Quand Irene Sandle, une jeune bibliothécaire dont le mari aviateur est mort à la guerre, quitte Wellington en 1952 avec sa petite fille, Jessie, pour aller travailler dans les champs de tabac, elle espère un nouveau départ. Mais l'homme prévenant et doux qu'elle rencontre sur la plantation disparaît accidentellement, et le choix de la raison s'impose : sa décision d'épouser en deuxièmes noces le gérant de l'exploitation, l'inquiétant Jock Pawson, pèsera sur toute la descendance d'Irene, bien après sa disparition précoce en 1963.
Une ville, quelque part dans le monde. Sur le fronton d'un hôtel, un panneau « Bienvenue à tous » oscille au vent. Deux inconnus entrent dans l'établissement. On leur offre le gîte et le couvert. Personne ne sait d'où ils viennent ni qui ils sont.
Vienne, en cette année 1946, brille encore de toutes ses lumières dans les mémoires, bien que la guerre ait mis à genoux le pays, affamé la population et détruit une bonne partie des immeubles cossus. L'Opéra lui-même est complètement calciné. Pourtant, dans les grands hôtels, les femmes recommencent à danser, cette fois avec les Américains qui occupent la ville. Y retourner, après huit années d'exil new-yorkais, constitue le rêve de Felix von Geldern et de sa grand-mère Viktoria. Mais malgré les beaux habits sortis des malles, les retrouvailles ne sont pas à la hauteur des attentes, le coeur n'y est pas. Comment danser sur les décombres, renouer avec les anciennes amours, faire fi des compromissions, des remords, et des non-dits sur le récent passé nazi. Revenir, c'est être déchiré par des sentiments contradictoires : la condamnation d'un passé infâmant et l'indulgence envers ceux qui sont restés... Un grand roman sur la difficile confrontation avec une Histoire que l'on aimerait oublier.
Les écrivains parleront de cette époque pendant des décennies. Ils ne sauront pas tout. Ils découvriront beaucoup de choses grâce à des photographies, mais il leur manquera les détails. Ils ne sauront pas qu'un coq a chanté au moment où un homme vivait ses derniers instants.
Ni que les camps de concentration, du matin au soir, étaient envahis par une odeur de rutabaga avarié, et ils ne sauront rien de la puanteur dans la salle d'attente de la Gestapo.
Les enfants s'ennuient le dimanche réunit quelques-unes des nouvelles les plus caractéristiques et les plus célèbres de Jean Stafford. Elle en a écrit plus de quarante, publiées dans de prestigieuses revues, qui ont fait l'essentiel de sa réputation. The Collected Stories of Jean Stafford fut d'ailleurs un des rares recueils à recevoir le prix Pulitzer de la fiction, en 1970. La plupart de ses textes s'intéressent aux différentes périodes de la vie de jeunes filles et de femmes, de l'enfance à la vieillesse, cartographiant les peurs, les angoisses et les compromis auxquels elles doivent faire face. Les questions de quête de l'identité féminine, de marginalité et d'impuissance apparaissent dans toutes ses histoires, et l'ironie abonde dans ses contes d'amours perdus, de rêves brisés et d'occasions manquées. Son style alterne entre le langage familier et rustique de Mark Twain et la prose élégante et raffinée d'Henry James, ses deux écrivains favoris.
Touristes, terroristes, sécularistes, hackers, fondamentalistes, transhumanistes, algorithmiciens : ce sont toutes les tribus qui habitent et agitent l’innommable actuel. Un monde fuyant comme il n’était jamais arrivé auparavant, qui semble ignorer son passé, mais qui s’éclaire aussitôt que d’autres années apparaissent, la période comprise entre 1933 et 1945, au cours de laquelle le monde lui-même avait accompli une tentative, partiellement réussie, d’autoanéantissement. Ce qui vint ensuite était informe, brut et de plus en plus puissant. W.H. Auden intitula L’âge de l’anxiété un petit poème à plusieurs voix situé dans un bar à New York vers la fin de la guerre. Aujourd’hui ces voix résonnent lointainement, comme si elles venaient d’une autre vallée. L’anxiété ne manque pas, mais elle ne prévaut pas. Ce qui prévaut, c’est l’inconsistance, une inconsistance meurtrière. C’est l’âge de l’inconsistance.
Comment prouver qui on est lorsqu'on se retrouve seul à l'étranger et qu'on se fait voler tous ses effets personnels ? C'est le cauchemar auquel est confrontée l'héroïne du nouveau roman de Vendela Vida, en voyage à Casablanca. Endossant d'abord, faute de mieux, l'identité d'une autre Américaine dont la police marocaine lui a rendu par erreur le passeport, elle est embauchée pour remplacer au pied levé la doublure d'une actrice en tournage dans son hôtel. Affublée d'une perruque et d'un nouveau nom, la jeune femme se voit alors embarquer dans un étrange et vertigineux voyage intérieur qui l'amène à se replonger dans les circonstances douloureuses de son départ des États-Unis...
Que raconte White, première expérience de « non-fiction » pour Bret Easton Ellis ? Tout et rien. « Tout dire sur rien et ne rien dire surtout » pourrait être la formule impossible, à la Warhol, susceptible de condenser ce livre, d'en exprimer les contradictions, d'en camoufler les intentions. White est aussi ironique que Moins que zéro, aussi glaçant qu'American Psycho, aussi menaçant que Glamorama, aussi labyrinthique que Lunar Park, aussi implacable que Suite(s) impériale(s).
Passion, musique et trahison : la nouvelle symphonie romanesque du Maestro William Boyd
1894. Accordeur surdoué à l'oreille absolue, le jeune Brodie Moncur, employé d'un vénérable fabricant de pianos à Edimbourg, accepte avec joie un poste important dans la filiale parisienne, fuyant ainsi l'ennui de la province et la hargne de son pasteur de père. Mais sa rencontre avec John Kilbarron, le « Liszt irlandais », et la maîtresse de ce dernier, la soprano russe Lika Blum, dont il tombe fou amoureux, va changer inéluctablement le cours de son existence. Devenu indispensable au pianiste, il le suit de Paris à Saint-Pétersbourg, où sa liaison clandestine avec Lika est éventée par Malachi, le frère maléfique de Kilbarron.
Au panthéon des nouvellistes nord-américains, aux côtés d'un Raymond Carver ou d'une Alice Munro, Lucia Berlin est devenue une figure incontournable. Si la publication du Manuel à l'usage des femmes de ménage a révélé au public français une grande auteure injustement méconnue, Un soir au paradis confirme avec brio la place qu'occupe désormais Berlin.