Le Livre des employés

Le Livre des employés
Convert Jean-Philippe
Ed. Eléments de langage

Composé de 365 fragments, Le Livres des employés est un parcours de mémoire insolite, à suivre à la lettre, ou pas. Ce n'est pas un dédale mais un proposition narrative où se mêlent les souvenirs, les faits divers, les livres et les rêves. Au lecteur de s'y aventurer, à son rythme, en toute liberté. Il y rencontrera une multitude de personnages, en reconnaîtra certains, qui lui serviront de guide. Il écoutera leur histoire et, dans un jeu d'échos et de correspondances, il y trouvera son propre chemin.

 

Monsieur Albert. Cossery, une vie

Monsieur Albert. Cossery, une vie
Andrau Frédéric
Ed. Corlevour

Soixante ans dans une chambre d’hôtel à Paris, huit livres publiés, des années à donner l’impression de ne rien faire, un détachement absolu de tout bien matériel et, au bout du compte, une vie qui tient dans trois cartons... Voilà comment pourrait se résumer la longue existence d’Albert Cossery.

Mais ce serait sans compter avec l’indélébile empreinte qu’il a laissée dans la littérature française, dans le monde des lettres en général et à Saint-Germain-des-Prés en particulier...

Après avoir rendu hommage, à sa façon, à Christine Angot dont il a fait le personnage principal de son roman précédent, Frédéric Andrau évoque cette fois-ci un autre écrivain, Albert Cossery, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance.

À travers ce récit, qui est à la fois une visite intime de son univers et une évocation de son parcours littéraire, avec un mélange habile d’émotion et d’humour, l’auteur rend un hommage vivant et vibrant à l’écrivain disparu en 2008 qui avait su si bien faire de ses origines égyptiennes une carte de visite.

Après À fleur de peaux (Le Sémaphore 2005) et Quelques jours avec Christine A. (Plon 2008), Monsieur Albert est le troisième livre de Frédéric Andrau.

L'origine de la danse

L'origine de la danse
Quignard Pascal
Ed. Galilée

Dans l’eau du ventre ils se dépliaient, ils touchaient, ils exploraient, appuyant le pied sur un point d’élan ils gravitaient, ils tournaient et se retournaient, dans l’ombre, ils dansaient presque.
Tout à coup ils dansent vraiment - tout à coup ils surgissent dans la lumière, dans le froid, dans l’air, et là ils tombent. Ils s’effondrent dans la décoordination, dans la non motricité, dans la défaillance musculaire. Ils ne sont plus des foetus, ils sont devenus des enfants envahis de souffle, immergés dans l’air lumineux et l’audition d’une langue parlée dont ils n’ont pas le maniement. Ils ne nagent plus dans l’eau nourrissante de Celle-qui-est-sans-nom-dans-leur-mère-avant-d’être-leur-mère.
Une fois tombés sur la terre, l’air a envahi tout leur corps comme une tempête. Alors les quatre fers en l’air, ils agitent les deux jambes, ils lancent en l’air les deux bras, qu’ils meuvent en tous sens, ils ne savent plus comment s’orienter de l’anus à la bouche, ils ouvrent toute grande la bouche, ils poussent un cri.
De même qu’il y a une voix perdue lors de la mue des adolescents (quand leur voix, au fond de leur corps, devient autre et, brusquement, s’abaisse) de même il y a une danse perdue (dans le corps tombé, natal, désorienté, souillé, atterré, vagissant) lors de la nativité des enfants.
La cérémonie de la voix perdue, en grec, c’est la tragôdia.
La cérémonie de la danse perdue, en japonais, c’est l’ankoku butô.

Métronome vénitien

Métronome vénitien
Brussell Samuel
Ed. Grasset

Le narrateur, amoureux de l'Italie, revient à Venise pour y passer quelques mois dans la pension où il vécut neuf ans plus tôt. Jour après jours, au détour des calli et des Fondamenta qu'il arpente d'un sestiere à l'autre, son passé ressurgit et, avec lui, celui de l'Italie et de l'Europe. Métronome : mouvement de balancier entre passé et présent, Est et Ouest, clair-obscur de l'Ancien Règne et du Nouvel Ordre. Tout au long de son séjour, le narrateur derécouvre la cité lagunaire, province souveraine qui se livre au rythme de ses marées et de ses offices. Avec ses amis d'hier et d'aujourd'hui, on parle le russe, l'anglais ou l'hébreu, l'italien, le vénitien ou le romain. Ensemble, ils font dialoguer le Vénitien Gozzi, le Romain Belli, le Milanais Stendhal avec le Pétersbourgeois Joseph Brodsky et le Moscovite Sergueï Averintsev. Le temps d'une saison, entre rêveries et conversations, se font entendre, sous une même coupole, les voix de l'Empire d'Orient et d'Occident qui animent nos vies.

