Louis Capet, suite et fin

Louis Capet, suite et fin
Benoziglio Jean-Luc
Ed. Seuil/Fiction & Cie

Si chacun sait bien que Louis XVI, échappant de justesse à la guillotine, fut par la Convention condamné au bannissement perpétuel, l'on connaît moins, en revanche, les innombrables difficultés rencontrées à l'époque pour trouver au souverain déchu une terre d'exil qui veuille bien le recevoir, et l'on ignore presque tout des raisons qui poussèrent finalement la Suisse à accueillir Louis Capet et à le reléguer à Saint-Saphorien, petite bourgade des bords du Léman, dans un territoire alors possession des baillis de Berne.


Basé sur de nombreuses archives inédites, se lisant comme un vrai livre d'histoires et sur un ton dont la légèreté n'exclut pas le sérieux, ce roman nous révèle donc l'accueil... mitigé que le ci-devant monarque reçut à son arrivée au pays de Vaud, les hôtes... inattendus qui s'en vinrent le visiter, les diverses péripéties... tragicomiques qui, d'octobre 1795 à janvier 1798, marquèrent son séjour forcé dans la région et la fin... logique qu'il y trouva. J.-L. B.


Portrait du Gulf Stream. Eloge de tous les courants

Portrait du Gulf Stream. Eloge de tous les courants
Orsenna Erik
Ed. Seuil

Dans ma famille, de tradition catholique, nos prières se devaient de rendre hommage à Dieu (pour l'ensemble de son oeuvre). Mais, tout de suite après, il nous fallait dire notre gratitude au Gulf Stream (pour la chaleur de l'eau et la tiédeur de l'air).

Chaque fois que nous sortions, grelottants, de nos bains glacés de Bretagne, une grand-mère était là pour s'exclamer: «Remercie donc le Gulf Stream! Sans lui, notre mer serait froide.»

Et chacune de nos promenades au jardin s'accompagnait de gloussements: «Qu'il se porte bien ce palmier, il me rappelle Alger. Qu'il monte haut cet agave, on dirait Madagascar!»

Au fond, le Gulf Stream nous consolait de la perte de nos colonies. Bien des années ont passé. Et aujourd'hui mon cher Gulf Stream m'inquiète.

Sa santé me préoccupe. Va-t-il un jour, bientôt, comme on le dit, s'arrêter de couler?

Qu'adviendra-t-il de la douceur de nos climats?

Longtemps, j'ai fermé les yeux.

Mais le moment est venu.

Je ne suis pas scientifique. Plutôt promeneur.

Alors, des violents remous du détroit de Floride aux maelströms de Norvège, des rivages fleuris d'Écosse aux abords légendaires de Nantucket, je suis allé, par les chemins de terre ou de mer, rencontrer les savants et les lieux. E.O.




Rue Félix-Faure

Rue Félix-Faure
Bugul Ken
Ed. Hoëbeke/Etonnants voyageurs

La rue Félix-Faure, c'est la rue de la vie, des bars clandestins, des tripots où coulent à flots le vin Kiravi Valpierre et la bière Gazelle Coumba. Dans la rue Félix-Faure se côtoient dans des éclats de rire des jeunes femmes aux dos nus, se mêlent dans un énorme tohu-bohu des gens venus de tous les horizons, miséreux à la poursuite de leurs rêves, immigrés cap-verdiens. « La rue Félix-Faure est la rue de Dieu », résume le philosophe de la rue - bien loin de ces sectes qui prolifèrent à l'extérieur, et de ces moqadems qui humilient les femmes, au nom de leur prétendu Dieu.
Mais voilà qu'une masse sombre envahit la rue, réveille les douleurs tues - d'où vient Muñ, la fille silencieuse, quelles histoires se disent derrière les blues de Drianké, les mornas de Tonio ? Un matin quatre femmes recouvertes de voiles s'éloignent du corps d'un lépreux découpé en morceaux, jeté sur le trottoir. Et la clé du mystère est peut-être dans un tapuscrit ramassé un matin dans une courette...
Une enquête policière écrite comme un poème, un hymne à la vie, plus forte que les porteurs de mort, et une quête philosophique menée au son du violon, du blues, et des rires des filles au teint couleur caramel.
Présentation de l'éditeur

