Justice pour Albert Camus, dont les écrits libertaires n'ont été identifiés que tardivement - ses oeuvres complètes et ses biographes les ont longtemps ignorés. Cette méconnaissance a faussé nos idées sur l'écrivain préféré des Français. Son sang espagnol - par sa mère - a battu à l'unisson des anarcho-syndicalistes de ce pays. Il sentait, 'vivant en lui', Bakounine, le père russe de l'anarchie. Quant au 'génie libertaire', il y trouva sa raison d'être.
Justice pour Lou Marin, le chercheur allemand qui a exhumé ces textes disséminés dans des revues en France, en Espagne, en Allemagne, en Argentine... Car c'est lui le vrai découvreur du Camus libertaire. Justice enfin pour Claire Auzias, l'éditrice d'Egrégores, la première à avoir publié cette anthologie et à qui Indigène s'associe pour donner à ces textes indomptables une plus large diffusion, avec l'accord de Catherine Camus. J.P. Barou & S. Crossman
Ceci est l’épopée drolatique d’une cuisinière qui n’a jamais eu peur de rien. Personnage loufoque et truculent, Rose a survécu aux abjections de cet affreux XXe siècle qu’elle a traversé sans rien perdre de sa sensualité ni de sa joie de vivre. Entre deux amours, elle a tout subi : le génocide arménien, les horreurs du nazisme, les délires du maoïsme. Mais, chaque fois, elle a ressuscité pour repartir de l’avant. Grinçant et picaresque, ce livre raconte les aventures extraordinaires d’une centenaire scandaleuse qui a un credo : «Si l’Enfer, c’est l’Histoire, le Paradis, c’est la vie.»
«J'ai rencontré ma tante en novembre 2001, le jour de l'enterrement de sa soeur. L'enterrement de ma mère, pour le dire autrement. Je savais qu'elle s'appelait Alice mais je ne la connaissais pas. Je connaissais encore moins l'histoire extravagante et fascinante de sa vie et de ses maris. Je ne lui ai pas demandé d'ouvrir la malle de ses souvenirs et de ses secrets ; elle l'a fait quand même.»
Quand Paul rencontre pour la première fois sa tante Alice, elle a soixante-treize ans. Elle est anglaise et veuve. De nombreuses fois veuve. Elle va lui raconter les joies et les peines de son incroyable existence aux quatre coins du monde. Et lui apprendre qu'amour peut rimer avec grâce et humour - même quand la vie est en larmes.
Rome, novembre 1984-novembre 1985.
Peut-on tout se dire, dans la tendresse amoureuse qui, quelques jours durant, laisse à découvert les secrets les mieux gardés de deux vies, en miroir l'une de l'autre ? Tomber les masques, au vrai plus que Rousseau, plus qu'Amiel, plus que Leiris, même ?
Le jeu secret quand la vie et l'amour ne tiennent qu'à un fil : aveu contre aveu.
Que se passe-t-il d'essentiel entre Elisa, l'immense écrivain, qui survit un peu de temps encore à son suicide, et son traducteur, Giannatale, qui désire, après l'oeuvre, traduire la plus voilée des vies ?...
Il y a deux amours fusionnels dans ce petit livre, mots et chairs, qui se passent entre deux chambres, et se poursuivent au coeur des milliers de pages écrites par Elisa. Éphémère, l'amour de Giannatale avec Polina. Éternel, l'amour pour Elisa. Tous deux partagés à la passion.
Il y a le jeu jusqu'à la mort des vérités enfin dites.
Sept femmes. Sept allumées pour qui l'écriture n'est pas un supplément d'existence mais l'existence même. Sept oeuvres dont la force et la beauté ont marqué Lydie Salvayre et décidé pour beaucoup de sa vie.
Sept parcours, douloureux pour la plupart, dont elle suit les élans, les angoisses, les trébuchements et les fragiles victoires.
Comment devient-on écrivain ? En racontant les événements et les expériences de sa jeunesse, Jean-Pierre Otte trouve l'origine de sa vocation littéraire dans la fascination qu'il éprouva très tôt pour Michel Strogoff, le roman de Jules Verne. Il en découvre l'histoire à neuf ans et, dès lors, ne rêve plus que de cabanes dans les arbres et de courses effrénées dans la steppe. À dix-huit ans, il s'inscrit comme auditeur libre à l'université, fréquente un cercle d'amis extravagants, nourrit le désir de connaître un grand amour. Dans le coeur de l'étudiant iconoclaste qu'il est devenu, le héros de Jules Verne n'a cessé de vivre, chargé d'un message qui doit sauver le monde ; mais ce monde est-il à préserver ? Jean-Pierre Otte a alors l'idée folle de récrire Michel Strogoff, imaginant une tout autre fin. Il nous livre dans ce roman d'apprentissage un formidable éloge de la liberté et du plaisir qu'il y a dans la vie même.
