Voici venu le temps de nous apitoyer sur notre misérable sort. Depuis deux millénaires, nous avons toujours été hantés par le spectre de notre propre nature : une nature humaine si cupide et si violente qu'elle livrerait la société à l'anarchie si on ne la soumettait pas à quelque gouvernement. Cet ouvrage montre qu'il s'agit d'une conception typiquement occidentale, où l'opposition entre nature et culture est perçue comme le fondement de notre propre tradition (et de nos propres sciences sociales) et de notre différence par rapport à tous ceux qui considèrent que les bêtes sont fondamentalement humaines, et non que les hommes sont fondamentalement des bêtes.
Et ces derniers ont raison, du moins au sens où l'espèce humaine moderne, l'homo sapiens, est apparue il y a relativement peu de temps dans une histoire culturelle humaine beaucoup plus ancienne. La paléontologie nous l'apprend : nous sommes des animaux de culture ; notre patrimoine biologique, c'est de créer des symboles. Croire que nous sommes à la merci de nos penchants animaux est une illusion qui s'enracine aussi dans la culture.
L'homme est un mangeur de viande. Par nécessité physiologique, par goût ; de la viande animale, mais aussi de la chair humaine lors de repas cannibales. Certains chercheurs affirment que la consommation de viande a déclenché l'hominisation ; pour d'autres, c'est la chasse et ses rituels très hiérarchisés qui auraient favorisé l'émergence de l'homme sociétal...
Marylène Patou-Mathis, au cours de ses travaux sur la préhistoire dont elle est une de nos meilleurs spécialistes, a étudié le rôle et l'impact de la viande sauvage dans les sociétés humaines jusqu'à notre époque. A travers la viande, c'est bien évidemment de la place de l'animal dont il s'agit. Une relation complexe s'est établie au fil du temps. En témoignent l'art préhistorique, les récits mythologiques, les croyances... où la figure animale est omniprésente. Cette théâtralisation de la Nature semble tomber dans l'oubli
Pourtant, la chasse, vieille de plusieurs centaines de milliers d'années, fait partie de notre patrimoine culturel. Seules quelques pratiques perdurent dans nos sociétés, telles la chasse à courre ou la tauromachie, avatar ancien du culte du taureau, mais elles font désormais polémiques. Signe que l'animal, aujourd'hui comme hier, occupe une place centrale dans notre monde et dans notre imaginaire qui s'en nourrit inlassablement...
Longtemps la philosophie, la religion ou la politique ont permis à l'homme d'effectuer des modifications sur lui-même. Mais le XXe siècle a vu apparaître une nouvelle façon de transformer l'homme : une façon technique. Parmi les techniques qui ont ainsi été développées, les psychotropes occupent une place prépondérante. Et parmi les psychotropes, les amphétamines occupent elles-mêmes une position centrale : premier psychotrope de synthèse, leur histoire a, très tôt, soulevé toutes les questions inhérentes à l'usage d'instruments de modification de soi-même.
Ce livre raconte l'histoire de ces substances : leur découverte en 1928, leur expansion puis leur déclin et leur interdiction à l'échelle planétaire à partir de 1971 ; leur renouveau, ensuite, qui voit la diversification de la molécule initiale avec l'apparition de dérivés (ritaline, ecstasy, méthamphétamine, etc.) et leur utilisation pour certaines pathologies.
Première histoire naturelle et politique des amphétamines publiée en France, ce livre est aussi l'occasion d'une réflexion sur l'ensemble des transformations de l'homme par lui-même qu'apporte la biologie : le bio-pouvoir.
Longtemps la philosophie, la religion ou la politique ont permis à l'homme d'effectuer des modifications sur lui-même. Mais le XXe siècle a vu apparaître une nouvelle façon de transformer l'homme : une façon technique. Parmi les techniques qui ont ainsi été développées, les psychotropes occupent une place prépondérante. Et parmi les psychotropes, les amphétamines occupent elles-mêmes une position centrale : premier psychotrope de synthèse, leur histoire a, très tôt, soulevé toutes les questions inhérentes à l'usage d'instruments de modification de soi-même.
Ce livre raconte l'histoire de ces substances : leur découverte en 1928, leur expansion puis leur déclin et leur interdiction à l'échelle planétaire à partir de 1971 ; leur renouveau, ensuite, qui voit la diversification de la molécule initiale avec l'apparition de dérivés (ritaline, ecstasy, méthamphétamine, etc.) et leur utilisation pour certaines pathologies.
Première histoire naturelle et politique des amphétamines publiée en France, ce livre est aussi l'occasion d'une réflexion sur l'ensemble des transformations de l'homme par lui-même qu'apporte la biologie : le bio-pouvoir.
En trente ans, les frontières physiques, morales et idéologiques, dans lesquelles l'intelligence de l'homme avait placé l'argent pour en faire un serviteur du progrès et un bon compagnon de route de la démocratie, ont volé en éclats. La liquidité a cessé d'être un moyen pour devenir une religion. La cupidité, naguère vice individuel contrôlable et compatible avec l'utilité commune, est devenue un système.
