Sphères, vol. 3 : Ecumes

Sphères, vol. 3 : Ecumes
Sloterdijk Peter
Ed. Maren Sell

Peter Sloterdijk, dans ce dernier volume de sa trilogie, Écumes, sphérologie plurielle, part à la découverte de la structure alvéolaire qui permet aux êtres humains de coexister dans les sociétés modernes. Il y souligne le rôle de l'élément aérien, notamment dans les nouvelles techniques de destruction et d'extermination, développe une théorie des îles et de «l'insulation» humaine, se penche sur le phénomène de la cohabitation des «machines célibataires» vivant en cellules juxtaposées, ou encore sur le phénomène de la «serre», fabrication artificielle d'un milieu atmosphérique. En cela, il répond à la question de la nature du lien qui fait tenir le sujet dans ce que la sociologie nomme traditionnellement «société».

Peter Sloterdijk entre avec ce volume dans une phase d'observation de la civilisation contemporaine, dont il rattache l'évolution aux premiers mythes de l'écume, entre autres la naissance d'Aphrodite. Cette forme de pensée sereine - en bulles, en écumes - rend compte de la pluralité des approches et inventions du monde. De même, elle formule une interprétation philosophique et anthropologique de l'individualisme qui, en créant une atmosphère de liberté, dépasse les définitions entendues. Le malheur serait-il la dernière idéologie ?

Écumes, écrit d'une plume vive et claire, est sans doute le volume le plus actuel et le plus accessible de la trilogie Sphères.
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Les déficits en matière de français-langue maternelle

Les déficits en matière de français-langue maternelle
Makamina Bena Jonas
Ed. Harmattan

Diagnostic et base de remédiation

L'insuffisante maîtrise du français et sa relation avec l'échec scolaire occupent, aujourd'hui, une place importante dans les préoccupations des différents acteurs de l'éducation. Des colloques et des congrès se succèdent les uns aux autres pour traiter de cet épineux problème. L'auteur de cet ouvrage revient sur cette question récurrente. Après avoir posé un intéressant diagnostic de la situation, il suggère une série de propositions comme base de remédiation aux déficits en matière d'enseignement du cours de français-langue première. Il faut notamment repenser les programmes de cours, les contenus de manuels, les méthodes d'enseignement, le discours grammatical, etc., tandis que l'élite actuelle, façonnée dans le moule de la «toute-puissante» grammaire scolaire, devrait remettre en cause ses propres connaissances. Pour joindre l'acte à la parole, Jonas M. Bena s'est même attaqué au «pont-aux-ânes» qu'est la sacro-sainte règle d'accord du «participe passé». Il justifie, preuve à l'appui, la nécessité de l'élaguer, dans les limites du rationnel, de ses particularités désuètes et, ipso facto, de la simplifier radicalement.

Jonas Makamina Bena est né au Congo belge, l'actuelle République démocratique du Congo, le 28 octobre 1959. Docteur en Philosophie et Lettres - orientation Langues et Littératures romanes - de l'Université libre de Bruxelles, il est chercheur attaché au Service de linguistique française de cette même institution académique. Il collabore aussi aux travaux du Conseil supérieur de la langue française et de l'Observatoire francophone du français contemporain, section belge. Jonas M. Bena compte, par ailleurs, une bonne dizaine d'articles scientifiques, publiés entre 1990 et 2003, sur l'analyse linguistique des textes littéraires et sur la problématique de la terminologie grammaticale.
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La proximité et la question de la souffrance humaine

La proximité et la question de la souffrance humaine
Couloubaritsis Lambros
Ed. Ousia/Ebauches

En quête de nouveaux rapports de l'homme avec soi-même, les autres, les choses et le monde

