'Vague inquiétude ce matin. Même ce plaisir que j'avais au jardin, je le perds. La peau des hommes, comme la terre des jardins, c'est ce qui maintenait le contact. Mains fouillant la terre ou caressant les corps, j'étais en vie, dans la confiance de la vie. Si je renonce au sexe et me détache de la terre, je perds mes deux seuls points de soudure avec le monde du dehors.'
Un écrivain parisien a fui la ville pour s'installer seul avec sa chienne à la campagne, sur une colline battue par les vents. Qu'est-ce qui lui a pris ?
La violence des éléments n'a d'égale que l'âpreté des moeurs. Au gré des saisons qui transforment son jardin, il se révèle et se cache tout à la fois, nous invite à partager ses amitiés fidèles et ses rencontres d'un soir. L'arrivée du jeune Zacharie pourrait bien bouleverser son existence.
Présentation de l'éditeur
C'est un garçon de café. Il travaille à Asnières, près du tunnel de la gare. Il voit des voyageurs, toujours pressés, longer le café, parfois ils entrent. 'Je ne regarde pas trop dehors, parce que tout ce qui m'importe dans la vie finit toujours par s'installer en face de moi à mon comptoir.'
Certains clients, Pierre les aime bien. Le jeune homme vêtu de noir qui ne boit que de la bière en lisant Primo Levi, la femme 'perdue dans sa beauté' qu'il ne verra qu'une fois, le type qui se met à poil pour aller se jeter dans la Seine quand il a pris une cuite. Et puis il y a la serveuse, Sabrina, une fille courageuse, toujours pimpante pour ses deux gamins qu'elle élève seule. Il aurait pu l'aimer, peut-être, mais il y a si longtemps qu'il n'a pas emmené une femme dans son studio, et la dernière il l'a quittée, va savoir pourquoi...
Sauf que son comptoir, bientôt, n'accueillera plus les gens du quartier. Les patrons ne vont pas fort en ce moment. Alors, pour le garçon de café, se profile peu à peu la vraie solitude : plus personne à qui prêter l'oreille. Et toutes ces histoires qui vibraient autour de lui, toutes ces vies qui palpitaient se font silence.
Présentation de l'éditeur
'A' comme 'Apollinaire', mais aussi 'Age des lectures'. 'B' comme 'Balzac', mais aussi 'Bibliothèques de maison de campagne', 'Belle du seigneur'. 'C' comme 'Corneille', mais aussi 'Commencer (par quoi)'. 'D' comme 'Du Deffand', mais aussi 'Décadence et mort d'un écrivain' ou 'Del Dongo'...
De François Villon à Françoise Sagan, le Dictionnaire égoïste de la littérature française rassemble des auteurs célèbres et des méconnus, des oeuvres lues et d'autres qui pourraient l'être davantage, des personnages de fiction, des notions. Ce n'est pas un dictionnaire comme les autres. Il est érudit, allègre, partial, drôle, s'intéressant aux êtres en plus des écrits, brillant, inattendu. Bref, il est à part. c'est un exemple achevé de gai savoir.
Présentation de l'éditeur
'Le 20 juin la météo prévoyait enfin du beau temps, bien qu'assorti de températures assez basses pour la saison. C'est alors que les choses commencèrent vraiment pour Adam Volladier.'
Subitement, il se découvre un don d'ubiquité sociale: sans raison, une foule de gens reconnaissent en lui qui un dentiste clermontois, qui un oenologue, qui un acteur de série télévisée... Adam résiste - très peu - , puis se laisse glisser dans ces identités, émerveillé par les vies qu'on lui attribue, qui l'enivrent et qu'il endosse comme un costume ou une nouvelle veste.
Mais peut-on poursuivre un pareil jeu lorsqu'il s'agit de prende la place d'un amant? Que faire lorsque Rita - une femme ravissante travaillant dans une galerie d'art - le prend pour Georges Fondel, l'homme dont elle est amoureuse? Adam ne réfléchit pas: il sera Georges Fondel.
Le choix, bien sûr, n'est pas sans risques. Le vrai Fondel est un escroc. Après avoir volé une toile célèbre au musée d'Orsay, il a disparu sans laisser de traces et ses complices le recherchent...