La crise que nous traversons est beaucoup plus qu'une crise financière, économique et sociale, aussi grave soit-elle : c'est une rupture politique qui sanctionne le passage de l'ère de l'argent socialisé et dispersé, à celle de l'argent privatisé et concentré.
Ce n'est donc pas seulement contre la dépression immédiate qu'il faut lutter, mais aussi contre le risque d'effritement démocratique et de montée des oligarchies qui se dissimule derrière elle.
L'ordre de l'argent maîtrisé, compatible avec la liberté et la justice, est à rebâtir.
On parle aujourd'hui beaucoup de l'autorité, mais peu de son corollaire, l'obéissance. Autant la première est positive, autant la seconde paraît négative. Car, si l'on arrive à distinguer l'autorité du pouvoir, on confond aisément l'obéissance avec la soumission. On adhère à une autorité, alors qu'on se soumet à un pouvoir. Et si la soumission s'obtient par la contrainte ou par la séduction, l'obéissance s'établit sur un rapport de confiance. L'obéissance construit, la soumission détruit.
Daniel Marcelli, auteur de nombreux essais, est pédopsychiatre. Sans se limiter à une réflexion sur le thème de l'obéissance, il s'appuie sur des cas concrets pour nous rappeler opportunément que l'apprentissage de l'obéissance, nécessaire pendant l'enfance, conduit à l'indispensable liberté de désobéir à la maturité. Ce faisant, il apporte une réflexion nouvelle sur un sujet très actuel.
Voici l'histoire de Dieu. Cette histoire est celle d'une discipline, la théologie. Des évangiles aux Père de l'Église, des épîtres de Paul aux Confessions d'Augustin, des ermites orientaux aux hérésies ariennes, de saint Anselme à l'école franciscaine du XIIIe siècle jusqu'à Thomas d'Aquin et ses adversaires - Duns Scot, Ockham -, de la Réforme luthérienne et calviniste à Vatican II et jusqu'à Joseph Ratzinger, ce sont les écoles, les doctrines, les courants et les contre-courants de la théologie chrétienne qui sont ici restitués et analysés.
Le défi était de présenter cette longue histoire en peu de pages et des débats complexes synthétisés en quelques mots clés. Cet ouvrage s'adresse à ceux pour qui la théologie reste une inconnue, une affaire de croyants, la chasse gardée d'érudits. Enfin accessible à tous, la théologie n'est, pas plus que la philosophie, le grec ou le latin, une langue morte.
Ce livre fait découvrir un phénomène religieux très présent en Méditerranée et pourtant encore fort peu connu : la fréquentation des mêmes sanctuaires par des fidèles appartenant à des groupes confessionnels différents.
La mixité, cette aberration pour tout intégrisme, s'avère être un phénomène traditionnel, surtout dans les régions orientales du Bassin, là où les populations ont su s'adapter depuis de nombreux siècles à une vie politique et religieuse instable. Loin d'être des ensembles monolithiques, les religions apparaissent en effet « traversées ». Ce livre en est une éclatante illustration.
« La mondialisation du capital financier est en train de mettre les peuples en état d'insécurité généralisée. » Cet éditorial d'Ignacio Ramonet, dans le Monde Diplomatique de décembre 1997, a constitué le point de départ du mouvement altermondialiste ATTAC - Association pour une Taxation sur les Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens.
Le fondement de la crise tient au capitalisme néolibéral et à sa poursuite du profit et de la rentabilité financière immédiate. On sait combien les idées et théories des économistes ont une influence considérable sur la pensée dominante et sur les politiques économiques.
Comprendre ces questions est un chantier politique majeur pour peser sur les changements indispensables. Il ne suffira pas de quelques réformes financières ou bancaires, il faudra passer, sans doute par étapes, à un autre système économique.
Seuls la « société civile », les citoyens eux-mêmes et les organisations et associations qu'ils ont créées peuvent être les porteurs de ces transformations fondamentales.
Les mutations du travail ont des effets sociaux et anthropologiques très profonds. Elles bouleversent l'identité des individus et fragilisent la cohésion sociale. Comment doit se redéployer, dans ces conditions, l'État social ? Réformes libérales ou réformes de gauche ?
Comme toujours, dans ses analyses de la question sociale, l'auteur croise les regards et les interrogations. Il montre les conséquences diverses et multiples des transformations du travail, à la fois pour la vie des individus menacés de désaffiliation et pour la vie collective, la reconfiguration des rapports de classe, l'effritement de la propriété sociale. Partout naît et se renforce une insécurité sociale aux visages multiples, parfois contradictoires. Il faut donc repenser la protection sociale dans une «société des individus», ce qui contraint l'État à redéfinir son rôle et le droit du travail à redéfinir ses principes. Autrement dit, forcément intervient le politique. Mais dans quel sens ? Et d'abord, pourquoi choisir encore l'«État social» ?
Le parcours proposé par Robert Castel allie, comme toujours, limpidité et acuité du regard. Il s'apparente à un véritable «traité du social», repensé et actualisé pour répondre aux défis posés par la crise du travail et celle de l'État social qui en est la conséquence, dans une société de plus en plus individualisée.