L'anéantissement des distances par les moyens de la technique moderne a mis en évidence le rôle primordial des proximités relationnelles de l'homme avec lui-même, avec les autres et avec les choses. Cette ambivalence éclaire la triple structure de la souffrance, d'après laquelle la souffrance s'impose par sa singularité, se diffuse aux autres qui l'éprouvent autrement que l'être souffrant et se laisse transfigurer par les discours politiques, les psychothérapies, les médias, la littérature et les mythes. C'est à travers ces pratiques que l'auteur puise les liens inextricables entre proximité et souffrance. Cette tâche devient d'autant plus difficile que la technique révèle également la complexité des choses, ce qui ajoute une antinomie radicale, le proche devenant éloigné et immaîtrisable. Or, pour surmonter l'oscillation entre l'aveuglement d'une proximité immédiate et la dissémination d'une complexité que notre stature limitée rend irréductible, nous édifions un monde proximal à travers des configurations et des activités configurées qui, paradoxalement, au lieu de limiter le monde distal de l'inconnu et du complexe, l'amplifient à travers chaque nouvelle découverte. La technique, qui contribue à la formation de ces configurations, tente de combler le champ immense qui s'étend entre notre cerveau et les confins de l'Univers, où la profusion des choses requiert des multiples processus de leur provenance. Mais c'est la littérature qui réussirait le mieux à faire voir la complexité du réel, que la philosophie réduit, le plus souvent, à des conditions de possibilité abstraites, ultimes et simplifiées. Pourtant aujourd'hui, c'est la technique qui investit la Nature d'une présence humaine et édifie un monde technico-économique, fondement de notre époque, où la domination mal partagée de la globalisation multiplie les souffrances, empêchant la mondialisation sociale et culturelle de se constituer dans un cadre plus favorable à la dignité humaine. Selon l'auteur, seuls des nouveaux rapports de l'homme au monde, dominés par des proximités qui tiendraient enfin compte de la souffrance comme mesure, et non comme conséquence d'un mal, pourraient ouvrir des chemins d'espoir pour l'humanité.
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La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement

La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement
Philippe Pignarre & Isabelle Stengers
Ed. La Découverte

C'est entendu : il existe une horreur économique encore plus cruelle au Sud qu'au Nord. Mais la dénoncer ne suffit pas : si la dénonciation était efficace, il y a longtemps que le capitalisme aurait disparu... Les auteurs appellent « capitalisme » ce système qui s'invente en permanence et nous saisit à travers des alternatives infernales, du type : « Si vous demandez des droits supplémentaires, une augmentation de salaire, vous favorisez les délocalisations et le chômage. »
Comment ne pas être paralysé ? D'autres peuples ont appelé cela un système sorcier. Et si ce n'était pas une métaphore ? Et si c'était même le meilleur nom que l'on pouvait donner à la prise que le capitalisme exerce sur nous, nous aidant, du coup, à réfléchir aux manières dont nous pouvons avoir prise sur lui ? Pourquoi avons-nous été si vulnérables à un tel système ? Comment se protéger ? Certaines idées partagées par toute la gauche, et d'abord la croyance dans le « progrès », n'auraient-elles pas donné au capitalisme le moyen de nous rendre impuissants ?
En tentant de répondre à ces questions, ce livre ne propose ni un programme ni une nouvelle théorie. Il vise plutôt à encourager tous ceux et celles qui résistent à la résignation, et dont les réussites toujours partielles doivent être racontées, célébrées, relayées. Car l'émergence d'une alternative, loin de se réduire à l'accumulation de luttes défensives et de postures « révolutionnaires », passe plutôt par la construction patiente et joyeuse d'un autre rapport aux autres et au monde, sans que rien de ce que chaque collectivité expérimente soit passé sous silence. C'est un anticapitalisme pragmatique que les auteurs souhaitent ici mettre en discussion, dans la suite du cri lancé à Seattle : « Un autre monde est possible ! »
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Nietzsche et la critique de la chair

Nietzsche et la critique de la chair
Stiegler Barbara
Ed. Puf/Epiméthée

On croit que Nietzsche affirme inconditionnellement le corps et la vie. Mais, en mettant le corps «à la place de l'âme et de la conscience», il n'aurait rien fait d'autre que d'incarner la subjectivité des Modernes dans la corporéité, poursuivant jusqu'à son terme l'«achèvement des Temps modernes» (Heidegger). Nous contestons ces deux hypothèses. Le «concept de Dionysos» (Ecce Homo) ne conduit ni à l'affirmation inconditionnelle de la vie, ni à celle des corps vivants que nous sommes, mais à leur critique, à la première tentative d'une critique de la chair.


