Colloque de Cerisy-la-Salle. Coordonné par Jean-Eric Aubert et Josée Landrieu
Comment évoluent les civilisations ? La mondialisation les uniformise-t-elle ? Une communauté mondiale est-elle en train de s'établir ? Telles sont certaines des questions qui ont réuni éthologues, anthropologues, sociologues, économistes, philosophes, prospectivistes à Cerisy en 2003. Leurs travaux ont porté sur les hypothèses suivantes : premièrement, les civilisations s'enracinent dans des données anthropologiques et historiques singulières qui déterminent les comportements individuels et collectifs ainsi que les trajectoires des sociétés ; deuxièmement, leur développement repose sur la révélation de leurs potentialités; troisièmement, il n'y a pas une mondialisation mais des mondialisations vécues par les différentes civilisations selon leurs spécificités; quatrièmement, il y a peut-être une « mondialité » en émergence autour de valeurs communes.
Pour étayer ces réflexions, le colloque s'est interrogé sur l'utilité de développer une éthologie des sociétés humaines, élargissant la discipline communément centrée sur les sociétés animales. Des « analyses éthologiques» ont été fournies pour expliquer les systèmes économiques, les religions, les modes de vie, les dispositifs de gouvernance et pour spéculer sur leur devenir. Les pistes méthodologiques ainsi ouvertes renouvellent l'approche des sociétés comme la prospective elle-même.
Présentation de l'éditeur
À travers l'image gore de la décapitation, s'esquisse une généalogie du supplice et du macabre qui ouvre sur une histoire des rapports entre violence et représentation en Occident.
Trois grands moments historiques se dégagent, inaugurés par l'éclat des supplices comme économie de pouvoir - paradigme qui va du sacrifice antique jusqu'au théâtre de la cruauté à l'âge baroque. C'est alors que s'instaure une érotisation progressive des décollations qui hantera toute la sexualité occidentale. L'explosion baroque des têtes coupées est suivie par le contrôle des corps et de leurs représentations qui culmine dans le rêve des sociétés carcérales, transformant la logique du supplice jusqu'à aboutir à la figure paradoxale de la guillotine. Enfin l'économie symbolique de la société disciplinaire entre en crise au sein de la postmodernité: la décapitation est alors hantée à la fois par l'inflation de la violence spectaculaire et par l'érection de la mort en tabou.
Présentation de l'éditeur
?uvre maîtresse de la seconde manière wittgensteinienne, les Recherches philosophiques ont été à maintes reprises remises sur le métier par leur auteur. Elles ne constituent pas un texte achevé, mais un work in progress : la version imprimée de la première partie est en fait une troisième version de l'ouvrage (elle fut rédigée pendant l'année universitaire 1945-1946 et il semble bien que Wittgenstein la retravaillait encore à la veille de sa mort), et la seconde partie provient d'un manuscrit issu de la réélaboration et de la réorganisation de matériaux contenus dans différents textes écrits entre 1945 et 1949. Publiées en 1953 après la mort de Wittgenstein par deux de ses exécuteurs littéraires (G. E. M. Anscombe et R. Rhées) et saluées dès leur parution par des comptes rendus substantiels et élogieux, signés de noms célèbres (N. Malcolm, P. F. Strawson, J. N. Findlay et P. K. Feyerabend), dont l'un présente Wittgenstein comme ' le premier philosophe de l'époque ', les Recherches se sont très vite imposées non seulement comme un texte de référence en philosophie du langage, mais aussi comme un classique de la philosophie contemporaine. Elles ont eu une influence considérable sur divers courants dominants de la philosophie de la fin du XXe siècle (principalement outre-Manche et outre-Atlantique, mais aussi en Allemagne à travers K. O. Apel), et elles sont à la source de bien des débats actuels qui débordent très largement le cadre de la philosophie académique. A vrai dire, elles occupent une position singulière dans le champ contemporain qui tient notamment à leur remise en question des sublimités métaphysiques et des réductionnismes en tout genre et à leur refus catégorique de toute théorie de la signification et de toute quête d'une terre ferme de l'origine - refus qui les tient à l'écart, d'une part des ambitions de la tradition analytique, et d'autre part des présupposés de la tradition continentale, et qui les conduit sur la voie d'une analytique de la quotidienneté dont on n'a certainement pas fini de mesurer la fécondité.
Présentation de l'éditeur
Que représente le savoir pour chacun et chacune d'entre nous ? Que pensons-nous, ressentons-nous, vivons-nous lorsque nous savons, croyons savoir ou ne pas savoir, apprenons, essayons ou refusons d'apprendre, enseignons, produisons un savoir ? À quoi nous renvoie notre apprentissage ou notre non-apprentissage, que cherchons-nous à travers le savoir, quels compromis tissons-nous avec lui ? Désirs, blocages, résistances, avidité, sentiment d'étrangeté ?
