«Comment aurais-je su ce matin-là, en me levant de ma natte dans notre concession clanique, qu'une espèce de savant Cosinus blanc, vêtu d'une interminable robe de femme, allait m'empêcher de grandir paisiblement dans l'ère préhistorique où ronronnait mon village du golfe de Guinée ?»
Ainsi bascula le destin de Kofi, petit Africain «prélevé» par un missionnaire français, débarqué en Bretagne avec «la marée noire», et que les habitants de Cornouaille allaient élire maire, avant qu'il ne devienne... ministre !
De cette histoire vraie librement romancée, Gaston Kelman a fait un texte jubilatoire, retrouvant l'humour contagieux de son premier succès, Je suis noir et je n'aime pas le manioc. On y découvre que sur la Terre des hommes, toutes latitudes et couleurs confondues, règnent les mêmes sentiments, fleurissent les mêmes espoirs, et s'éteignent les conflits quand on cherche à se connaître.
«Dans la vie, c'est toujours une question de passion. La passion nous distrait, nous tord, nous modèle, nous pousse en avant. La passion est variable, elle mute, elle disparaît et laisse sa place à une autre, sans problème, en toute légèreté. Hors des passions, on est fichus. On continue d'être des hommes, quand même, mais pas tout à fait. Des homoncules, des larves plutôt. C'est pour ça que je tolérais les soucoupes volantes de mon père.»
Les nigauds de l'oubli et autres saloperies, c'est l'histoire de Lily. Elle vit dans un bled, quelque part en Italie, entre son père, Ronnie, coiffeur pour dames au bord de la faillite, et sa belle-mère, Jeanne, qui fait de son mieux, parfois. Sans l'arrivée de Franz Pelliccia, tueur à la retraite mais néanmoins en cavale, on n'aurait pas parié mille lires sur l'avenir de Lily. Et on ne se serait pas dit qu'on vit tous plus ou moins dans un bled, avec plus de questions que de réponses, avec des émotions incroyables qui nous mettent le coeur à l'envers, avec une si grande envie de comprendre un peu ce qui se passe et, surtout, d'aimer et d'être aimé, quoi qu'il arrive.
Quolibets ? Un journal de lectures, l’hommage d’un écrivain à soixante-huit confrères d’hier et d’aujourd’hui. Un panthéon littéraire, où l’on croisera Stendhal et Paul Morand, Jacqueline de Romilly et Jean Forton, Ernst Jünger et Michel Déon, Guy Dupré et Jean Clair… Des voix singulières, qui ont en commun un même amour du Vrai, du Juste et du Beau. Quolibets ? Une conversation au coin du feu au cours de laquelle se fait entendre une sensibilité insulaire et décalée, à rebours du siècle. Un autoportrait en pointillé où s’exprime, par touches et fragments, la passion de la liberté, le refus de la décadence et le culte de la langue française. À la fin du siècle dernier, des générations d’ingénieurs et de médecins russes disparaissaient de leur plein gré au plus profond des forêts sibériennes pour y former des communautés en marge. Fuyant policiers et bureaucrates, ces hommes pratiquaient la secessio nobilitatis, l’exil intérieur d’une phratrie se tenant à l’écart du triste festin sur lequel se ruaient les laquais. Nobilitas dépourvue de titres et de patrimoine matériel, comme il se doit ; secessio pacifique et exempte de provocation.
Toute ville découverte par intime nécessité est un jeu de tarots, un roman d’aventures, un miroir, un labyrinthe qui devrait être brisé, une écriture en marche. Tel ce « Londres ou le labyrinthe brisé », où Guy Vaes se découvre lui-même. Ce qui s’inscrit dans les canyons de brique de Rotherhithe ou dans les spires de coquillage du musée de Soane, c’est la quête d’un promeneur en route vers son « agonie créatrice » qui entraîne ses lecteurs dans le dédale d’un homme séparé de son vrai lieu natal. « Singapour », second volet de ce diptyque, approfondit l’initiation londonienne grâce au kaléidoscope torride du Sud-Est asiatique. Ici s’expriment, avec véhémence, sur les quais du vieux port de cabotage, sous les lampions de Bugis Street, le quartier des travestis, les fantasmes du désir et de l’angoisse.
