«De toute évidence, vivre c'est s'effondrer progressivement. Les coups qui vous démolissent le plus spectaculairement, les grands coups soudains qui viennent - ou semblent venir - de l'extérieur, ceux dont on se souvient, ceux qu'on rend responsables de tout et dont on parle à ses amis dans les moments de faiblesse, ceux-là tout d'abord ne laissent pas de trace. Mais il existe un autre genre de coup, celui-ci venu de l'intérieur, et dont on s'aperçoit trop tard pour y remédier. Irrévocablement s'empare alors de vous la révélation que jamais plus vous ne serez celui que vous avez été.»
Ce ne sont pas là considérations d'un romancier brillant, à la mode... Gatsby le Magnifique, Tendre est la nuit, Le Dernier Nabab, si Fitzgerald se fût limité à ces romans, il ne présenterait qu'un intérêt littéraire. Par bonheur, il est également l'auteur de cet ouvrage L'Effondrement, dont nous venons de donner un échantillon et où il décrit sa faillite, sa seule grande réussite.
Le privilège de la tombe. Son occupant possède un privilège que n'exerce aucune personne vivante : la liberté de parole. Non pas que l'homme vivant en soit dépourvu, mais dans la mesure où il ne le possède qu'à titre formel et qu'il estime avoir mieux à faire que de s'en servir, il ne paraît pas sérieux de considérer qu'il est réellement en sa possession. En tant que privilège actif, il peut être rangé à côté de celui de commettre un meurtre : nous pouvons l'exercer si nous acceptons d'en assumer les conséquences. Le meurtre est interdit en théorie comme en pratique ; la liberté de parole est autorisée en théorie mais interdite en pratique. Le meurtre est parfois puni, la liberté de parole toujours - quand elle est perpétrée.
« C'est une invention bien connue de conspirer contre le Parti avec des romans », a dit le président Mao. Un précepte que méditent les habitants de la cité lorsque monsieur Ma, le libraire, est arrêté un soir de l'hiver 1962. Son crime ? Posséder dans ses rayons un roman étranger à propos d'un certain docteur russe. Sa peine ? Trente ans d'emprisonnement pour « activités contre-révolutionnaires ». Vingt ans plus tard. Ma est libéré. La Révolution culturelle est loin, Mao est mort, les autorités encouragent l'initiative privée. Que pourrait faire le vieux Ma après tant d'années de prison ? Contre toute attente, son nouveau commerce est un succès. Une reconversion à mille lieues de la littérature. Quoique...
« Qiu n'a pas pareil pour éclairer la Chine actuelle. » Paris Match
« C'est subtil à la chinoise » Elle
«Le texte tout entier est animé d'une force lyrique, poétique et romantique à laquelle Agee semble accorder un statut presque magique. De là, peut-être, l'intensité et la puissance d'émotion de ce roman exalté et fascinant où se mêlent dans une ronde étourdissante le tragique, le comique et l'absurde. Magnifié par la bousculade de ses sensations, l'autoportrait (Agee lui-même perdit son propre père lorsqu'il avait six ans) est d'une force saisissante. Lecture inoubliable, ce texte donne toute la mesure du talent de James Agee.» Bernard Quiriny, Chronic'art
«Le thème n'est pas nouveau, et pourtant les dialogues entre adultes et enfants, les monologues, tout ce qui peut hanter l'esprit d'un petit garçon - religieux - confronté à la disparition de son père semblent n'avoir jamais eu de précédent.» Isabelle Rossignol, Livres Hebdo
Une nuit alors qu'il est au lit dans le noir et somnole la radio allumée, la musique de Mozart s'insinue dans la chambre et le réveille. L'émotion est si forte qu'il a peur de la perdre, de ne jamais pouvoir la revivre. Il se procure différents enregistrements de l'oeuvre, les écoute, mais chaque fois quelque chose manque, il ne retrouve pas le plaisir de cette nuit-là. Puis un jour il apprend que le concerto va être donné à Paris. Il décide de s'y rendre.
Peut-on éterniser une émotion musicale, empêcher le temps de l'altérer ? C'est ce que tente le narrateur, ébloui par le Concerto pour clarinette en la majeur de Mozart (K.622), qu'il a écouté, une nuit, à la radio. Il cherche à mettre en scène le plaisir et l'émotion qu'il a éprouvés à la première écoute. Mais s'il est possible de reproduire le décor extérieur, « le décor intérieur, lui, n'est pas reproductible ». Pour évoquer cette chute de l'absolu, ce passage de l'extase à la déception, Christian Gailly accomplit des variations pathétiques et burlesques, le narrateur prend une allure de clown perdu qui semble vouloir expier sa propre impossibilité à rejoindre la beauté. Comme hanté par l'idée de perdre la grâce vibrante de son récit, Christian Gailly le suspend à son moment le plus dense : l'approche tremblante des corps. Une pirouette narquoise interrompt la vague de lyrisme. Cette élégance de l'ironie, cette musique des mots brisée à son apogée, appartiennent en propre à Christian Gailly et sont la marque de son talent. Jean-Noël Pancrazi, Le Monde
On se croyait quitte de ces sornettes, pour parler franc. L'enfance est derrière nous. Et le conte du vaillant petit tueur de mouches est une vieille histoire. Or voici qu'un écrivain prétend soudain devenir l'auteur conscient et responsable qui fait défaut à celle-ci, enfantée négligemment par l'imagination populaire, soumise à tous les avatars de la tradition orale puis recueillie en ce lamentable état par les frères Grimm au début du XIXe siècle. Il a des ambitions. Il compte bien élever le frêle personnage qui en est le héros au rang de figure mythique. Noble projet, mais quel est-il, ce héros, le vaillant petit tailleur ou l'écrivain lui-même ? Dans un monde fabuleux, peuplé de géants et de licornes, cette dernière hypothèse pourrait être moins extravagante qu'il n'y paraît.