L'ombre douce

L'ombre douce
Nguyen Hoai Huong
Ed. Viviane Hamy

PRIX PREMIERE 2013

1954, la guerre d'Indochine touche à sa fin. Dans un hôpital militaire français de Hanoï, Mai, une jeune Annamite qui aide les équipes médicales, croise le regard de Yann, un soldat breton blessé à la poitrine. C'est le coup de foudre. La fougue, la candeur, la jeunesse leur font croire qu'ils pourront vivre librement leur passion. Mais le père de Mai, juge influent, l'a promise à un autre. Elle s'insurge, elle est bannie de la famille...

À peine marié, Yann doit rejoindre les bataillons de la cuvette de Diên Biên Phu. Pluie, bombardements, boue, corps-à-corps : c'est l'apocalypse. Après la défaite, Yann n'est que l'un des milliers de prisonniers condamnés aux marches infernales vers les camps d'internement. Mai est prête à tout pour le tirer de l'abîme.

Dans une langue précise, poétique, avec grâce et pudeur, Hoai Huong Nguyen peint le Vietnam d'hier et un amour, frêle esquif, qui affronte la violence d'une guerre. L'histoire de Mai et de Yann laisse percer la lumière des humbles héros qui croient à la liberté et à l'absolu malgré les vicissitudes de l'Histoire.

Hoai Huong Nguyen, dont le prénom signifie «se souvenir du pays», est née en 1976, en France, de parents vietnamiens. Détentrice d'un doctorat de Lettres modernes portant sur «L'eau dans la poésie de Paul Claudel et celle de poètes chinois et japonais», elle est actuellement enseignante.

En numérique chez Tropismes : L'ombre douce

La disparition de Jim Sullivan

La disparition de Jim Sullivan
Viel Tanguy
Ed. Minuit

Du jour où j'ai décidé d'écrire un roman américain, il fut très vite clair que beaucoup de choses se passeraient à Détroit, Michigan, au volant d'une vieille Dodge, sur les rives des grands lacs. Il fut clair aussi que le personnage principal s'appellerait Dwayne Koster, qu'il enseignerait à l'université, qu'il aurait cinquante ans, qu'il serait divorcé et que Susan, son ex-femme, aurait pour amant un type qu'il détestait.

En numérique chez Tropismes : La disparition de Jim Sullivan

Amexica. La guerre contre le crime organisé sur la frontière Etats-Unis-Mexique

Amexica. La guerre contre le crime organisé sur la frontière Etats-Unis-Mexique
Vulliamy Ed
Ed. Albin Michel

« Pour comprendre la sauvagerie, l'ambition et l'impact du crime globalisé, il fallait lire Gomorra de Roberto Saviano. Maintenant, il faudra lire le livre d'Ed Vulliamy. » The Times

Amexica : 3 200 kilomètres entre le Mexique et les États-Unis. La frontière la plus longue et la plus violente du monde, no man's land hautement sécurisé par où s'écoule la plus grande quantité de la drogue consommée aux États-Unis et en Europe. Ce trafic aux règles barbares a fait 60 000 morts en six ans : femmes, enfants, travailleurs des maquiladoras - ces usines de la misère -, villages entiers décimés, charniers de corps mutilés... C'est l'horreur insoutenable de cette zone aux mains des cartels de la drogue et du crime organisé, où règne une « narcoviolence » que ni les États-Unis ni le Mexique ne parviennent à endiguer.

Dans ce document choc, classé parmi les meilleurs livres de l'année, le journaliste et correspondant de guerre anglais Ed Vulliamy, plusieurs fois distingué pour son travail, notamment par Amnesty International, dévoile les enjeux spectaculaires d'une guerre économique et politique sans nom, aux ramifications insoupçonnables. Fruit d'un voyage de deux années et d'une enquête aussi dangereuse qu'acharnée auprès des principaux acteurs et témoins, ce livre est d'une puissance rare.

