'J'atteins l'âge où proposer une utopie est un devoir; l'âge où les époques à venir semblent toutes également éloignées: qu'elles appartiennent à des siècles lointains ou à de prochaines décennies, elles sont toutes tapies dans un domaine temporel que je ne parcourrai pas. »
À une époque où tout le monde ne parle que de «réalisme» pour en fait imposer la dictature de l'argent, Albert Jacquard prend ici du recul. Recul par rapport à sa propre trajectoire dont il retrace le fil; recul par rapport à l'actualité et ses contraintes en imaginant ce que pourrait être une «Cité où tout serait école », où le travail aliénant serait réduit au minimum, où personne ne se soucierait du déficit de la Sécurité sociale parce que les soins seraient considérés comme un droit imprescriptible, où la lutte pour la compétition serait abolie, où l'accumulation des richesses céderait le pas à l'organisation des rencontres...
Utopie que tout cela? Bien sûr, mais raisonnable. Le cours des choses n'a-t-il pas déjà commencé à donner raison à Albert Jacquard? Et puis, qu'y a-t-il de plus sensé que de chercher une nouvelle voie quand nous savons les autres irrémédiablement bouchées?
Présentation de l'éditeur
Incertain, narcissique, réflexif, en panne, autonome... Qu'on le critique ou qu'on le loue, l'individu contemporain est au centre des interrogations de la société. Face aux transformations sociales offrant à chacun à la fois plus de liberté et plus de responsabilité, face à la généralisation des valeurs individualistes, a surgi une série d'interrogations fortes : Qu'est-ce qui relie les individus entre eux ? Quel diagnostic global les sociologues portent-ils sur nos sociétés individualisées ? Quelles mutations peut-on voir à l'oeuvre dans la famille et les relations interpersonnelles ? Comment le travail ou la religion se transforment à l'heure du souci de soi ? Est-ce la fin de l'engagement solidaire ou politique ?
Réunissant les contributions des meilleurs spécialistes, ce livre propose un état des lieux dépassionné sur la question, avec, en toile de fond, un constat : l'avènement de l'individu, ce n'est pas « moins de société », mais au contraire une nouvelle façon de faire société.
Présentation de l'éditeur
La modernité se flatte de n'avoir gardé, comme critère départageant les actes licites et illicites, que le consentement des individus. Mais qu'entend-on par consentement ? Suffit-il à déterminer la légitimité d'un acte ou d'une conduite ? Est-il toujours une expression de l'autonomie personnelle ?
Un débat très animé oppose aujourd'hui ceux qui, au nom de la liberté la plus totale, défendent le consentement sans s'interroger sur les déterminations sociales, culturelles, économiques et psychologiques des choix individuels, et ceux qui, au nom de la dignité de la personne, excluent a priori la notion de consentement.
S'appuyant sur des exemples caractéristiques des questions que posent la vie sexuelle et l'éthique médicale contemporaines, l'auteur de cet essai engagé montre qu'il est parfaitement possible à chacun de décider de ce qui est bon pour lui sans pour autant oublier que la liberté humaine est toujours inscrite dans la réalité de la vie, et qu'elle n'a de sens et de valeur que lorsqu'elle s'articule à la responsabilité.
Présentation de l'éditeur
Tout au long du XXe siècle, les enfants, dans leurs poussettes, ont fait face à l'adulte qui les promenait. Jusqu'aux années 70, où un retournement massif est intervenu : brusquement, on s'est mis à orienter les enfants vers l'avant. Pourquoi cette inversion ?
La question, sous ses apparences anodines, nous entraîne dans une enquête inattendue et passionnante au coeur du monde contemporain. La démocratie et la science, nos références cardinales, ont contribué conjointement au retournement : l'une et l'autre privilégiant un sujet libéré du poids du passé, des entraves traditionnelles, un sujet regardant d'emblée vers l'avant et auto-construit.
Sommes-nous pour autant devenus des surhommes qui tirent leur être d'eux-mêmes et élaborent de façon autonome leurs valeurs ? Ou bien sommes-nous restés des hommes qui, à récuser toutes les autorités, risquent de s'abandonner aux déterminismes aveugles et aux fantasmes régressifs que, vaille que vaille, les civilisations s'efforçaient d'apprivoiser ?
Pour Olivier Rey, les récits inventés depuis un demi-siècle par la science-fiction sont moins fantaisistes qu'on ne le pense : ils nous instruisent sur un réel qui, sous des dehors rationnels, est plus que jamais gouverné par l'inconscient. Ses analyses éclairent les orientations actuelles de la biologie qui, s'emparant de la reproduction humaine, a entrepris de matérialiser des théories infantiles, de nous affranchir des chaînes généalogiques et de l'obscurité de l'origine sexuelle. L'examen des doctrines éducatives en usage, promouvant un enfant délivré de la tutelle des adultes, constructeur de ses savoirs et de lui-même, nous permet de mesurer à quel point l'utopie de l'auto-fondation a pénétré notre monde.
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Du jeune yogi dans l'Himalaya à «l'Einstein de l'histoire des religions», quel est le sens du chemin ?
Claude-Henri Rocquet interroge dans cet ouvrage Mircea Eliade, et de leurs entretiens surgit un monde fascinant : l'enfance roumaine et l'Inde, Tagore et Brancusi, Paris en 1945, Bachelard et Jung, Chicago et la jeunesse hippie, Allan Watts et Castaneda, l'amitié de Cioran et de Ionesco, ces deux autres «Roumains de Paris».