Présentation de l'éditeur
J'ai l'âge d'être le père du jeune homme qui écrivit mon premier roman et il m'apprend que le désir n'a pas d'âge, que le désir est insatiable. F.W.
Dans l'Europe des années soixante, un jeune cinéaste voyage beaucoup et découvre un opéra célèbre : Salomé. Il mêlera désormais les femmes dont il rêve, qu'il appellera toutes Salomé, aux femmes moins nombreuses mais réelles de sa vie. A la fois écorché vif et témoin ironique de sa propre vie, il se laisse emporter par le tourbillon de ses multiples rencontres à Venise ou Amsterdam, dans les trains de nuit et les aéroports. Il commence une cure de psychanalyse mais préfère se confier à sa machine à écrire. S'agirait-il des confessions d'un enfant du vingtième siècle ?
Salomé est écrit en 1968 et 1969. L'auteur a vingt-sept ans. Ce roman est resté inédit jusqu'à jour. François Weyergans y découvre 'en direct' les plaisirs du jeu avec les obsessions tenaces, les fantasmes, les peurs et la libido effrénée du premier en date de ses narrateurs. Tous les éléments de son oeuvre future sont déjà présents dans ce texte fondateur au ton si singulier, alliant, sur un rythme irrésistible, rage et allégresse, érotisme et désarroi. Trente-sept ans et douze livres après, le voile est levé : Comme Salomé est belle ce soir !
Présentation de l'éditeur
Prix Goncourt 2005
'Dans le train, il colla sa tête contre la vitre et aperçut en surimpression, flottant au milieu d'un décor de broussailles, un visage blême et crispé, le sien, avec son front reconnaissable, haut et dégarni, ses paupières gonflées et sa bouche aux lèvres minces. Il eut envie de se dire à lui-même : 'Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?' Ce visage si près du sien lui inspirait une profonde sympathie.'
Nuit après nuit, un homme très perturbé se protège en évoquant son passé - tant de voyages, tant de rencontres amoureuses qui restent obsédantes. Sa mémoire lui donne le vertige. Ses souvenirs l'aideront-ils à aller mieux ? Il s'invente une série de doubles qui mènent une vie sentimentale tout aussi agitée que la sienne. Il voudrait aller rendre visite à sa mère. Elle vit seule en Provence et aura bientôt quatre-vingt-dix ans. Il a d'abord un travail à finir. Sa mère lui déclare : 'Au lieu d'envoyer des fax à ta dizaine d'amoureuses, tu devrais publier un livre, sinon les gens vont croire que tu es mort.'
Mieux que personne, François Weyergans mêle la profondeur et l'humour, l'émotion et le rire, dans ce roman qui affirme avec force les pouvoirs de la littérature.
Présentation de l'éditeur
Premier roman
« Parfois, on grandit de l'âme avant de grandir des pieds. Olé »
Dans une Belgique d'après mai soixante-huit, une petite fille « changeante comme une météo » renifle son monde. Et toute enfance, entre deux sucreries, a ses trous au coeur : maman qui sait tout est immense comme une déesse, mais pourquoi son sourire s'écaille-t-il si souvent jusqu'aux larmes ? Papa est un farceur qui lui apprend des chansons cochonnes, mais pourquoi a-t-il parfois des étincelles sombres dans les yeux ? Pourquoi la grand-mère maniaque, avec son eau de Javel et son oeil de patate dans le cerveau, extermine-t-elle comme des microbes les mondes imaginaires et les pensées magiques de l'enfance ? Et, surtout, pourquoi Dieu s'invite-t-il dans les rêves d'une enfant dont la famille n'est pas croyante ?
Par son regard aigu, son envie de comprendre, de donner un sens à sa vie, la narratrice transforme l'illusoire simplicité de l'enfance en autant de questions essentielles : comment devenir soi ? Est-on responsable du bonheur de sa famille ? Comment faire sourire sa mère ? Et comment faire quand on souhaite mourir, mais qu'on a quand même envie de pudding au chocolat pour quatre heures ?
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Vaste chronique de l'Amérique profonde, Un As dans la manche est une série de scènes colorées et anecdotiques en trente-trois chapitres qui plongent le lecteur au c?ur du Texas le plus reculé, le Panhandle.
