Tantôt ténue, délicate, à l´image des tapisseries traditionnelles, tantôt vociférante et éclatée, tel un oued en crue, la poésie algérienne a accompagné les douleurs et annoncé les orages historiques. Cette anthologie de poètes contemporains veut faire entendre les cris engagés des poètes de la résistance comme ceux de leurs héritiers qui ont fait de la langue française, ce ' tribut de guerre ', l'outil d'un dialogue entre les deux rives de la Méditerranée.
Avec Jean-Claude Pirotte et Jean-Pierre Verheggen, William Cliff (né à Gembloux en 1940) est l’un des poètes les plus singuliers de l’actuel champ poétique belge. Usant d’une forme ostensiblement classique, il réussit, par les situations et les thèmes abordés, à créer de parfaits objets de scandale. Il a le verbe violent et voyou, l’inspiration à l’affût des désirs quotidiens, en tous lieux et en tous pays. Ce dont témoignent à l’évidence les deux recueils initialement parus en Blanche repris dans ce volume de Poésie/Gallimard : America et En Orient, respectivement publiés en 1983 et 1986, et qui assurèrent d’emblée à leur auteur audience publique et reconnaissance critique. Les voyages, avec leur part d’errances et de rencontres imprévues, donnent le mouvement et le cadre de ce livre double qui vagabonde et passe du continent américain aux contrées d’Asie. Ainsi America est composé de poèmes inspirés par deux longs séjours en Amérique du Sud et deux voyages aux Etats-Unis. Tavalera décrit en alexandrins la traversée vers l'Amérique du Sud à bord d'un cargo allemand qui porte ce nom. Puis viennent Montevideo et Cône Sud. William Cliff évoque les plages, les bidonvilles, ses brèves aventures homosexuelles. Dans les deux dernières parties, Philadelphie et Cape Cod, il raconte les étapes de son périple aux Etats-Unis. Dans cette déambulation de poète voyageur, William Cliff est à son meilleur. Le Nouveau Monde lui inspire des images aussi désolées que l'Ancien. Il est désespéré, grinçant, funèbre et malgré tout drôle. Dès les premières pages, on reconnaît un ton, une allure, une désinvolture révoltée qui n’appartiennent qu’à celui qui avoue pratiquer l’alexandrin « comme on gratte dans son nez pour s’occuper ». William Cliff : un dynamiteur de pensées molles et de comportements convenus, un maître du langage impeccablement dévoyé.
Ces poésies ont principalement été écrites en 1980 lors d'un séjour de l'auteur en Italie. Elles évoquent l'amour spirituel, la morale joyeuse, l'obsession des langues ou encore l'imaginaire lié au voyage.
Le coffret regroupe les oeuvres poétiques lyriques de M. Tsvetaeva (1892-1941), recueils parus dans des périodiques russes ou inédits.
