Philosopher à l'infini

Philosopher à l'infini
Conche Marcel
Ed. PUF/Perspectives critiques

Je me suis proposé, dans cet ouvrage, de définir ma position philosophique par différence avec les manières de voir de philosophes, parmi ceux qui me furent les plus essentiels : de là des chapitres tels que «Avec Aristote et sans lui», «Avec Epicure et sans lui», «Avec Montaigne et sans lui», etc. Il en ressort une certaine idée de la Nature comme infinie et infiniment créatrice, l'homme étant, comme le dit Goethe, au «coeur» (Kern) de la Nature, pour autant qu'il ne s'enlise pas dans des formes fixes, mais est lui-même créateur. M.C.


L'esprit sociologique

L'esprit sociologique
Lahire Bernard
Ed. La Découverte

Si toutes les théories du social peuvent a priori prétendre à l'égale dignité scientifique, c'est uniquement dans la mesure où celles et ceux qui les mobilisent acceptent de s'imposer un haut degré de rigueur argumentative, de contrainte méthodologique et de sévérité empirique. Or, à bien considérer l'état réel des productions sociologiques, cela est rarement le cas, les différences théoriques ou interprétatives recouvrant souvent des niveaux très différents d'exigence scientifique.
Mais qu'est-ce que penser et connaître en sociologue ? Et pour-quoi un regard scientifique sur le monde social est-il si important à construire, à défendre et à transmettre ? Voilà des questions auxquelles Bernard Lahire s'efforce de répondre dans un livre animé par le désir de dire, le plus précisément possible, ce que fait le sociologue pour produire une connaissance savante sur le monde social.
Issu d'une réflexion sur le travail d'interprétation sociologique mis en ceuvre sur des données de nature différente (données d'observation, entretiens, documents écrits, données quantitatives), ce livre aborde des questions centrales dans l'apprentissage de l'esprit sociologique : la description, l'interprétation et la surinterprétation, l'usage sociologique des analogies, les rapports entre objectivation sociologique et critique sociale, entre l'ordre de la pratique et l'ordre du discours, entre sociologie et littérature, etc.
Et s'il fallait absolument l'affilier à un genre particulier, un tel ouvrage entrerait sans doute, de par sa tonalité critique et sa volonté d'expliciter sans détour ce qu'est la connaissance sociologique mais aussi ce qu'elle n'est pas, dans la catégorie des anti-manuels.
Présentation de l'éditeur

Réponses énigmatiques

Réponses énigmatiques
Axelos Kostas
Ed. Minuit/Arguments

Conférences de K. Axelos prononcées en 2001 et 2002

Un questionnement radical ne peut conduire qu'à des réponses énigmatiques. Celles-ci tentent d'élucider aussi bien l'énigme de la question que celle de la réponse - intimement liées -, en interrogeant également le destin de la philosophie. La catastrophe qui ne plane pas seulement mais nous concerne décisivement est à affronter avec amicalité et, en même temps, nous devons scruter la ruse incisive qui se joue de nous et déjoue nos plans. Sensibles aux failles partout présentes, nous avons comme tâche d'effectuer une percée. Pour énigmatiques qu'elles soient, ces pensées n'en constituent pas moins des réponses.
Présentation de l'éditeur

Une société à la dérive. Itinéraires, interventions (1974-1997)

Une société à la dérive. Itinéraires, interventions (1974-1997)
Castoriadis Cornelius
Ed. Seuil/Couleur des idées

Dans ce volume sont rassemblés des entretiens et des débats auxquels participa, entre 1974 et 1997, Cornelius Castoriadis - militant politique, économiste, psychanalyste et philosophe.
On y verra comment deux questions pour lui «interminables», celle de la vérité et celle de la vie en société, se sont trouvées mêlées dans sa propre histoire. Après des entretiens où sont retracées les grandes étapes de sa carrière, en particulier l'expérience de Socialisme ou Barbarie et l'élaboration de la notion de signification imaginaire, Castoriadis revient inlassablement sur la question de la démocratie - son caractère inachevé, son passé et son avenir dans le monde occidental. Il s'interroge sur les chances de la liberté et du projet d'autonomie dans un monde caractérisé par la destruction des significations, la décomposition des mécanismes de direction, le retrait de la population de la sphère politique - dans une société de hobbies et de lobbies: une «société à la dérive».
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Sphères, vol. 3 : Ecumes

Sphères, vol. 3 : Ecumes
Sloterdijk Peter
Ed. Maren Sell

Peter Sloterdijk, dans ce dernier volume de sa trilogie, Écumes, sphérologie plurielle, part à la découverte de la structure alvéolaire qui permet aux êtres humains de coexister dans les sociétés modernes. Il y souligne le rôle de l'élément aérien, notamment dans les nouvelles techniques de destruction et d'extermination, développe une théorie des îles et de «l'insulation» humaine, se penche sur le phénomène de la cohabitation des «machines célibataires» vivant en cellules juxtaposées, ou encore sur le phénomène de la «serre», fabrication artificielle d'un milieu atmosphérique. En cela, il répond à la question de la nature du lien qui fait tenir le sujet dans ce que la sociologie nomme traditionnellement «société».

