Incidence n°2 octobre 2006. Le déni de réalité

Incidence n°2 octobre 2006. Le déni de réalité
Ed. Michel de Maule

Méditations mythologiques est le prolongement et la condensation, le précipité épuré et apuré d'un livre-somme de Pinchard :

La Raison dédoublée. La fabbrica della mente (Aubier, 1992), où une critique mythologique de la raison, à travers le conflit entre la scolastique et l'humanisme italien, en s'appuyant sur l'?uvre de Giambattista Vico, était menée rigoureusement comme une enquête sur les pouvoirs géminatoires de l'esprit : le deux, la doublure, le ' aussi ', l'intervalle, l'analogie, la variation. Toute la Renaissance était traversée jusqu'à l'épistémologie de René Thom, qui signait une postface complice et aride au livre.
L'exercice de Méditations mythologiques, répondant aux méditations métaphysiques de Descartes, ausculté en profondeur par Pinchard, a pour fonction de ' saisir méthodiquement le sujet à son surgissement le plus libre et de lui montrer que, par un développement rigoureux de ses actes premiers, il engendre une mythologisation générale de l'existence ' (p.19). Il s'agit d'un acte à la fois de fondation et de transformation où la pensée se mesure à l'infini et non à sa finitude. Elle est capable, par une sorte d'autarcie éprouvée, s'étendant à tout ce qui est, s'aliénant pour y jouer la possibilité de l'esprit, de construire et de concevoir des ' objets-limites ', expressions, figurations, plans de conscience, légendes mythes matière subtile, espace qualifié qui devient, avec ses enroulements, ses vibrations, ses résistances, ' étendue mythologique ' dont la méditation prend ' en toute chose le parti de l'âme. Pour quelles fins ? Pour les fins d'une liberté dont il n'est ni idée ni exemple ' (p.95). Platon, Descartes, Malebranche, Leibniz, Dante, Rabelais et jusqu'à René Guénon et René Thom sont relus à la lumière vive d'une réflexion audacieuse, parfois exaltée, hardie dans sa formulation, qui ' des ruissellements (passe) au n?ud, des chemins au massif, et du plein à son conflit fondateur. ' (p.126). Plutôt qu'une pensée éthique, familière dans les parages actuels de la philosophie, nous allons, avec Pinchard, vers une pensée métamorphique, et nous entendons les inflexions d'un Orphée cosmographe. Suggérons les pages fulgurantes, au plus loin de toute lecture philosophante, de la première section :
' Solipsisme du Livre ' où Dante (à qui Pinchard a consacré un essai magistral Le Bûcher de Béatrice) est Le Livre, le nom et le don du Livre, par quoi chaque lecteur désigne et dissipe son origine.
Un livre qui se médite dans l'ordre même où il est écrit, pour reprendre Vico. Et c'est vertigineux.
(Sami El Hage)

Chimères n°61 - Eté 2006

Chimères n°61 - Eté 2006
Ed. Chimères

Méditations mythologiques est le prolongement et la condensation, le précipité épuré et apuré d'un livre-somme de Pinchard :

La Raison dédoublée. La fabbrica della mente (Aubier, 1992), où une critique mythologique de la raison, à travers le conflit entre la scolastique et l'humanisme italien, en s'appuyant sur l'?uvre de Giambattista Vico, était menée rigoureusement comme une enquête sur les pouvoirs géminatoires de l'esprit : le deux, la doublure, le ' aussi ', l'intervalle, l'analogie, la variation. Toute la Renaissance était traversée jusqu'à l'épistémologie de René Thom, qui signait une postface complice et aride au livre.
L'exercice de Méditations mythologiques, répondant aux méditations métaphysiques de Descartes, ausculté en profondeur par Pinchard, a pour fonction de ' saisir méthodiquement le sujet à son surgissement le plus libre et de lui montrer que, par un développement rigoureux de ses actes premiers, il engendre une mythologisation générale de l'existence ' (p.19). Il s'agit d'un acte à la fois de fondation et de transformation où la pensée se mesure à l'infini et non à sa finitude. Elle est capable, par une sorte d'autarcie éprouvée, s'étendant à tout ce qui est, s'aliénant pour y jouer la possibilité de l'esprit, de construire et de concevoir des ' objets-limites ', expressions, figurations, plans de conscience, légendes mythes matière subtile, espace qualifié qui devient, avec ses enroulements, ses vibrations, ses résistances, ' étendue mythologique ' dont la méditation prend ' en toute chose le parti de l'âme. Pour quelles fins ? Pour les fins d'une liberté dont il n'est ni idée ni exemple ' (p.95). Platon, Descartes, Malebranche, Leibniz, Dante, Rabelais et jusqu'à René Guénon et René Thom sont relus à la lumière vive d'une réflexion audacieuse, parfois exaltée, hardie dans sa formulation, qui ' des ruissellements (passe) au n?ud, des chemins au massif, et du plein à son conflit fondateur. ' (p.126). Plutôt qu'une pensée éthique, familière dans les parages actuels de la philosophie, nous allons, avec Pinchard, vers une pensée métamorphique, et nous entendons les inflexions d'un Orphée cosmographe. Suggérons les pages fulgurantes, au plus loin de toute lecture philosophante, de la première section :
' Solipsisme du Livre ' où Dante (à qui Pinchard a consacré un essai magistral Le Bûcher de Béatrice) est Le Livre, le nom et le don du Livre, par quoi chaque lecteur désigne et dissipe son origine.
Un livre qui se médite dans l'ordre même où il est écrit, pour reprendre Vico. Et c'est vertigineux.
(Sami El Hage)