L'amour dans le temps. Essai autobiographique

L'amour dans le temps. Essai autobiographique
Pachet Pierre
Ed. Calmann-Lévy

« L'amour dort dans l'air, sur le vent.
Il ne laisse pas de trace matérielle. Il ne laisse pas de trace entre les amants.
Chacun d'eux a été transformé par son passage, rendu meilleur peut-être, plus humain, plus exigeant ou plus amer. Ou plus aimant (comme il apparaîtra au prochain passage de l'amour, s'il repasse).
Je t'aime - et notre amour est d'autant plus vrai, poignant et indubitable, qu'il n'est suivi d'aucun : et je t'aimerai toujours.
Je t'aime les yeux ouverts, même si tu es par excellence la femme à côté de qui je peux dormir.
Ainsi l'amour est pleinement dans le temps. »

Comment le chagrin d'avoir perdu une femme aimée se transforme en besoin d'aimer, en désir, en ouverture à la multiplicité des désirs ; comment cette modification de son être intime et presque de son identité peut mener à une fidélité plus profonde ; ce qu'est la chaîne qui conduit d'un amour à d'autres, à un autre ; à quoi l'amour engage, ce qu'il demande...
Ces questions surgissent ici à travers des circonstances, des rencontres, des situations et des portraits. L'auteur raconte, se souvient, décrit, s'interroge sur l'histoire dont il est le personnage principal, et cherche à la rendre visible pour chacun - et d'abord pour lui-même.
Présentation de l'éditeur

Le coeur de la lutte

Le coeur de la lutte
Renonçay Philippe
Ed. Climats/L'Eclaircie

- Sur cette photo j'en veux à tout le monde... sans exception... Est-ce que cela se remarque ?
Oui. Samuel Cardoso répéta ce mot, comme s'il voulait insister, assurer Malena qu'il avait saisi le coeur de ce qu'elle venait de dire, cette rage, cette haine furieuse, ancestrale, tournée vers le monde et dont personne n'était excepté et surtout pas elle.
- Est-ce que l'on voit l'espoir également ?
- L'espoir ?... On le devine, dit Cardoso d'une voix basse.
Et l'immense tristesse eut-il envie d'ajouter aussitôt, qui débordait tout le regard, le corps livré, fouillé, le sexe, la pièce livide et la lumière qui coulait sur le monde.
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Le coeur de la lutte
est le quatrième roman de Philippe Renonçay.

Voyage à Oarystis

Voyage à Oarystis
Raoul Vaneigem & Giampero Caiti (ill.)
Ed. Estuaire/Carnets littéraires

Proche du carnet de voyage, ce récit permet de découvrir la ville utopique imaginée par Raoul Vaneigem.
Le narrateur et sa compagne Euryménée partent pour un séjour de trois semaines à Oarystis, ville-oasis affranchie des oppressions séculaires. Cette ville aquatique s'inspire de Venise, du grand Canal et de ses quartiers labyrinthiques. Cernée d'arbres, elle abrite sept mille habitants. Les étrangers, naufragés de vieilles civilisations, en peuvent y séjourner plus de trois semaines, le temps de se forger une opinion qui, dès leur retour, pourrait transformer le vieux monde.
Nos guides-explorateurs nous font traverser cette ville, de la Place Ephémère au quartier des Mille cultures, de la Place de la Commune au quartier des Illuminés, du Musée du passé à la Cité des morts... où il n'y a ni temple, ni église, ni synagogue, ni mosquée, ni caserne ! Ce Carnet est une incitation à exercer une liberté démesurée. Conjuguée à une imagination créatrice, elle libérera le génie humain.
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Première fiction du situationniste belge.

On vit drôle !

On vit drôle !
Otto Ganz & Anne Guilbault
Ed. Maelström

C'est le regard tourné vers la forêt que Petite-Misère comprend l'instabilité du sol sous ses pas. C'est guettant la mort d'une étoile dans le ciel qu'elle apprend la solitude et l'abandon.
Dans la maison qui fuit, elle assiste, impuissante, à la disparition de ceux qu'elle aime. Attentive aux bruits de la terre qui digère, aux souffles des fées et aux esprits qui reviennent, elle se raconte une histoire pour affronter les ombres?
Entre sa maison de poupée habitée par le vieux Samuel, la ferme de Grand-mère, qui pleure ou maudit ses disparus, et la cabane de Franz, le soldat déserteur, il n'y a guère, sous ses pas, que ce sol qui se dérobe et avec lui toutes ses certitudes...