Nulle part ailleurs, Eliade n'a dévoilé avec autant de clarté les ressorts secrets de sa vie et de son oeuvre. La présence d'un poète, écrivain et essayiste de la taille de Claude-Henri Rocquet, cet autre voyageur du sacré, a fortement stimulé Eliade à aller aussi loin que possible. Ces entretiens nous font découvrir le visage de celui dont l'être intérieur se trouve à la frontière entre l'histoire des religions et la littérature, la philosophie des religions et la culture, le monde moderne et le monde ancien, la science et la sagesse. Ce qui frappe aussi dans L'épreuve du labyrinthe c'est l'actualité de l'oeuvre d'Eliade. Elle indique un chemin pour faire face à notre monde si trouble - celui du sacré. «[...] le sacré n'est pas un stade dans l'histoire de la conscience, c'est un élément dans la structure de la conscience. [...] Le sacré n'implique pas la croyance en Dieu, en des dieux ou des esprits. C'est [...] l'expérience d'une réalité et la source de la conscience d'exister dans le monde», nous dit Eliade.
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Dans la société moderne liquide, tous les individus vivent dans la crainte permanente de rater le prochain changement, d'être pris en flagrant délit de sieste, de rester à la traîne, de devenir eux-mêmes obsolètes.
La vie liquide est le triomphe du consumérisme. Tout, y compris l'homme, devient objet de consommation, avec une date de péremption au-delà de laquelle l'objet aussi bien que l'individu deviennent jetables. Comme l'amour qui s'inscrivant dans la durée est rejeté au profit de l'instantanéité du désir désormais revendiqué. Comme le savoir, dès lors que l'intelligence est définie comme celle d'un missile qui apprend en cours de route et doit oublier ce qu'il savait à chaque nouveau renseignement. Autant d'applications concrètes décrites avec humour qui font comprendre, comme en se jouant, le concept de liquidité.
Mais l'auteur ne se contente pas de décrire la société en voie de liquéfaction avancée, il cherche des pistes pour imaginer un avenir plus vivable. Difficile, on s'en doute, dans un monde embarqué dans l'express de la mondialisation.
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Qu'est-ce que la littérature peut apporter à la philosophie morale ? Il y a comme une matière commune à l'éthique et la littérature : elles semblent parfois parler de la même chose, décrire une même réalité morale. Mais rien n'est moins évident à saisir. Le contenu, la portée morale des ?uvres littéraires ou cinématographiques ne peuvent être déterminés par une connaissance, des arguments, des jugements ; pourtant, ces ?uvres nous apprennent quelque chose, nous éduquent, donnent forme à notre vie. Comment expliquer sinon l'intérêt passionné que nous portons à la personne et à la vie des personnages de roman ou de cinéma, à leurs désirs et à leurs émotions, aux conflits éthiques qu'ils affrontent, à leurs expériences et aventures morales ? Ce volume veut suggérer que la littérature, par l'éducation sensible qu'elle nous offre, définit une nouvelle forme d'attention à la vie humaine ordinaire avec la perception de ses détails et différences, la sensibilité au sens et à l'importance de ses moments. La lecture se révèle une véritable expérience, indissolublement intellectuelle et sensible : une ' aventure de la personnalité ' (Martha Nussbaum), qui transforme la nature de la pensée morale.
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Philosophie et Différence. Sous ce titre général, je me propose de réfléchir, dans un premier temps, sur ce qui unit de manière intrinsèque l'exercice du philosopher et le déploiement de la différence, que ce soir celle de l'être et de l'apparence (Parménide), du sensible et de l'idée (Platon), du phénomène et de la chose en soi (Kant), de la conscience et de l'esprit (Hegel), de l'empirique et du transcendantal (Husserl), de l'ontique et de l'ontologique (Heidegger).
Dans chacun de ces cas cependant, la différence est à la fois pensée comme séparation et comme lien. Il faudrait alors, dans un deuxième temps, montrer que l'on trouve dans la philosophie contemporaine, et singulièrement la phénoménologie, une pensée de l'avènement de la différence qui fait d'elle tout autre chose qu'une distinction subsistante.
C'est ce qu'il s'agirait alors d'élucider chez le «second» Heidegger, mais aussi chez Merleau-Ponty et Derrida. Françoise Dastur
Ce volume regroupe une série de leçons professées sur les grands penseurs allemands, notamment sur l'oeuvre de Martin Heidegger, dont Jean Beaufret fut l'interlocuteur privilégié. C'est le deuxième tome d'un ensemble qui constitue une véritable somme, tout à la fois introduction à et histoire de la philosophie.
Le volume I consacré à la philosophie grecque est toujours disponible.
L'argument du cours a été le suivant : on a défini comme relevant du Neutre toute inflexion qui esquive ou déjoue la structure paradigmatique, oppositionnelle, du sens, et vise par conséquent à la suspension des données conflictuelles du discours. Le relevé de ces inflexions s'est fait à travers un corpus qui ne pouvait être exhaustif ; cependant, les textes des philosophies orientales et mystiques se sont trouvés naturellement privilégiés. [...] A travers des touches successives, des références diverses (du Tao à Boehme et à Blanchot) et des digressions libres, on a essayé de faire entendre que le Neutre ne correspondait pas forcément à l'image plate, foncièrement dépréciée qu'en a la Doxa, mais pouvait constituer une valeur forte, active. R. B.
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