Comme l'auteur lui-même l'indique au début de ce livre, ces pages sont une réflexion sur la condition humaine dans sa dimension la plus profonde et la moins soumise aux vicissitudes historiques : son désir de plénitude et de vie, de félicité et d'infini, de vérité et de beauté, au-delà des contingences religieuses et culturelles. La Plénitude de l'homme concentre en peu de pages la passion et la quête de toute une vie. La première partie de l'ouvrage propose une réflexion sur la figure centrale de la conscience chrétienne et un approfondissement de la christologie classique. La seconde déchiffre, de manière personnelle, l'expérience mystique de Jésus de Nazareth. La troisième définit en neuf courtes sentences (ou satra) une nouvelle formulation du mystère christique.
Raimon Panikkar, un des grands penseurs de notre temps au carrefour de l'Orient et de l'Occident, nous fait partager sa conviction. Le monde, nous dit-il, se trouve devant un dilemme de dimension planétaire : soit l'homme accepte de vivre un changement radical de 'civilisation', soit il va au-devant d'une catastrophe de proportions cosmiques. La rencontre des cultures n'est pas une option facultative mais une nécessité vitale de notre temps.
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Publié en Allemagne en 1918, le Nietzsche d'Ernst Bertram, a paru en France dans la très belle traduction qu'en a donné Robert Pitrou en 1932. Repris par le Félin en 1990, ce livre tient une place à part dans l'ensemble des travaux consacrés à Nietzsche par sa façon de dégager symboles, légendes et concepts à partir d'une vue de Venise, une gravue de Dürer, un tableau du Lorrain...
«C'est une sorte de commentaire poétique ou mieux une série de figures improvisées sur un mot, une image, une vibration...» (Henri Gouhier.)
«Le secret admirable sur lequel repose la conception de votre ouvrage, c'est justement que dans chacun de ses développements, chacune de ses narrations, on retrouve sous une forme condensée, tout l'indicile attrait, toute la magie spirituelle, qui sont inhérents au sujet du livre.» (Thomas Mann.)
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Quatre interventions composent ce volume : dans les deux premières, consacrées à la crise de la démocratie occidentale et au mensonge en politique, Hannah Arendt, en intellectuelle responsable, participe directement au débat public et met à l'épreuve ses propres analyses. Les deux suivantes dressent un bilan de l'ensemble de son travail et apportent nombre de précisions sur les principaux concepts qu'elle a déployés.
La vie politique et la pensée de l'événement sont devenues quelque chose de périlleux, souligne Hannah Arendt : nous devons juger et décider en situation sans pouvoir nous fonder sur une norme éternelle a priori, tout en résistant au chant des sirènes du relativisme. Cherchant à établir un diagnostic du présent, Arendt s'efforce de 'penser sans garde-fou' et sans critère ultime jusqu'à la racine de notre modernité. Bref, s''il n'y a de liberté que dans l'espace intermédiaire de la politique', 'il se pourrait fort bien que la tâche de la politique consiste à édifier un monde'.
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Loin de pouvoir être réduit à son acception contemporaine, notamment heideggérienne, le concept de finitude est un concept traditionnel. Tel est le constat qui anime cette recherche, dont l'objectif est de mettre au jour certaines de ses figures dans l'histoire de la pensée. Il s'agit, en évitant toute interprétation préconçue, d'étudier, sans prétendre à l'exhaustivité, comment ce concept, d'abord présent de façon explicite dans la pensée chrétienne des premiers siècles, se renouvelle ensuite tout au long de l'histoire de la pensée.
Le concept de finitude apparaît inauguralement chez Grégoire de Nysse, le théologien fondamental de l'infinité divine, pour qui «le fini» - to peratoumenon - est marqué par l'imperfection radicale de ne pas être Dieu. L'essence du fini est alors pensée grâce à la liaison platonicienne entre être et non-être. Appartenant au domaine général du fini, l'homme est, en effet, séparé de l'être véritable, mais il possède aussi un être propre: cette double caractéristique est une constante de l'approche chrétienne du fini, que Thomas d'Aquin exprime dans le concept d'ens finitum «participant» de l'être sans restriction dans sa restriction même. Refusant la discontinuité médiévale entre l'étant fini et son créateur, encore à leurs yeux présente chez Descartes, Leibniz et Spinoza renouvellent le concept de fini par leur ambition commune d'une rationalité infinie du fini, le premier au travers de la notion de «substance finie» dérivée de l'infini, le second par celle de «mode fini», affection de la substance infinie. C'est contre de telles approches de la finitude que la philosophie critique réagit: «l'être raisonnable fini» de Kant est un sujet originaire et ne peut donc trouver aucun appui dans une rationalité infinie. L'idéalisme allemand entreprend de dépasser cette finitude kantienne à partir de Kant lui-même, en repensant la subjectivité transcendantale. La question du statut à accorder à la finitude - Endlichkeit - est au coeur des controverses qui l'animent. Heidegger reprendra d'abord, non sans hésitation, ce concept d'Endlichkeit, ancré dans la tradition occidentale, en parlant d'une «finitude du Dasein», puis d'une «finitude de l'Être», mais le poids historique d'un tel concept lui apparaîtra rapidement incompatible avec la nouveauté de sa pensée.