Etudes sur la personnalité autoritaire

Etudes sur la personnalité autoritaire
Theodore W/ Adorno
Ed. Allia

L'ignorance des complexités de la société contemporaine provoque un état d'incertitude et d'anxiété générales, qui constitue le terrain idéal pour le type moderne de mouvement de masse réactionnaire. De tels mouvements sont toujours 'populistes' et volontairement anti-intellectuels. THEODORE W. ADORNO

Revue de métaphysique et de morale n°2 - avril 2006. Paul Ricoeur

Revue de métaphysique et de morale n°2 - avril 2006. Paul Ricoeur
Ed. PUF

Méditations mythologiques est le prolongement et la condensation, le précipité épuré et apuré d'un livre-somme de Pinchard :

La Raison dédoublée. La fabbrica della mente (Aubier, 1992), où une critique mythologique de la raison, à travers le conflit entre la scolastique et l'humanisme italien, en s'appuyant sur l'?uvre de Giambattista Vico, était menée rigoureusement comme une enquête sur les pouvoirs géminatoires de l'esprit : le deux, la doublure, le ' aussi ', l'intervalle, l'analogie, la variation. Toute la Renaissance était traversée jusqu'à l'épistémologie de René Thom, qui signait une postface complice et aride au livre.
L'exercice de Méditations mythologiques, répondant aux méditations métaphysiques de Descartes, ausculté en profondeur par Pinchard, a pour fonction de ' saisir méthodiquement le sujet à son surgissement le plus libre et de lui montrer que, par un développement rigoureux de ses actes premiers, il engendre une mythologisation générale de l'existence ' (p.19). Il s'agit d'un acte à la fois de fondation et de transformation où la pensée se mesure à l'infini et non à sa finitude. Elle est capable, par une sorte d'autarcie éprouvée, s'étendant à tout ce qui est, s'aliénant pour y jouer la possibilité de l'esprit, de construire et de concevoir des ' objets-limites ', expressions, figurations, plans de conscience, légendes mythes matière subtile, espace qualifié qui devient, avec ses enroulements, ses vibrations, ses résistances, ' étendue mythologique ' dont la méditation prend ' en toute chose le parti de l'âme. Pour quelles fins ? Pour les fins d'une liberté dont il n'est ni idée ni exemple ' (p.95). Platon, Descartes, Malebranche, Leibniz, Dante, Rabelais et jusqu'à René Guénon et René Thom sont relus à la lumière vive d'une réflexion audacieuse, parfois exaltée, hardie dans sa formulation, qui ' des ruissellements (passe) au n?ud, des chemins au massif, et du plein à son conflit fondateur. ' (p.126). Plutôt qu'une pensée éthique, familière dans les parages actuels de la philosophie, nous allons, avec Pinchard, vers une pensée métamorphique, et nous entendons les inflexions d'un Orphée cosmographe. Suggérons les pages fulgurantes, au plus loin de toute lecture philosophante, de la première section :
' Solipsisme du Livre ' où Dante (à qui Pinchard a consacré un essai magistral Le Bûcher de Béatrice) est Le Livre, le nom et le don du Livre, par quoi chaque lecteur désigne et dissipe son origine.
Un livre qui se médite dans l'ordre même où il est écrit, pour reprendre Vico. Et c'est vertigineux.
(Sami El Hage)