Bob Dollar, élevé par un vieil oncle brocanteur chez qui il travaille vaguement, à sa sortie de l'université, décide à 25 ans de prendre sa vie en mains. Il est engagé dans la société The Global Pork Rind Compagny. Son job : écumer le Texas et y découvrir des sites pour élever des porcs, puis convaincre les propriétaires de ces fermes plus ou moins ruinées de les céder à la société. Se déroule alors une longue suite d'aventures quotidiennes, au contact de personnages extrêmement variés, dans un kaléidoscope de situations pittoresques et drôles.
Dans ce récit picaresque et dépaysant, Annie Proulx fait preuve d'un rare sens de l'humour et de la description. On y trouve l'incroyable richesse descriptive, l'énergie dans l'écriture de l'auteur, un style inimitable.
Présentation de l'éditeur
Au hasard d'un déménagement de sa mère, la narratrice tombe sur une boîte où est remisé tout de qui reste de son père : entre autres papiers, un certificat de démobilisation, le câblogramme annonçant sa naissance, et puis une montre.
« D'un geste machinal, j'avais mis la montre en marche. Le tic-tac avait surgi avec une violence inattendue. J'avais cru ne pas survivre à ce bruit presque imperceptible, cette course inexorable de la petite trotteuse qui me donnait le vertige. Trente ans après sa mort, mon père me quittait de nouveau. La douleur était entrée en moi d'un seul coup. »
Depuis qu'elle a retrouvé cette montre, qui ne la quitte pas, la narratrice s'est elle-même mise en mouvement : suivant une impulsion implacable, elle visite des maisons, comme pour retrouver le lieu d'un rendez-vous manqué.
Alors qu'elle est au bout de son improbable quête, le présent se substitue de plus en plus souvent, en autant de fondus enchaînés, à des scènes de sa vie passée : dans l'hôtel où elle s'est installée, le gros chat orange la renvoie à celui qui l'attend quelque part, mais aussi au compagnon de ses jeux de petite fille ; les pas de son voisin se superposent à ceux de son père, lourds de chagrin ; l'ombre de sa mère, silhouette frivole, rôde?
Dans la maison du bord de mer, dernière étape du périple, la houle des souvenirs l'assaille : les images de son enfance qui commença avec la guerre, celles des uniques vacances en famille, un désastre, celles d'esquisses de maisons aussi, dessinées par un père triste et mystérieux, mort trop tôt et avec qui pourtant elle n'a pas cessé de s'entretenir.
Peu à peu se construit, sous nos yeux, et presque à l'insu de la narratrice, un magnifique et subtil roman des origines : les fils de sa vie se dénouent, elle comprend, à la faveur des scènes qui se superposent dans son esprit, sa fascination pour le théâtre et son désir constant de trouver dans les mots des autres un début d'explication. Ses engagements politiques enfin s'éclairent à la lumière des idées qu'elle soupçonne avoir été celles de son père? et elle connaît enfin l'apaisement.
Jamais Michèle Lesbre n'est allée si loin dans l'entrelacement de son expérience intime et de la fiction, et jamais elle n'a montré de manière si lumineuse le pouvoir rédempteur des mots, qu'elle tisse comme un enchantement.
Présentation de l'éditeur
J'allais souvent céder à l'appel de l'innommable frontière, tout au long de ces années quatre-vingt, m'engouffrer dans le flanc est de la bête nommée Europe, découvrant à chaque passage un lieu inamovible et insoupçonné de la nostalgie, qui peut-être n'est que la voix de la mémoire; tout autour se levait un théâtre, un monde de fantômes qui cherchaient encore leur port en chuchotant hâtivement leur histoire à qui se souciait de l'entendre. Et le froid, sous son écorce, scellait l'empreinte d'une rencontre.
Le vieil empire faisait encore entendre ses voix aux abords des frontières : le hongrois pénétrait par l'ouest en Transylvanie, par le sud en Moravie; l'allemand par le nord en Hongrie et en Moldavie, par l'ouest en Bohême, l'ukrainien se mêlait au roumain et au russe dans une poche orientale; ce monde était un monde de minorités dispersées, traversé de colonies et de mouvances.
Cette matrice de l'Europe orientale, je l'avais poursuivie depuis ma naissance, me mouvant à tâtons dans une contrée où l'âme se languissait, j'étais peu à peu remonté à lentes brasses vers ses eaux, cherchant le courant qui me guiderait vers de nouveaux échos. S.B.
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