Reclus à la campagne, un couple se défait peu à peu. Alors que Nestor s'interroge sans fin sur son sort, Irène se mure dans le silence. Pierre leur ami est impuissant face au drame qui se noue. En une langue magistrale et sans artifices, Irène, Nestor et la Vérité dit un amour qui finit mal.
'Je n'ai pas grande pensée sur les choses mais il me semble me souvenir d'une gaieté jadis vécue et de ricochets qui ont bondi longtemps.'
Ce soir, mon père est mort et je ne pleure pas. Je répète cela comme une mélopée, une incantation, le refrain d'une chanson triste dont je suis l'auteur, le compositeur et l'interprète, et que je suis la seule à écouter.
Séparés par la guerre du Viêt-Nam, un père et sa fille se retrouvent trente et un ans plus tard. Happy end. Mais qu'est-ce qui les lie encore, après tant d'années ? Les liens du sang suffiront-ils à rapprocher ces deux êtres aux histoires si éloignées ?
Avec la Grande Histoire et les petites en toile de fond, la guerre qui tue et la paix qui assassine, Les Guetteurs de vent conte la quête d'un père et la douleur de retrouvailles impossibles. À moins que. Car la vie, si elle nous flanque par terre, nous ramasse aussi à la petite cuiller. Pas tout le temps. Parfois.
Treize écrivains et trois photographes réveillent en nous le sentiment que Bruxelles sommeille dans les plis de nos coeurs. Une ville singulière et énigmatique que l'on aime ou que l'on rejette car elle est insaisissable, mais bien présente en nous.
Un ensemble de textes tendres, ironiques, intimistes, pour entrer en empathie avec une ville unique.
/ Frank Andriat / Jean-Baptiste Baronian / Alain Bertrand / Patrick Delperdange / Nathalie Gassel / Jean Jauniaux / Michel Joiret / Marc Meganck / Jean-Pierre Orban / Jean-Pierre Pisetta / Jean-Paul Raemdonck / Marianne Sluszny / Evelyne Wilwerth / Alain Geronnez / François Goffin / Philippe Herbet
Mort à trente-neuf ans, Guillaume Dustan (1965-2005) laisse une oeuvre dont l'aspect provocateur n'a pas facilité la transmission. La dispersion de ses écrits entre plusieurs éditeurs et l'évolution spectaculaire de son écriture et de sa pensée ont brouillé son image. À la suite d'Hervé Guibert, Guillaume Dustan est un des grands autobiographes de notre temps. Il fallait, pour saisir l'importance de ses livres, une édition complète. Ce premier volume des Oeuvres, qui sera suivi de deux autres, regroupe la première trilogie parue aux éditions P.O.L entre 1996 et 1998, Dans ma chambre, Je sors ce soir et Plus fort que moi. Cette édition accompagnée d'une préface, d'une présentation et de notes pour chaque texte, est dirigée par Thomas Clerc.
Six ans avant le début de cette histoire, on avait dit à Marianne Renoir, alors âgée d'une quinzaine d'années, que le jeune homme qu'elle voyait là, sur le trottoir d'en face, en train de faire ses lacets comme vous et moi, descendait du pape Sixte Quint et de la grande famille des Peretti, dont Stendhal a raconté quelque part les aventures. Il sait le grec ! avait-on ajouté. L'italien aussi, à coup sûr, car il passait tous ses étés dans la villa de ses aïeux, près de Ferrare. On murmurait même qu'il était poète. Et si je l'épousais ? s'était demandé Marianne.
Paris. Pendant la Révolution.
On y croise Charlotte Corday, dans sa cellule, pendant qu'un élève de David achève son portrait ; Adam Lux, un Allemand tombé amoureux d'elle dans des circonstances pour le moins inattendues ; les Girondins, la fameuse nuit de leur dernier banquet à la Conciergerie ; Danton, pendant son ultime voyage jusqu'à la place de la Révolution ; le plus grand esprit français du XVIIIe siècle, qui nous apprend comment mourir avec élégance ; mais aussi Marie-Antoinette et Robespierre, le marquis de Lantenac et André Chénier.
Tous, dans les jours, les heures ou les minutes précédant la chute de leur tête dans le panier du bourreau.