Attention, Le Vaillant petit tailleur est un vrai conte de Grimm, avec son héros pauvre et malin, ses rois, ses reines, ses géants à tuer, ses princesses à épouser, ces centaures et ses licornes, ses mouches. Ses mouches surtout. Mais sa chair, comme celle de toute l'oeuvre de Chevillard, est faite de digressions, sauf que chez lui la digression n'est ni du remplissage ni de la broderie, c'est au contraire l'usage du mot juste à sa juste place, dans une intelligence et une complicité de bonne compagnie avec le lecteur. Sous couvert de cocasseries et de mots d'auteur, Chevillard, à chaque livraison, redonne à la littérature la vertu du vertige. Jean-Baptiste Harang, Libération
Fuyant l'Allemagne hitlérienne, Léo Löwe se retrouve à bord du paquebot Go(...)afoss, en route pour l'Islande. Dans la boîte à chapeau qu'il conserve précieusement, sommeille un petit garçon d'argile qu'il espère éveiller à la vie.
Afin d'y parvenir, Léo doit affronter toute une série d'épreuves : apprendre l'islandais, traire chaque jour une chèvre pour baigner l'enfant de son lait, demander la nationalité islandaise auprès d'un fonctionnaire qui l'interroge sur le régime alimentaire des loups-garous, s'adjoindre les services d'un cuisiner-espion russe et d'un théologien noir américain également champion de lutte, avant de se mesurer en un combat singulier à un marchand de timbres.
«Une fable inclassable qui séduira les lecteurs rompus aux formes d'écriture à l'imaginaire débordant, poèmes chimériques, cadavres exquis et autres surréalismes.» Les Inrockuptibles
S'il est maléfique, comme tout le village en est convaincu, pourquoi le lac de Slobozia, au fin fond de la forêt moldave, protège-t-il Victor, l'enfant battu, l'adolescent meurtrier ? Et pourra-t-il venir en aide à l'homme recherché, reclus chez sa mère, s'il sort la nuit de son refuge pour errer dans les bois ?
Dans cette région de Roumanie où les légendes populaires cohabitent avec le culte orthodoxe, les popes sont surveillés de près par le régime communiste, et les livres saints sont brûlés. Pour expier sa faute, laver le sang sur ses mains, Victor accepte la mission que lui confie le père Ilie : il devient copiste de textes sacrés. Enfermé dans le secret de son travail, dans la tourmente de ses pulsions, dans la naïveté de sa foi, il espère une rédemption...
Ancré dans l'histoire roumaine - de la fin du règne du dernier roi à l'avènement de Ceausescu, puis à sa chute -, Terre des affranchis est un roman envoûtant et inspiré, aussi palpitant qu'un récit policier, aussi inquiétant qu'un conte.
Un inconnu vient se réfugier en un lieu où il croit trouver la tranquillité : une cave donnant sur une petite place, dans un village du Sud... Un inconnu : un Arabe.
Le jour, il charrie des tonnes de cailloux sur un chantier de terrassement. Le soir, il rentre dans son trou. Pourquoi se cache-t-il ?
Le village s'agite, une hostilité sourde monte de la terre. Ici, il n'est pas chez lui et ne le sera jamais. Lorsqu'un meurtre est commis sur la place, aux yeux de tous, c'est lui le coupable.
Les forces qui se dressent contre lui sont anciennes, comme le feu, la rage, la peur. Pour leur échapper, se rendre invisible ne suffira plus.
« Le véritable thème du livre est une chose plus grave encore que le racisme : la difficulté de vivre. Simplement superbe. » Nancy Huston
Jan Karski est un messager de la résistance polonaise. En 1942, il entre dans le ghetto de Varsovie, puis essaie d'alerter le monde sur le sort de la Pologne et l'extermination des Juifs d'Europe.
Pourquoi Jan Karski n'a-t-il pas été écouté ? Que s'est-il passé, à Washington, en 1943, lors de son entretien avec le président Roosevelt ? Qu'est-ce que Jan Karski veut dire lorsqu'il déclare : « Je suis un catholique juif » ?
Ce livre, avec les moyens du documentaire, puis de la fiction, interroge le destin de cet homme exceptionnel, dont l'existence modifie l'histoire du XXe siècle.