer, sans relâche, les horreurs, les injustices, de donner la parole aux sans-voix, aux opprimés de la société. Après trente-cinq ans de travail acharné, de créations radiophoniques, de livres de résistance, il prend la parole pour lui-même et l’enfant qu’il était. Dénoncer les agressions perpétrées par des membres de l’église permet à son enfance meurtrie de trouver les mots de sa blessure.
L’importance de ce texte réside dans son honnêteté, il n’occulte rien, ni la part d’ombre, ni le déni, ni la difficile construction en tant qu’homme adulte. Au-delà de l’horreur, il éclaire également l’œuvre littéraire d’un homme épris de justice.
Il est des sujets dont on essaie parfois d’oublier qu’ils existent, des souvenirs qu’on préférerait occulter. Mais ce qui s’est passé a existé, et libérer la parole est salvateur, essentiel. Les comportements abusifs sur des jeunes enfants et leurs dénonciations récentes provoquent des haut-le-cœur. La trame en est souvent un rapport d’autorité qui paralyse la victime en protégeant l’abuseur. Le témoignage permet alors, non pas de comprendre, mais simplement d’entendre. Lorsque celui-ci se double d’une écriture ayant la qualité de celle de Jean Marc Turine, le lecteur se laisse happer par ce cri du cœur, véritable claque qui remue et révolte. (présentation de l'éditeur)
Les auteurs s'entretiendront avec David Courier, journaliste.
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@Gaël Turine et @Céline Chariot