Si la critique qui s'engage ainsi reprend celle de Kant, elle se déplace dans un tout autre domaine. Il ne s'agit plus de partir des réquisits de la connaissance, ni de l'expérience et de son besoin d'unité, mais des exigences de l'excès du flux (Dionysos) - qui réclame d'être délimité (Apollon), puis incorporé, organisé et aimé par une oreille en chair (Ariane). Ce qui se trame entre Dionysos, Apollon, Ariane et le Crucifié n'est pas un ornement littéraire. C'est la première histoire philosophique de l'amour (et du désamour) entre la chair et le flux.
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La Déclosion. Déconstruction du christianisme, vol. 1

La Déclosion. Déconstruction du christianisme, vol. 1
Nancy Jean-Luc
Ed. Galilée

«Le sens du monde est hors du monde», écrit Wittgenstein. Mais il faut ajouter que ce «dehors» est enveloppé au-dedans du monde. Il l'ouvre en lui-même. Il l'ouvre à ce qui ne se laisse pas capter comme «sens» et qui pourtant fait signe - signal, clin d'oeil, Wink, invite - vers ceci précisément que, dans la vérité, le sens s'échappe.

«Ceci» a longtemps reçu un nom divin. On ne propose pourtant ici aucun retour à la religion. On souligne au contraire que la raison exige à toute force et toutes affaires cessantes ce que Kant nommait l'inconditionné et que le nom divin masquait en le nommant pourtant : en le dé-nommant.

On indique ainsi que la «clôture de la métaphysique», dont le christianisme est censé avoir formé le plus lourd verrouillage, n'est pas aussi hermétiquement close qu'elle le paraît, et qu'il importe d'en entamer la déclosion.

Déclore l'une envers l'autre philosophie et foi, l'une et l'autre outrepassant la religion désormais plus que close : éteinte malgré ses cendres réchauffées. Exiger que les Lumières soient menées plus loin : jusqu'au point où l'obscur luit de sa clarté propre.

Sous un christianisme démonté de fond en comble, tenter de repérer la trace de l'énergie qui en est venue à manquer à la raison.
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La fable du monde. Enquête philosophique sur la liberté de notre temps

La fable du monde. Enquête philosophique sur la liberté de notre temps
Mairet Gérard
Ed. Gallimard/NRF Essais

Certains ont proclamé la «fin de l'Histoire». Ne serait-ce pas plutôt celle de la philosophie politique moderne qu'il conviendrait de guetter ?

Depuis cinq siècles, en effet, l'action politique a eu pour objet l'institution et la consolidation de la souveraineté, tandis que la philosophie politique structurait ses principes de gouvernement à partir de ce concept : penser la politique c'était penser la souveraineté. Or la souveraineté, née en Europe, forgée à travers les guerres qui donnèrent aux peuples le sentiment de leur particularité, s'y achève sous nos yeux, en une Union des peuples fondée désormais sur la paix, à la suite d'un génocide suicidaire.

Pour penser l'achèvement, la philosophie politique ne saurait plus se contenter de répéter ses affirmations communes sur la volonté du peuple, l'indivisibilité de la république, la dictature du prolétariat et les droits de l'homme. Aucune n'a pu fonder l'existence libre de la multitude : elles ont soit révélé dans l'histoire leur absolue contradiction en allant, parfois, jusqu'au crime, soit permis d'ouvrir le chemin de la vie libre sans être capables, cependant, de le tracer jusqu'au bout. Ces catégories ressortissent à un monde et à sa fable que les temps présents abandonnent au passé.