« L'Amour sans visage est un récit autobiographique dont la structure est un peu comme celle d'un manège où tout tourbillonne. L'impulsion initiale est donnée par un événement dramatique et ineffaçable : à la sortie de l'école, un jour d'octobre 1942, c'est une autre main que celles de ses parents (« partis en voyage », lui dira-t-on) qui se saisit de celle d'une petite fille, et pour elle aussitôt, elle le comprend, tout bascule.
Sauvée elle passera la guerre dans un village de l'ouest, où ceux qui l'ont recueillie tiennent un café. Cette plongée dans la campagne de la France occupée, et ce qui lui fera suite, dans la prime jeunesse comme à l'âge adulte, tout repose sur un puits de silence - celui où ses parents ont disparu : le mouvement de ce livre est justement d'aller puiser à cette eau, de remonter de l'oubli vers la mémoire. »
Jean-Christophe Bailly
«Chaque été, je passe mes vacances au bord de la mer – c’est une nécessité pour moi – et chaque jour je consulte l’horaire des marées. Basse mer, pleine mer, marée basse, marée haute, marée montante, marée descendante, grande marée. Ces mots, à eux seuls, me donnent à rêver.
Quand la mer se retire, je vois des estivants, parents et enfants, s’avancer sur la plage qui s’allonge mètre après mètre jusqu’à rendre la mer au loin à peine perceptible, elle se confond avec le ciel. Ils vont à la recherche de coquillages.
Je me dis que ces coquillages, ces coques, ces palourdes, ces moules en grappes, ces bouts de bois rongés par le sel marin, ces morceaux de corde tombés d’un bateau de pêche, figurent ce qui est déposé dans ma mémoire : de petits restes – comme ils me sont précieux! – qui seront tout à l’heure recouverts par la marée haute mais qui réapparaîtront, ceux-là ou d’autres, quand la mer de nouveau se retirera.
Marée basse, marée haute, cette alternance est à l’image de ma vie, de toute vie peut-être.
La vie s'éloigne, mais elle revient.»
« André Blanchard nous livre son secret : 'Être écrivain, c'est croire que tout peut finir en mots, et le doit, sinon ce serait invivable.' Un styliste n'a rien à raconter d'autre que son style. Son sacerdoce consiste à tordre les lieux communs, à changer les mots pour franchir les mêmes étapes que ses prédécesseurs. [...] Blanchard parvient à être un écrivain pauvre, maudit et provincial sans devenir bigot comme Bobin, fade comme Delerm ou prétentieux comme Michon. Il prouve que l'on peut être diariste sans être nombriliste. [...] Ni fielleux, ni bilieux, il joue jusqu'au bout du rouleau la partition du désespoir gai, du nihilisme fugueur. Il est rare qu'on sente autant, en pleine lecture, la chance qu'on a d'être un lecteur. Le stylo d'André Blanchard est une baguette magique qui réveille les critiques blasés : tiens ? Il existe encore des livres comme ça ? Une mélancolie aussi élégante ? Une liberté aussi nonchalante ?
Réac sans être grincheux, ce misanthrope observe paisiblement la fin d'un monde, la disparition d'un savoir-vivre français qui était surtout un vouloir-vivre. Il en profite pour moissonner les phrases, narrer l'histoire d'un lent crépuscule, celui d'un Art qui disparaît. »
Frédéric Beigbeder extrait de Premier bilan après l'apocalypse,
Grasset, 2011
Des librairies qui tirent le rideau, d'autres où il n'y a pas un chat - à part celui qui orne une couverture familière-, ainsi va la pente.
L'air du temps harcèle à ce point les esprits pour qu'ils se divertissent loin des anciennes routes, des belles habitudes, que, bientôt, cela va devenir une tare de parler littérature, de la mettre en avant.
Que les livres fassent tapisserie, et alors ? N'ayons pas froid aux yeux :
- Draguons-les ! André Blanchard
«Toutes les biographies sont absurdes. Avec la mienne, on pourrait faire rire un chat.» Grosses galoches aux pieds, casquette écarlate vissée sur la tête pour dissimuler un oeil poché, Dylan Thomas déambule dans les rues de Swansea. Il n'a pas encore quinze ans et déclame des vers. La vie n'est alors que promenades et jeux dans les profondeurs touffues des ravines... Plus tard viendront l'alcool et la déchéance. Chef-d'oeuvre de l'autobiographie lyrique, ce recueil mêle souvenirs d'enfance et récits de vie des habitants du Pays de Galles.