« Dans la rue on la reconnaît et la poursuit. En la voyant filer à grandes enjambées martiales, dans ses capes qui font claquer leurs ailes à chaque pas qui fuit, on dit de cette grande ombre au visage enseveli sous une pluie de cheveux, camouflé sous la visière d'un chapeau mou, derrière d'énormes lunettes noires, que sa beauté rayonne encore, que son style éclate. »
En septembre 1949, Greta Garbo s'apprête à jouer dans La Duchesse de Langeais sous la direction de Max Ophuls. Le tournage est brutalement annulé. René de Ceccatty revient sur cet échec, symbole d'un renoncement qui aura marqué la vie et la carrière fabuleuse de l'actrice suédoise à la beauté miraculeuse. En se retirant de l'écran, Garbo a orchestré l'effacement auquel elle a toujours aspiré, au coeur de sa gloire et pendant un demi-siècle, jusqu'à sa mort en 1990.
Avec finesse et élégance, ce récit éclaire le mythe de l'inoubliable Reine Christine à la lumière d'archives retrouvées.
Au nom de sa sacro-sainte liberté, il a renié sa famille, fait une croix sur l'amour et l'amitié, tracé un trait sur une belle carrière. Il connaît la jouissance d'être celui qui disparaît, l'intense satisfaction d'échapper à tout fichier ou annuaire. Une semaine ici, le lendemain ailleurs, suivant son bon vouloir, en champion du libre arbitre. Il est sûr de lui, de ses choix, de sa supériorité face à une humanité médiocre arrimée à la vie quotidienne comme une moule à son rocher.
Mais il suffit parfois de pas grand-chose pour faire chanceler une organisation si parfaite : une jeune fille, et une vieille lettre...
Très tôt on m'expliqua que j'étais née dans une grande maison en Suisse. Qu'il y avait des enfants qui naissaient dans les ventres et d'autres dans les grandes maisons. Je tirai de cette vérité originelle me concernant une sorte d'orgueil tout aristocratique. Les grandes maisons c'était quand même beaucoup mieux que les gros ventres sales et mous en lesquels certains bébés avaient la malchance de croître. Et puis la Suisse restait un territoire idéal, pas vraiment terrestre, recouvert d'une neige tiède comme du lait. Une sorte de lieu intermédiaire, situé au seuil de la vie, où la nuit n'était qu'une fente ouverte sur le jour au sein duquel, un matin, la peur nous expulsait.
Parmi les intimes d'Yves Saint Laurent, depuis 1965, il y avait ce jeune homme, un garçon paresseux qui tient le journal d'un roman qu'il n'écrit pas - il rêve qu'il est poète. Très «tremblant au bord de la vraie vie», il s'amuse pourtant du beau monde autour de lui, tant d'amis célèbres, affectueux, rigolos. Une partouze chez Gunter Sachs, Ezra Pound à Rapallo le jour où on a marché sur la Lune, la Venise d'Andy Warhol et de Lili Volpi, le vin triste d'Helmut Berger, Hélène Rochas quand elle arrondit sa bouche, et Yves et Pierre et Paris tous les jours et le ciel qui change tout le temps, il regarde tout cela d'un drôle d'oeil. Mais d'abord les filles impossibles, bien sûr : son coeur bat pour Loulou de la Falaise, c'est un roman d'amour et ça finit bien.
Les vampires, ça n'existe pas. La psychanalyse, ça ne marche pas. On était vraiment faits pour se rencontrer.
Présentation de l'éditeur
Ionas, violoniste juif ukrainien, mort au combat en 1917, ressuscite sous la forme d'un vampire dont l'obsession est de retrouver sa fiancée Hiéléna. Mais il finit par découvrir que son frère Caïn et sa belle se sont mariés et attendent un enfant. Un siècle plus tard, Ionas vit à New York auprès de la psychanalyste Rebecka Streisand et essaie de vivre en harmonie avec ses démons. Premier roman.
Avant de nous quitter, Gaston Compère, immense auteur belge, nous léguait ce roman.
Quatre années se seront écoulées avant qu’il ne voie enfin le jour.
Roman de voyage, roman initiatique, où l’auteur règle ses comptes avec les religions, la philosophie, la politique, le syndicalisme, les médias, le machisme et un certain féminisme, la famille, mais surtout avec la psychanalyse.
Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il les règle avec verve et virulence. Entrons donc brièvement dans le vif du blanc de la nuit.