Il ressort de cette étude que la question de la finitude consiste moins à se demander si l'homme est ou non un être fini que de déterminer de quelle finitude il est fini. Cette détermination est historiquement et philosophiquement décisive car elle concerne l'essence de l'homme, qui peut et doit «se connaître lui-même».
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La postérité a retenu de Joseph de Maistre qu'il a été l'un des plus fermes partisans de la contre-révolution. Cet auteur est à redécouvrir, même si l'on n'est pas un « affreux réactionnaire ».
Ses adversaires l'ont peint comme un doctrinaire sectaire, pourfendeur des idées nouvelles. Ce portrait comporte une part de vérité : ennemi déclaré des Lumières, Joseph de Maistre (1753-1821) développe une philosophie de l'autorité, dénonçant l´illusion des droits de l´homme et de la démocratie, qui peut légitimement révolter une conscience moderne. Quelles raisons a-t-on de lire un tel penseur au début du XXIe siècle ? À en croire les meilleurs esprits, ces raisons ne manquent pas. Cioran en propose un usage thérapeutique : il s'agit de parier ironiquement sur les excès d'un dogmatisme « aussi habile à compromettre ce qu'il aime que ce qu'il déteste ». Une autre raison de lire Maistre consiste à chercher dans son ?uvre un révélateur, au sens chimique du terme. C'est ce que suggère George Steiner, lorsqu'il affirme que ce penseur est un prophète, qu'il annonce le malaise idéologique de la modernité en montrant la violence inscrite dès l'origine dans l'émancipation révolutionnaire. Mais on peut aussi lire Maistre comme Valéry, à la façon du dilettante, pour la saveur de son écriture. Ses traits d'esprit sont rehaussés par une langue admirable : causticité, imagination, acuité intellectuelle, Maistre séduit jusqu'à ses adversaires.
Ce volume s'adresse aux historiens, aux philosophes, aux juristes et aux amateurs de littérature. Il réunit un choix des ?uvres les plus célèbres de Maistre ? Considérations sur la France, Essai sur le principe générateur..., Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Éclaircissement sur les sacrifices ?, mais aussi des textes moins connus et partiellement inédits ? Six Paradoxes, Sur le protestantisme ? établis dans le respect des manuscrits. Et, pour la première fois, sous forme de Dictionnaire, une petite encyclopédie de la pensée maistrienne.
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Cet ouvrage renouvelle de manière fondamentale la pratique éthique, en affirmant avec vigueur que la réflexion morale ne saurait être considérée en dehors du contexte social et politique dans lequel elle est formulée. Si la philosophie morale a par nature tendance à idéaliser le sujet moral en lui conférant une autonomie trop vite considérée comme allant de soi, il importe de contrer cette tendance en prenant comme point de départ l'expérience indépassable du caractère relationnel de chaque vie. Aucune vie ne saurait se dire à soi, parvenant à construire le récit adéquat de son déroulement, ni revenir sur son émergence dans le monde. Ce qui se soustrait à elle, ce sont non seulement les conditions de sa naissance et de son développement, mais aussi les formes sociales qui la rendent lisible. La reconnaissance de soi par soi est incomplète, lacunaire. Située dans le récit des autres, elle est hantée par les formes de justification qui en découlent et achèvent de rendre toute procédure de reconnaissance impossible. Le rapport à l'autre devient constitutif de l'impossible rapport à soi. C'est dans ce contexte de dépossession qu'il devient urgent, selon Judith Butler, de procéder à une enquête sur les conditions de possibilité d'une relation morale à soi et aux autres qui ne fasse pas violence à un tel contexte mais le prenne au contraire en considération. Car l'éthique est violente dès lors qu'elle s'arroge le droit de dépasser les contextes singuliers dans lesquels se trouvent placées les vies pour formuler des prescriptions universelles.