Anthologie de l'oeuvre de ce poète liégeois, qui explore les mystères du corps et du désir
Dévoile un je qui n’a de cesse qu’il ne naisse. Naisse non pas ici ou là, nu au hasard, aventureux, sans lien aucun avec le jeu de toute aînesse, mais dans ce lieu, ce nid, ce trou, qui en toi nie ce qui se noue et de la vie déjoue l’ivresse. Dévoile un je qui n’a de hâte qu’il ne happe au gré des vents tout ce qu’il hante de sa voix. Tout ce qu’il presse de sa langue en lui repue. Tout ce qu’il hante de l’oubli tant il lui manque. Tant se dérobe sous son pas ce lieu qui tangue sans milieu. Ce lieu qu’il ronge à s’égarer sans appétit. Ce lieu qu’il dresse à s’épuiser le temps qu’il tue à y puiser de quoi passer. Ce lieu sa gangue de passage. Ce lieu passager d’utopie. Ce lieu confît de cécité. Ce lieu sans nom. Ce lieu non dit. Ce lieu message et messager de tout mensonge. Ce lieu d’un songe qu’il ne fait que dans la rage. Ce lieu dont il – ce je divis – détruit le corps mais non l’idée. Et d’où chaque heure ou chaque nuit, dans un sommeil dont il ne suit sans s’apeurer tous les transports, il tente en vain de s’arracher, de se soustraire et retrancher, comme d’un tout ou d’une somme on ôte un lien surnuméraire, afin d’enfin prendre son vol, affirmer son essor, développer son poids dans la nue qu’il médite au plus loin de lui-même, écho coupé de sa redite…
Extrait
Ce volume rassemble des poèmes de Paul Éluard (1895-1952) publiés pendant la Seconde Guerre mondiale, le plus souvent dans la clandestinité sous des pseudonymes tels que Jean du Haut ou Maurice Hervent, dans divers recueils, revues et brochures (dont L'Honneur des poètes, Minuit, juillet 1943 et Europe, Minuit, mai 1944). Ainsi le recueil Poésie et vérité 1942, publié en octobre 1942 aux Éditions de la Main à la Plume, et dans lequel figurent «La Dernière Nuit et quelques autres poèmes dont le sens ne peut guère laisser de doutes sur le but poursuivi : retrouver, pour nuire à l'occupant, la liberté d'expression». L'un de ces «quelques autres poèmes» est Liberté.
«Et partout en France, écrit Paul Éluard dans la bibliographie du recueil, des voix se répondent, qui chantent pour couvrir le lourd murmure de la bête, pour que les vivants triomphent, pour que la honte disparaisse.»
Ces poèmes d'Éluard furent recueillis en un volume publié aux Éditions de Minuit en avril 1945, avec trois autres poèmes inspirés entre 1936 et 1938 par la guerre d'Espagne. C'est cette édition qui est reprise ici.
Qu'est-ce qu'un nuage, si ce n'est un arbre en marche ? Et qu'est-ce qu'un arbre, sinon un nuage qu'on ne regarde qu'une fraction de seconde ? Sur cette hypothèse très simple, mais qui n'est pas sans rapport avec le principe moins banal de la métaphore, le présent recueil offre une série de variations qui mélangent allègrement le quotidien et ce qui le déchire, le surprenant et ce qui le banalise, les fantaisies du premier venu et quelques grands moments de l'histoire de l'art et de la littérature, les célèbres photographies de nuages réalisées par Stieglitz et des tableaux ou études d'arbres par des artistes comme Cézanne, Magritte, Scorsese, Antonioni ou encore Kafka. À chaque fois, l'ambition de l'auteur et de l'illustrateur est de faire partager le moment où naissent, puis s'évaporent les images, les idées, les textes.
«Les saints les plus passionnants sont ceux dont l’existence n’est attestée que par la tradition populaire. C’est le cas de saint Fromont, dont on célèbre le culte – non reconnu par l’Église mais constant depuis des siècles – sur le plateau de l’Ajoie, un terroir du Jura suisse entre Boncourt et Porrentruy, demeuré à l’écart et toujours attaché aux anciennes croyances.
J’ai voulu connaître le paysage où s’est déroulée, au temps du colombanisme, la vie rêvée de saint Fromont. Nous avons séjourné là, ma compagne et moi, sous l’invocation du saint, pendant des mois. Il en est résulté cet hommage aux coteaux forestiers, aux friches et aux miracles, alors que le mont terri, à l’est, borne de sa masse mouvante l’enclave de l’Ajoie. Ce livre est aussi un hommage à Pierre-Olivier Walzer, l’auteur admirable et ludique des Saints du Jura. Peut-être ai-je réussi à redonner vie à Fromont, ermite du désert, qui m’a secrètement invité à le redécouvrir, dans un mélange de foi et de paganisme.»
Jean-Claude Pirotte
L'un des derniers recueils de poésie composé par F. Jacqmin, poète liégeois. Il révèle sa fascination pour l'effacement, la fuite du temps, ainsi que pour la blancheur et la pureté, des thèmes liés à l'imaginaire de l'hiver.