Pierre Bourdieu. Mouvement d'une pensée

Couverture non disponible
Patrick Champagne & Olivier Christin
Ed. Bordas

Récemment disparu, Pierre Bourdieu est le penseur français autour duquel, dans le monde entier, se développe actuellement le plus grand nombre de programmes de recherche. Son ?uvre, il est vrai, est d'une extraordinaire fécondité.
D'abord parce qu'elle a tenté de dépasser l'alternative entre le « subjectivisme » et l'« objectivisme », entre une anthropologie posant que l'individu seul donne sens et finalité au social, et une physique des faits sociaux dans laquelle l'individu n'est plus qu'un « épiphénomène » façonné par les structures sociales.
Ensuite parce qu'elle n'a cessé d'analyser les divers modes par quoi se constituent les institutions sociales, les représentations « officielles » de la réalité, les formations idéologiques, les structures temporelles, les catégories de la perception artistique, les critères du goût et les styles de vie, les discours, les formes de langage, le champ littéraire, le champ journalistique, les hiérarchies sportives, sexuelles ou scolaires, les « positions » de la philosophie, de l'économie, de la science, de la sociologie elle-même.

L'?uvre de Bourdieu est de celles, autrement dit - c'est pourquoi elle n'intéresse pas seulement les 'spécialistes' mais tous les acteurs politiques et sociaux - qui ont réellement montré ' ce qu'est le monde'.
Présentation de l'éditeur

Tsiganes : sur la route avec les Rom Lovara

Couverture non disponible
Yoors Jan
Ed. Phébus/Libretto

Réédition en poche

Une ville des Flandres dans l'entre-deux guerres. Un gamin fugue pour rejoindre une compagnie de Tsiganes qui passaient par là : une famille de Rom Lovara, ces dresseurs de chevaux qui sont considérés comme l'aristocratie des Fils du Vent. Les parents du petit fugueur le font rechercher, longtemps en vain ; quand ils le retrouvent, il leur explique qu'il ne veut plus aller à l'école, qu'il veut suivre ses amis les Rom sur la route. Et, chose incroyable, on le laisse repartir. Devenu un Rom parmi les Rom, Yoors en racontant sort aventure livre ce qu'on ne trouve dans aucun ouvrage : la vérité d'une culture dont les Tsiganes ont toujours caché les secrets - car ces affamés de liberté se font un devoir de mentir à ceux qui les interrogent... Dès lors s'explique-t-on que ce livre-culte, à peu près seul de son espèce, trouve grâce aux yeux des Tsiganes eux-mêmes ; et soit considéré par quelques autres comme un bréviaire de l'insoumission.
'Le livre que vous allez lire est contagieux. Un mystère fait qu'il s'adresse à chacun de nous intimement. Il rejoint nuitamment nos rêves censurés de jungle et de fuite... Nous sommes tous des nomades contrariés. '
Jacques Meunier.
Présentation de l'éditeur

La panique morale

Couverture non disponible
Ogien Ruwen
Ed. Grasset

Le clonage suscite toutes sortes d'interrogations techniques ou psychologiques. Mais est-il immoral ? L'adoption d'enfants par des couples de même sexe pose certainement des problèmes d'acceptation sociale. Mais est-elle immorale ? Différentes pratiques sexuelles (sado-masochisme, échangisme, etc.) heurtent la sensibilité de ceux qui valorisent des normes de fidélité et de réciprocité. Mais sont-elles immorales ? La pornographie est un genre qu'on peut trouver contestable pour des raisons esthétiques ou politiques. Mais est-elle immorale ? La prostitution est, dans la plupart des conditions où elle s'exerce, un système d'exploitation répugnant. Mais l'acte d'échanger des services sexuels contre rémunération est-il immoral ? A toutes ces questions, il faudrait répondre non. Pourtant, on continue de dénoncer le clonage, l'homoparentalité, les pratiques sexuelles non conformes aux normes de fidélité ou de réciprocité, la prostitution, la pornographie, comme ' immoraux. ' Au lieu d'aider à démonter nos préjugés, tout indique que l'appel à la morale, au contraire, les renforce. Au lieu d'aider à calmer nos appréhensions injustifiées face à tout ce qui paraît neuf ou déviant, l'appel à la morale les alimente. Et, progressivement, la panique remplace la réflexion. Ne serait-il pas temps de penser ironiquement - philosophiquement - tout ce fatras d'effrois et de trop hâtives conclusions ? R.O.