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La cause est entendue : Dieu et César doivent être séparés. La phrase du Christ sur la séparation des pouvoirs fait aujourd'hui loi. Et pourtant, à y bien regarder, la sortie de la religion et la dépression du politique dans nos vieilles démocraties ne vont-elles pas de pair ? Si la prétention et la violence religieuses doivent être combattues, encore ne faut-il pas être aveugle sur la force positive du lien qui unit religion et politique, en particulier christianisme et politique. De cette idée peu avouable par les temps actuels, Paul Valadier démontre avec rigueur la cohérence et la nécessité à travers une relecture d'une part de la tradition philosophique, en particulier de la philosophie politique moderne, d'autre part de la théologie politique, avec les impasses intellectuelles qui, à partir de saint Augustin, ont freiné l'avènement de la « nouveauté chrétienne ». Cependant, dans les temps récents, on a trop oublié ou méprisé les dynamismes de celle-ci. La « bonne formule » du rapport entre religion et politique ne saurait se réduire au slogan de la laïcité française : « Chacun chez soi. » Il faudrait plutôt parier que les religions sont capables de mobiliser leurs énergies symboliques pour donner à entreprendre ensemble et à espérer en un avenir collectif à construire. Elles ne sont pas nécessairement un pouvoir rival ou « complémentaire » : à leur juste place, elles peuvent créer du lien social et porter un avenir que les démocraties oublient facilement au profit des sollicitations immédiates.
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Depuis les années 1980, dans nombre de démocraties occidentales, la représentation politique est en crise. De la « faillite des institutions » à l' « affaissement de la nation » en passant par le « communautarisme », bien des explications sont avancées. Et s'il fallait chercher ailleurs ? C'est l'hypothèse provocante qu'explore Daniel Bougnoux dans ce livre singulier : on ne peut comprendre la crise de la représentation politique sans l'inscrire dans celle, bien plus large, qui affecte depuis plus d'un siècle la notion même de « représentation ».
Preuves à l'appui, puisées dans un corpus impressionnant d'oeuvres littéraires et artistiques, l'auteur montre comment les avant-gardes du xxe siècle ont progressivement sapé les effets de la « mise à distance », du détour par l'ordre symbolique. Hier, le théâtre, la peinture ou le cinéma proposaient une coupure nette entre l'illusion et le monde réel ; la culture fondée sur le livre contenait ce réel à bonne distance, en refoulant la présence des corps derrière des représentations plus abstraites.
Aujourd'hui, passant du livre au live, les nouveaux médias nous invitent au festin d'une vie immédiate, au commerce des « coups » et à la contagion des passions. La presse semble toujours plus pressée, l'art cherche sur les corps une emprise directe, les spectacles deviennent contacts et notre société se fragmente en communautés réduites aux affects...
Mais les effondrements symboliques liés à ces mutations ne cachent-ils pas la difficile naissance de formes nouvelles, où l'individu démocratique aurait toute sa place ?
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Salué aussi bien par Edward Said que par Toni Morrison ou J. M. Coetzee, Homi K. Bhabha est l'un des théoriciens les plus importants et les plus influents du postcolonialisme.
S'appuyant sur la littérature, la philosophie, la psychanalyse et l'histoire, il invite notamment à repenser les questions très actuelles d'identité et d'appartenance nationales ; à dépasser, grâce au concept très fécond d'hybridité culturelle, la vision d'un monde dominé par l'opposition entre soi et l'autre ; à saisir comment, par le biais de l'imitation et de l'ambivalence, les colonisés introduisent chez leurs colonisateurs un sentiment d'angoisse qui les affaiblit considérablement ; ou encore, plus largement, à comprendre les liens qui existent entre colonialisme et globalisation.
« Aucune discussion sérieuse sur le postcolonialisme n'est concevable sans se référer à Monsieur Bhabha. » Toni Morrison
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Ivan Illich (1926-2002) prétendait traiter en historien des questions que d'autres auraient adressé à des théologiens. Il reprochait à l'Eglise d'avoir institutionnalisé ce qui, par essence, est gratuit, et d'avoir instrumentalisé la charité. Il voyait dans cette perversion l'origine lointaine des institutions modernes comme l'Eglise, l'Ecole et l'Université, et ne cessa d'inciter le monde occidental à repenser celles-ci fondamentalement.
A la fin de sa vie, dans ces entretiens accordés à David Cayley, il parle pour la première fois de la 'corruption' du Nouveau Testament qui lui paraît le 'péché originel' menant tout droit à la société de consommation, à la misère des autres, et à une relation aliénée entre les êtres.
Ces entretiens constituent une sorte de 'testament spirituel' qui éclaire l'ensemble de l'oeuvre d'Ivan Illich. Il pose l'histoire du bon Samaritain et son acte de miséricorde spontanée - sans considération d'origine ni de religion - comme le véritable fondement d'une éthique capable d'unir au lieu de diviser.
Un essai d'une force et d'une perspicacité rares à l'heure où les différentes croyances s'affrontent et se combattent...
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