Le problème constitutif de la philosophie politique - les conditions de la vie libre - n'a pas disparu pour autant, mais la solution nouvelle est à inventer. Une double tâche s'impose désormais : montrer en quoi la souveraineté est achevée et ce que cela signifie, jusque dans les chemins divergents qu'empruntent l'Europe et les États-Unis ; formuler des propositions sérieuses capables d'orienter le débat politique de notre temps : quelle moralité nouvelle, autre que la souveraineté, inventer pour des peuples européens qui, faute de pouvoir encore se faire la guerre, se sont du coup, sans autre projet, abandonnés au marché ?
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Les profanations

Les profanations
Agamben Giorgio
Ed. Rivages

« Profaner c'est restituer à l'usage commun ce qui a été séparé dans la sphère du sacré. »
Cette définition offre au lecteur le fil d'Ariane qui lui permettra de s'orienter à travers les dix petites proses théoriques dans lesquelles Giorgio Agamben a recueilli les motifs les plus urgents et les plus actuels de sa pensée en une sorte d'abrégé fulgurant. Avec un bonheur retrouvé, son écriture se meut entre littérature et philosophie.
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Les philosophes pluralistes d'Angleterre et d'Amérique

Les philosophes pluralistes d'Angleterre et d'Amérique
Wahl Jean
Ed. Empêcheurs de penser en rond

En réaction au culte de l'Absolu totalisant, hérité de la philosophie allemande, en particulier de Hegel, les penseurs anglais et américains ont voulu prendre en compte la diversité du monde sensible, et l'expérience humaine. Au tournant du siècle dernier se sont élaborées des philosophies en dehors des traditions, tout en les incorporant. Les pensées viennent se rencontrer, s'ajuster, se confronter d'un bout de l'Europe à l'autre, et de part et d'autre de l'Atlantique, autour d'une insistance sur la transformation perpétuelle et profonde du monde et de l'individu et la question du mal : l'accepter ou le combattre sans diminuer le potentiel d'action possible.
Cette grande aventure de la pensée, centrée sur le pragmatisme et le réalisme, particulièrement féconde en oeuvres majeures, fait l'objet d'une redécouverte incitant à revenir à la diversité interrogative et à la richesse des origines.
Véritable passeur vers des pensées complexes ou méconnues comme le pragmatisme de William James mais aussi le néo-réalisme, Jean Wahl nous montre que bien des « monistes » sont plus ouverts qu'il n'y paraît aux idées pluralistes. Que de philosophes à découvrir ou redécouvrir dans ce livre : Russell, Dewey, Howison ou Royce, mais aussi Bosanquet ou Bradley...
Les Philosophies pluralistes d'Angleterre et d'Amérique ont constitué une source primordiale pour la construction de la pensée de Gilles Deleuze ; elles nous donnent à voir une « autre » Amérique, pionnière, indépendante et créative, foisonnante et contradictoire, bien en phase avec notre époque avide d'approches plurielles, plus respectueuses de la diversité des individus et des cultures...
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Révolte et mélancolie. Le romantisme à contre-courant de la modernité

Couverture non disponible
Michael Löwy & Robert Sayre
Ed. Payot

Réédition

Qu'est-ce que le romantisme ? Essentiellement une résistance au mode de vie de la société capitaliste moderne. Sous le double éclairage de la révolte et de la mélancolie, Michaeal Lôwy et Robert Sayre montrent en effet que le romantisme s'oppose dans tous les champs (poésie, art, politique, philosophie) à la civilisation moderne engendrée par la révolution industrielle et la généralisation de l'économie de marché. Deux valeurs portent ce 'grand refus' : l'individualisme qualitatif et la recherche d'une nouvelle forme de communauté humaine.
Ce livre montre aussi que, loin d'être seulement la culture propre au XIXe siècle, la vision romantique du monde a persisté, au XXe siècle, chez des penseurs dissidents de la modernité (Péguy, Bloch) et dans le mouvement de Mai 68.
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