L'univers de Petite-Misère, petite peste devant l'éternel, irrévérencieuse, enfant protégée par sa deuxième peau, oscille entre tendresse et cruauté.

Un roman à deux mains mais une seule voix. Réalisant une expérience hors normes, les auteurs (le Belge Otto Ganz et la Québécoise Anne Guilbault) font progresser le récit tantôt en alternance, tantôt en réécriture commune, et créent un espace littéraire qui bouscule non seulement le temps, mais aussi les lieux, les objets du quotidien, les références culturelles et jusqu'à l'écriture elle-même?

Comme si seule une musique

Comme si seule une musique
Soil Daniel
Ed. Luce Wilquin

A l'heure même où l'Histoire sombrait dans sa période la plus noire, Vital, Gloire, Flore et Luca - quatuor passionné et léger, amoureux et pétri de justes causes - vivaient une existence turbulente où périls et plaisirs s'entremêlaient, au son du Lambeth Walk, la danse à la mode.
Felicity, la fille née de cette belle équipe, revient sur l'île du lac de Côme où tout s'est joué et s'interroge : comment une puritaine fervente, teigneuse et pacifiste a-t-elle fini par rejoindre les communistes ? Ou encore : l'amour peut-il se nourrir de la colère même ?
L'auteur fait virevolter les époques, leurs drames, leurs frasques, et l'universelle ritournelle des sentiments, allant jusqu'à convier à sa table Monteverdi, dont l'Orfeo est revisité par un joueur de luth arabo-andalou ! Comme si seule une musique pouvait restituer la cruauté des amours, l'audace des hasards.
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La théorie des nuages

La théorie des nuages
Audeguy Stéphane
Ed. Gallimard/Blanche

«Il est question de nuages et Virginie Latour commence à comprendre. Elle comprend qu'au début du dix-neuvième siècle quelques hommes anonymes et muets, disséminés dans toute l'Europe, ont levé les yeux vers le ciel. Ils ont regardé les nuages avec attention, avec respect même ; et, avec une sorte de piété tranquille, ils les ont aimés.»

Akira Kumo est un couturier japonais. Il collectionne les livres consacrés aux nuages. Pour classer sa bibliothèque, il engage Virginie Latour, une jeune femme, à qui il raconte des histoires de chasseurs de nuages. Celle de Luke Howard qui inventa leurs noms, celle de Richard Abercrombie qui fit le tour du monde pour voir s'ils étaient partout identiques, d'autres encore, aussi surprenantes que le jeu des nuées.
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Voix sans issue

Voix sans issue
Curiol Céline
Ed. Actes Sud

Elle est jeune, elle vit à Paris et travaille à la gare du Nord. Invisible, elle annonce l'arrivée des trains, les horaires, les départs et les voies, accompagne l'éloignement, la séparation ou l'espoir. Seule elle rentre chez elle, elle attend l'appel de l'homme qu'elle aime. Un soir d'ivresse, ils se sont embrassés, mais l'homme est amoureux d'un Ange, une créature ineffaçable.

Seule elle quitte son appartement pour tuer le temps dans les rues de la ville, dans ces quartiers dangereux à la nuit tombée, ces boîtes et ces cafés où la beauté est encombrante. Car la jeune femme vit là, attentive, sensible à cette réalité urbaine. Elle ne se dérobe pas, elle convoque le hasard et la sincérité comme on joue au poker. Juste pour voir, pour entendre le réel, être présente au monde. Lentement elle interpelle celui qu'elle aime. Lentement il vient vers elle.

Céline Curiol met en scène l'histoire d'une femme qui, par-delà son obsession, fait preuve d'une absolue compassion pour les autres, ces inconnus des rues qui, dans l'instant, viennent bousculer son individualité. Et c'est dans cette confrontation entre l'intime et l'anonyme, entre la dépendance amoureuse et les pulsations de l'humanité que cette jeune romancière, tel un conteur expérimenté, impose une remarquable vision existentielle du monde contemporain.
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