Les études philosophiques n°3 - juillet 2006. Emmanuel Lévinas

Les études philosophiques n°3 - juillet 2006. Emmanuel Lévinas
Ed. PUF

Méditations mythologiques est le prolongement et la condensation, le précipité épuré et apuré d'un livre-somme de Pinchard :

La Raison dédoublée. La fabbrica della mente (Aubier, 1992), où une critique mythologique de la raison, à travers le conflit entre la scolastique et l'humanisme italien, en s'appuyant sur l'?uvre de Giambattista Vico, était menée rigoureusement comme une enquête sur les pouvoirs géminatoires de l'esprit : le deux, la doublure, le ' aussi ', l'intervalle, l'analogie, la variation. Toute la Renaissance était traversée jusqu'à l'épistémologie de René Thom, qui signait une postface complice et aride au livre.
L'exercice de Méditations mythologiques, répondant aux méditations métaphysiques de Descartes, ausculté en profondeur par Pinchard, a pour fonction de ' saisir méthodiquement le sujet à son surgissement le plus libre et de lui montrer que, par un développement rigoureux de ses actes premiers, il engendre une mythologisation générale de l'existence ' (p.19). Il s'agit d'un acte à la fois de fondation et de transformation où la pensée se mesure à l'infini et non à sa finitude. Elle est capable, par une sorte d'autarcie éprouvée, s'étendant à tout ce qui est, s'aliénant pour y jouer la possibilité de l'esprit, de construire et de concevoir des ' objets-limites ', expressions, figurations, plans de conscience, légendes mythes matière subtile, espace qualifié qui devient, avec ses enroulements, ses vibrations, ses résistances, ' étendue mythologique ' dont la méditation prend ' en toute chose le parti de l'âme. Pour quelles fins ? Pour les fins d'une liberté dont il n'est ni idée ni exemple ' (p.95). Platon, Descartes, Malebranche, Leibniz, Dante, Rabelais et jusqu'à René Guénon et René Thom sont relus à la lumière vive d'une réflexion audacieuse, parfois exaltée, hardie dans sa formulation, qui ' des ruissellements (passe) au n?ud, des chemins au massif, et du plein à son conflit fondateur. ' (p.126). Plutôt qu'une pensée éthique, familière dans les parages actuels de la philosophie, nous allons, avec Pinchard, vers une pensée métamorphique, et nous entendons les inflexions d'un Orphée cosmographe. Suggérons les pages fulgurantes, au plus loin de toute lecture philosophante, de la première section :
' Solipsisme du Livre ' où Dante (à qui Pinchard a consacré un essai magistral Le Bûcher de Béatrice) est Le Livre, le nom et le don du Livre, par quoi chaque lecteur désigne et dissipe son origine.
Un livre qui se médite dans l'ordre même où il est écrit, pour reprendre Vico. Et c'est vertigineux.
(Sami El Hage)

Mayak n°1. Culture Solitude Société

Mayak n°1. Culture Solitude Société
Ed. Mayak

Méditations mythologiques est le prolongement et la condensation, le précipité épuré et apuré d'un livre-somme de Pinchard :