Peter Sloterdijk entre avec ce volume dans une phase d'observation de la civilisation contemporaine, dont il rattache l'évolution aux premiers mythes de l'écume, entre autres la naissance d'Aphrodite. Cette forme de pensée sereine - en bulles, en écumes - rend compte de la pluralité des approches et inventions du monde. De même, elle formule une interprétation philosophique et anthropologique de l'individualisme qui, en créant une atmosphère de liberté, dépasse les définitions entendues. Le malheur serait-il la dernière idéologie ?

Écumes, écrit d'une plume vive et claire, est sans doute le volume le plus actuel et le plus accessible de la trilogie Sphères.
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Les déficits en matière de français-langue maternelle

Les déficits en matière de français-langue maternelle
Makamina Bena Jonas
Ed. Harmattan

Diagnostic et base de remédiation

L'insuffisante maîtrise du français et sa relation avec l'échec scolaire occupent, aujourd'hui, une place importante dans les préoccupations des différents acteurs de l'éducation. Des colloques et des congrès se succèdent les uns aux autres pour traiter de cet épineux problème. L'auteur de cet ouvrage revient sur cette question récurrente. Après avoir posé un intéressant diagnostic de la situation, il suggère une série de propositions comme base de remédiation aux déficits en matière d'enseignement du cours de français-langue première. Il faut notamment repenser les programmes de cours, les contenus de manuels, les méthodes d'enseignement, le discours grammatical, etc., tandis que l'élite actuelle, façonnée dans le moule de la «toute-puissante» grammaire scolaire, devrait remettre en cause ses propres connaissances. Pour joindre l'acte à la parole, Jonas M. Bena s'est même attaqué au «pont-aux-ânes» qu'est la sacro-sainte règle d'accord du «participe passé». Il justifie, preuve à l'appui, la nécessité de l'élaguer, dans les limites du rationnel, de ses particularités désuètes et, ipso facto, de la simplifier radicalement.

Jonas Makamina Bena est né au Congo belge, l'actuelle République démocratique du Congo, le 28 octobre 1959. Docteur en Philosophie et Lettres - orientation Langues et Littératures romanes - de l'Université libre de Bruxelles, il est chercheur attaché au Service de linguistique française de cette même institution académique. Il collabore aussi aux travaux du Conseil supérieur de la langue française et de l'Observatoire francophone du français contemporain, section belge. Jonas M. Bena compte, par ailleurs, une bonne dizaine d'articles scientifiques, publiés entre 1990 et 2003, sur l'analyse linguistique des textes littéraires et sur la problématique de la terminologie grammaticale.
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La proximité et la question de la souffrance humaine

La proximité et la question de la souffrance humaine
Couloubaritsis Lambros
Ed. Ousia/Ebauches

En quête de nouveaux rapports de l'homme avec soi-même, les autres, les choses et le monde

L'anéantissement des distances par les moyens de la technique moderne a mis en évidence le rôle primordial des proximités relationnelles de l'homme avec lui-même, avec les autres et avec les choses. Cette ambivalence éclaire la triple structure de la souffrance, d'après laquelle la souffrance s'impose par sa singularité, se diffuse aux autres qui l'éprouvent autrement que l'être souffrant et se laisse transfigurer par les discours politiques, les psychothérapies, les médias, la littérature et les mythes. C'est à travers ces pratiques que l'auteur puise les liens inextricables entre proximité et souffrance. Cette tâche devient d'autant plus difficile que la technique révèle également la complexité des choses, ce qui ajoute une antinomie radicale, le proche devenant éloigné et immaîtrisable. Or, pour surmonter l'oscillation entre l'aveuglement d'une proximité immédiate et la dissémination d'une complexité que notre stature limitée rend irréductible, nous édifions un monde proximal à travers des configurations et des activités configurées qui, paradoxalement, au lieu de limiter le monde distal de l'inconnu et du complexe, l'amplifient à travers chaque nouvelle découverte. La technique, qui contribue à la formation de ces configurations, tente de combler le champ immense qui s'étend entre notre cerveau et les confins de l'Univers, où la profusion des choses requiert des multiples processus de leur provenance. Mais c'est la littérature qui réussirait le mieux à faire voir la complexité du réel, que la philosophie réduit, le plus souvent, à des conditions de possibilité abstraites, ultimes et simplifiées. Pourtant aujourd'hui, c'est la technique qui investit la Nature d'une présence humaine et édifie un monde technico-économique, fondement de notre époque, où la domination mal partagée de la globalisation multiplie les souffrances, empêchant la mondialisation sociale et culturelle de se constituer dans un cadre plus favorable à la dignité humaine. Selon l'auteur, seuls des nouveaux rapports de l'homme au monde, dominés par des proximités qui tiendraient enfin compte de la souffrance comme mesure, et non comme conséquence d'un mal, pourraient ouvrir des chemins d'espoir pour l'humanité.
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La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement

La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement
Philippe Pignarre & Isabelle Stengers
Ed. La Découverte

C'est entendu : il existe une horreur économique encore plus cruelle au Sud qu'au Nord. Mais la dénoncer ne suffit pas : si la dénonciation était efficace, il y a longtemps que le capitalisme aurait disparu... Les auteurs appellent « capitalisme » ce système qui s'invente en permanence et nous saisit à travers des alternatives infernales, du type : « Si vous demandez des droits supplémentaires, une augmentation de salaire, vous favorisez les délocalisations et le chômage. »
Comment ne pas être paralysé ? D'autres peuples ont appelé cela un système sorcier. Et si ce n'était pas une métaphore ? Et si c'était même le meilleur nom que l'on pouvait donner à la prise que le capitalisme exerce sur nous, nous aidant, du coup, à réfléchir aux manières dont nous pouvons avoir prise sur lui ? Pourquoi avons-nous été si vulnérables à un tel système ? Comment se protéger ? Certaines idées partagées par toute la gauche, et d'abord la croyance dans le « progrès », n'auraient-elles pas donné au capitalisme le moyen de nous rendre impuissants ?
En tentant de répondre à ces questions, ce livre ne propose ni un programme ni une nouvelle théorie. Il vise plutôt à encourager tous ceux et celles qui résistent à la résignation, et dont les réussites toujours partielles doivent être racontées, célébrées, relayées. Car l'émergence d'une alternative, loin de se réduire à l'accumulation de luttes défensives et de postures « révolutionnaires », passe plutôt par la construction patiente et joyeuse d'un autre rapport aux autres et au monde, sans que rien de ce que chaque collectivité expérimente soit passé sous silence. C'est un anticapitalisme pragmatique que les auteurs souhaitent ici mettre en discussion, dans la suite du cri lancé à Seattle : « Un autre monde est possible ! »
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Nietzsche et la critique de la chair

Nietzsche et la critique de la chair
Stiegler Barbara
Ed. Puf/Epiméthée

On croit que Nietzsche affirme inconditionnellement le corps et la vie. Mais, en mettant le corps «à la place de l'âme et de la conscience», il n'aurait rien fait d'autre que d'incarner la subjectivité des Modernes dans la corporéité, poursuivant jusqu'à son terme l'«achèvement des Temps modernes» (Heidegger). Nous contestons ces deux hypothèses. Le «concept de Dionysos» (Ecce Homo) ne conduit ni à l'affirmation inconditionnelle de la vie, ni à celle des corps vivants que nous sommes, mais à leur critique, à la première tentative d'une critique de la chair.


Si la critique qui s'engage ainsi reprend celle de Kant, elle se déplace dans un tout autre domaine. Il ne s'agit plus de partir des réquisits de la connaissance, ni de l'expérience et de son besoin d'unité, mais des exigences de l'excès du flux (Dionysos) - qui réclame d'être délimité (Apollon), puis incorporé, organisé et aimé par une oreille en chair (Ariane). Ce qui se trame entre Dionysos, Apollon, Ariane et le Crucifié n'est pas un ornement littéraire. C'est la première histoire philosophique de l'amour (et du désamour) entre la chair et le flux.
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La Déclosion. Déconstruction du christianisme, vol. 1

La Déclosion. Déconstruction du christianisme, vol. 1
Nancy Jean-Luc
Ed. Galilée

«Le sens du monde est hors du monde», écrit Wittgenstein. Mais il faut ajouter que ce «dehors» est enveloppé au-dedans du monde. Il l'ouvre en lui-même. Il l'ouvre à ce qui ne se laisse pas capter comme «sens» et qui pourtant fait signe - signal, clin d'oeil, Wink, invite - vers ceci précisément que, dans la vérité, le sens s'échappe.

«Ceci» a longtemps reçu un nom divin. On ne propose pourtant ici aucun retour à la religion. On souligne au contraire que la raison exige à toute force et toutes affaires cessantes ce que Kant nommait l'inconditionné et que le nom divin masquait en le nommant pourtant : en le dé-nommant.

On indique ainsi que la «clôture de la métaphysique», dont le christianisme est censé avoir formé le plus lourd verrouillage, n'est pas aussi hermétiquement close qu'elle le paraît, et qu'il importe d'en entamer la déclosion.

Déclore l'une envers l'autre philosophie et foi, l'une et l'autre outrepassant la religion désormais plus que close : éteinte malgré ses cendres réchauffées. Exiger que les Lumières soient menées plus loin : jusqu'au point où l'obscur luit de sa clarté propre.

Sous un christianisme démonté de fond en comble, tenter de repérer la trace de l'énergie qui en est venue à manquer à la raison.
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