Entre misère et corruption, économie globalisée et blanchiment d'argent jusqu'aux plus hautes sphères bancaires américaines et européennes, le portrait sans concession d'une zone qui ressemble à s'y méprendre à l'Enfer.

La véritable tragédie de Panaït Istrati

La véritable tragédie de Panaït Istrati
Kazantzaki Eleni N.
Ed. Nouvelles éditions Lignes

Fervent partisan de la Révolution russe, l'écrivain roumain de langue française Panaït Istrati est invité à Moscou en 1927, où l'on célèbre le dixième anniversaire de la révolution d'Octobre 1917. Désireux de rendre compte des bienfaits des réformes menées par l'État soviétique, il entreprend un voyage de seize mois à travers le pays, avec son ami l'écrivain Nikos Kazantzaki et leurs compagnes respectives, Bilili et Eleni, l'auteur du présent récit.

La «véritable tragédie» dont il est ici fait état est celle de la profonde désillusion de Panaït Istrati, qui, sept ans avant le Retour d'URSS d'André Gide, fut l'un des premiers, dans le camp progressiste, à révéler les méfaits de la contre-révolution bureaucratique orchestrée par Staline. Revenu à Paris, Panaït Istrati témoignera en effet de sa violente déception dans Vers l'autre flamme (rédigé avec Victor Serge et Boris Souvarine). Considéré comme un traître à la cause révolutionnaire, il paiera de sa solitude son courage et son goût de la vérité - une solitude seulement adoucie par la fidélité de trop rares amis (notamment Nikos Kazantzaki et Victor Serge, dont les correspondances sont ici reproduites).

«... nous recevons chacun deux petites cartes nous permettant le libre parcours sur tous les chemins de fer et les bateaux soviétiques. Heureux, nous serrons nos bricoles et commençons le fameux pèlerinage qui devrait durer deux ans et finir par un chant d'apothéose sur la Russie soviétique. Malheureusement, et sans crier gare, l'affaire Roussakov se dressa devant nous comme une hydre à mille têtes et nous brisa les reins.»

Les manoeuvres d'automne

Les manoeuvres d'automne
Dupré Guy
Ed. Bartillat

À travers l’histoire des guerres franco-allemande et franco-française , de Charles de Gaulle à François Mitterrand, l’histoire des femmes de légende comme Cécile Sorel, Anna de Noailles, aimées de Maurice Barrès, Simone, aimée d’Alain-Fournier, ou de mémorables mortelles comme Sunsarié de Larcône, « messagère » de la mort pour Roger Nimier, et « Louise de Prusse » qui initia l’auteur aux mystères de Verdun, Guy Dupré fait le récit d’une éducation sentimentale et intellectuelle. Étonnante galerie de portraits mais aussi laboratoire dans lequel l’écrivain fait passer les trois « Barrès », les « deux fils à maman » Jean Cocteau et Maurice Rostand, les « deux Julien » Green et Gracq, le « fils de personne » Weygand, le « défenseur de l’Occident » Massis et le « fils de gendarme » Breton…

« S’étant coulé dans l’empreinte en creux laissée par la génération du feu, en épousant les courbes déclinantes de l’armée et de la langue française, mais surtout virtuose d’un instrument dont il tire, c’est selon, des accents à crever le tympan ou de nostalgiques berceuses, en ces temps de consommation journalière de “grands écrivains”, Guy Dupré en est un, incomparable. » Maurice Nadeau

Oeuvres. Commentaire et autres textes

Oeuvres. Commentaire et autres textes
Sauvageot Marcelle
Ed. Bartillat

Marcelle Sauvageot (1900-1934) est principalement connue pour Commentaire, réédité ces dernières années sous le titre Laissez-moi. Ce texte bouleversant a passionné de nombreux lecteurs : une femme malade, de retour du sanatorium, reçoit une lettre de rupture à laquelle elle décide de répondre. Sa réponse constitue un cri de douleur et de souffrance, en même temps qu'elle clame son amour de la vie. Ce cri pur est aussi un adieu. Marcelle Sauvageot devait mourir quelques semaines après la parution de son livre salué par de nombreux écrivains : Charles Du Bos, Paul Valéry, Paul Claudel, René Crevel, Clara Malraux.

Composée aussi de critiques d’art et de pages intimes méconnues également présentes dans ce volume, l’œuvre de Marcelle Sauvageot gagne à être appréciée dans son ensemble. François Broche retrace l’itinéraire singulier de cette voix extraordinaire de l’histoire de la littérature.

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