Nous y rencontrons Agathe, jeune femme insoumise, cultivée et sensible, qui dévoile son histoire d’insoumise. Nous suivons cette femme attachante, profondément triste et en colère à la fois, dans sa fuite d’Europe en Inde, d’où elle écrit des lettres à son oncle – lettres dans lesquelles elle cerne lentement les tréfonds de son âme mutilée et commente impitoyablement l’état du monde contemporain – dans un style fulgurant qui mêle virtuosité musicale, humour mordant, désespoir enjoué et volonté de vivre ; de revivre à travers l’écriture. Aussi éloigné que possible de l’hypocrisie, du mensonge et de la bêtise humaine sous toutes ses formes. Et ainsi Agathe nous fait fiévreusement parcourir des couloirs d’hôtels et des routes du subcontinent indien, en parcourant l’itinéraire inverse du héros du Nocturne indien d’Antonio Tabucchi… jusqu’au dénouement, qui lui pourrait se résumer dans une paraphrase de ce cher Jean-Sol Partre : la géhenne c’est autrui.
Pressé immobile est l'histoire d'un peuple qui ment aisément et avec élégance, cherche la vérité avec abnégation et vit avec une extraordinaire capacité de mêler le passé, le présent et l'espoir d'un futur glorieux.
C'est le récit de l'Iran au seuil d'une révolution devenue tout naturellement Islamique.
Une révolution qui sera comme une « mère de toutes les révolutions » dans ces printemps successifs qui traverseront les pays du monde arabe plus de 30 ans après les événements de 1979.
Un roman à la fois historique et esthétique, un roman poignant qui nous offre de multiples clés de compréhension sur cet orient si méconnu et familier à la fois.
L'hiver s'était emparé de moi, rude et sec. Céderait-il un jour la place à un printemps chaud et fleuri ?
Du déclinologue à la « brève de comptoir », il y a cette expression qui court les rues : « C'était mieux avant. » Nous sommes dans la perte, le regret, le deuil. Le passé ne se rend pas. Il a bien eu lieu. Le passé est une vie antérieure qui vient frapper à notre porte verrouillée. Il faut aller de l'avant, nous dit-on, mais nous cherchons derrière nous, pauvres Petit Poucet, les petits cailloux laissés par tous ceux qui nous ont précédés. Tous les lendemains déchantent et nous aspirons à d'étranges retours. Le retour du Grand homme, de la spiritualité, du cinéma en noir et blanc, des femmes fatales, de la solidarité, des vrais écrivains... Le passé remonte à la surface. Oui, c'est cela, nous sommes à la recherche d'un temps perdu, par bribes nous tentons de reconstruire un passé décomposé, de redresser le chapiteau d'un paysage disparu et de croire à notre humanité vacillante...
Olivier Dazat, dans une ultime tentative pour remonter le temps à l'endroit, nous convie à quelques retours en arrière comme un souffle léger du passé sur la nuque.
L'opium du peuple dans le monde actuel n'est peut-être pas tant la religion que l'ennui accepté. Un tel monde est à la merci [...] de ceux qui fournissent au moins un semblant d'issue à l'ennui. La vie humaine aspire aux passions et retrouve ses exigences. Georges Bataille
C'est à nous de savoir trouver [...] pour secouer l'apathie [...] des mots d'ordre neufs, des mots d'ordre qui rappellent à la nécessité de bouleverser le monde de fond en comble et qui soient, en rupture avec tous ceux qui ont cours, pour chacun d'abord, des mots d'ordre bouleversants. André Breton
La détresse est la même qui incline, qui courbe, qui peut soulever aussi. Si l'on suit Bataille de près, l'imbécillisation est la même à laquelle le vide de la vie réduit qui porte en elle l'effervescence de sa fin. Affirmation qui tient du pari. Michel Surya
C'est en 1920 que le jeune universitaire anversois Robert Guiette (1895-1976), passionné de littérature, écrit à Blaise Cendrars (1887-1961) avant de le rencontrer à Paris l'année suivante. Dès lors, leur amitié transfrontalière favorise de nombreux échanges entre les milieux littéraires parisiens et bruxellois. Mais surtout, elle engage une correspondance très intense où Cendrars, poète d'avant-garde, puis écrivain célèbre, journaliste et mémorialiste, se confie volontiers et donne son avis sans concession.
Cet ensemble inédit des lettres de Blaise Cendrars permet de saisir l'effervescence créatrice, éditoriale et intellectuelle à laquelle les deux écrivains ont largement participé, particulièrement durant les années 20 et 30. Et grâce au Journal de Guiette, ainsi qu'à ses comptes rendus des publications de Cendrars que nous proposons dans ce volume, les voix des deux amis se croisent constamment en échos et résonances, traces d'un respect mutuel qui dépasse largement la relation du maître à l'élève.