La Raison dédoublée. La fabbrica della mente (Aubier, 1992), où une critique mythologique de la raison, à travers le conflit entre la scolastique et l'humanisme italien, en s'appuyant sur l'?uvre de Giambattista Vico, était menée rigoureusement comme une enquête sur les pouvoirs géminatoires de l'esprit : le deux, la doublure, le ' aussi ', l'intervalle, l'analogie, la variation. Toute la Renaissance était traversée jusqu'à l'épistémologie de René Thom, qui signait une postface complice et aride au livre.
L'exercice de Méditations mythologiques, répondant aux méditations métaphysiques de Descartes, ausculté en profondeur par Pinchard, a pour fonction de ' saisir méthodiquement le sujet à son surgissement le plus libre et de lui montrer que, par un développement rigoureux de ses actes premiers, il engendre une mythologisation générale de l'existence ' (p.19). Il s'agit d'un acte à la fois de fondation et de transformation où la pensée se mesure à l'infini et non à sa finitude. Elle est capable, par une sorte d'autarcie éprouvée, s'étendant à tout ce qui est, s'aliénant pour y jouer la possibilité de l'esprit, de construire et de concevoir des ' objets-limites ', expressions, figurations, plans de conscience, légendes mythes matière subtile, espace qualifié qui devient, avec ses enroulements, ses vibrations, ses résistances, ' étendue mythologique ' dont la méditation prend ' en toute chose le parti de l'âme. Pour quelles fins ? Pour les fins d'une liberté dont il n'est ni idée ni exemple ' (p.95). Platon, Descartes, Malebranche, Leibniz, Dante, Rabelais et jusqu'à René Guénon et René Thom sont relus à la lumière vive d'une réflexion audacieuse, parfois exaltée, hardie dans sa formulation, qui ' des ruissellements (passe) au n?ud, des chemins au massif, et du plein à son conflit fondateur. ' (p.126). Plutôt qu'une pensée éthique, familière dans les parages actuels de la philosophie, nous allons, avec Pinchard, vers une pensée métamorphique, et nous entendons les inflexions d'un Orphée cosmographe. Suggérons les pages fulgurantes, au plus loin de toute lecture philosophante, de la première section :
' Solipsisme du Livre ' où Dante (à qui Pinchard a consacré un essai magistral Le Bûcher de Béatrice) est Le Livre, le nom et le don du Livre, par quoi chaque lecteur désigne et dissipe son origine.
Un livre qui se médite dans l'ordre même où il est écrit, pour reprendre Vico. Et c'est vertigineux.
(Sami El Hage)

Ah ! n°4-5 - décembre 2006/janvier 2007. Portraits de l'autre

Ah ! n°4-5 - décembre 2006/janvier 2007. Portraits de l'autre
Ed. Cercle d'art

Méditations mythologiques est le prolongement et la condensation, le précipité épuré et apuré d'un livre-somme de Pinchard :

La Raison dédoublée. La fabbrica della mente (Aubier, 1992), où une critique mythologique de la raison, à travers le conflit entre la scolastique et l'humanisme italien, en s'appuyant sur l'?uvre de Giambattista Vico, était menée rigoureusement comme une enquête sur les pouvoirs géminatoires de l'esprit : le deux, la doublure, le ' aussi ', l'intervalle, l'analogie, la variation. Toute la Renaissance était traversée jusqu'à l'épistémologie de René Thom, qui signait une postface complice et aride au livre.
L'exercice de Méditations mythologiques, répondant aux méditations métaphysiques de Descartes, ausculté en profondeur par Pinchard, a pour fonction de ' saisir méthodiquement le sujet à son surgissement le plus libre et de lui montrer que, par un développement rigoureux de ses actes premiers, il engendre une mythologisation générale de l'existence ' (p.19). Il s'agit d'un acte à la fois de fondation et de transformation où la pensée se mesure à l'infini et non à sa finitude. Elle est capable, par une sorte d'autarcie éprouvée, s'étendant à tout ce qui est, s'aliénant pour y jouer la possibilité de l'esprit, de construire et de concevoir des ' objets-limites ', expressions, figurations, plans de conscience, légendes mythes matière subtile, espace qualifié qui devient, avec ses enroulements, ses vibrations, ses résistances, ' étendue mythologique ' dont la méditation prend ' en toute chose le parti de l'âme. Pour quelles fins ? Pour les fins d'une liberté dont il n'est ni idée ni exemple ' (p.95). Platon, Descartes, Malebranche, Leibniz, Dante, Rabelais et jusqu'à René Guénon et René Thom sont relus à la lumière vive d'une réflexion audacieuse, parfois exaltée, hardie dans sa formulation, qui ' des ruissellements (passe) au n?ud, des chemins au massif, et du plein à son conflit fondateur. ' (p.126). Plutôt qu'une pensée éthique, familière dans les parages actuels de la philosophie, nous allons, avec Pinchard, vers une pensée métamorphique, et nous entendons les inflexions d'un Orphée cosmographe. Suggérons les pages fulgurantes, au plus loin de toute lecture philosophante, de la première section :
' Solipsisme du Livre ' où Dante (à qui Pinchard a consacré un essai magistral Le Bûcher de Béatrice) est Le Livre, le nom et le don du Livre, par quoi chaque lecteur désigne et dissipe son origine.
Un livre qui se médite dans l'ordre même où il est écrit, pour reprendre Vico. Et c'est vertigineux.
(Sami El Hage)

Newsletter