Depuis quinze ans, le collectif «Savoirs et rapport au savoir» de l'université Paris-X-Nanterre s'interroge à partir de ces questions dans une perspective à la fois scientifique et militante : mieux comprendre le psychisme humain, c'est aussi contribuer à libérer l'individu des dominations internes et externes dans lesquelles il se laisse enfermer. À cet égard, la notion de rapport au savoir, en nous aidant à mieux comprendre notre rapport aux autres via la médiation du savoir, se révèle particulièrement pertinente. À l'heure où l'on tend de plus en plus à confondre savoir et information, il n'est pas inutile de s'interroger sur les transformations de soi auxquelles doit faire face le sujet qui apprend et de rappeler la force de la pensée face à l'immédiateté de l'image.
Cet ouvrage se veut également un hommage au savoir produit collectivement par une équipe qui en sait le prix, dans le souci de mettre certains de ses résultats à la portée du plus grand nombre.
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Réflexions sur l'abolition de l'apartheid en Afrique du Sud
Appartenant à des disciplines différentes et, pour certains, acteurs d'une histoire toujours en cours, les auteurs de ce volume se posent la question suivante: comment est-on passé en Afrique du Sud de l'apartheid, aboli en 1993, à la réconciliation nationale, de la guerre civile à la paix civile? La réponse se trouve dans l'importance du rôle joué par la Commission Vérité et Réconciliation, instaurée en 1995.
Les travaux de cette Commission ont eu pour vocation de jeter «un pont historique entre le passé d'une société profondément divisée [...]et un avenir fondé sur la reconnaissance des droits de l'homme, sur la démocratie».
Face aux problèmes soulevés par ce type de «justice» sans tribunal, à l'importance accordée au «pardon» qui peut, ou ne peut pas, instaurer de la paix civile dans une démocratie, les propositions soutenues par les auteurs ne sont pas convergentes: c'est de leurs regards croisés que naît la dynamique de ce volume qui engage à des réflexions contradictoires.
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' Je suis un enfant de curé ', disait Lacan. ' Eduqué par les Frères maristes, il fut un garçon pieux et acquit une connaissance sensible, intime, des tourments et des ruses de la spiritualité chrétienne. Il savait aussi merveilleusement parler aux catholiques et les apprivoiser à la psychanalyse. La Société de jésus misa sur son Ecole. Freud, vieil optimiste des Lumières, croyait que la religion n'était qu'une illusion, que dissiperaient dans l'avenir les progrès de l'esprit scientifique. Lacan, pas du tout : il pensait au contraire que la vraie religion, la romaine, à la fin des temps embobinerait tout le monde, en déversant du sens à pleins tuyaux sur le réel de plus en plus insistant et insupportable que nous devons à la science. Jacques-Alain Miller.
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Qu'il étudie la femme, l'art ou la ville dans la société de son temps, Georg Simmel interroge la modernité et ses valeurs esthétiques. Celle-ci se caractérise par l'individualisme et la dissolution des contenus stables, le changement, la mobilité. Le conflit en est une forme essentielle, présente à tous les niveaux de la réalité, inhérente à la vie même; cette catégorie permet en particulier de déchiffrer la crise de la culture contemporaine.
Georg Simmel (1858-1918), l'un des sociologues et philosophes les plus féconds du XXe siècle, est notamment l'auteur de Philosophie de l'argent, Les Pauvres, et Philosophie de l'amour.
Une analyse avec Dieu. Jacques Lacan tenait Kierkegaard pour le plus aigü questionneur de l'âme avant Freud. Il en fut un lecteur assidu et original, et convoque son nom en de nombreux points cruciaux de son enseignement, de sorte que Kierkegaard éclaire Lacan dans le même mouvement où Lacan éclaire Kierkegaard. Les paradoxes du désir, les figures de la jouissance, les mirages de l'amour, mais aussi les ruses ironiques de l'énonciation, les chiasmes de la temporalité, la répétition, l'angoisse, la culpabilité, la création et la part de Dieu dans tout ça : voici autant de questions que suscite ce dialogue.
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Aphrodite, Iseult et Marilyn Monroe ont un point commun : ce sont des blondes. Et, à ce titre, elles suscitent la fascination. De l'Antiquité à nos jours, la blondeur est associée à la beauté, à la jeunesse, à la réussite, que cette couleur soit naturelle ou
savamment créée par des teintures. Cette fascination n'empêche pas l'ambivalence. Au gré des époques et de leurs obsessions, la femme aux cheveux clairs est perçue comme pure et candide - de la Vierge Marie aux héroïnes de contes de fée - ou comme une séductrice vénéneuse, telle Marie Madeleine ou la chanteuse Madonna. Tantôt la blondeur est associée à la bêtise (les 'histoires de blondes' ne datent pas d'hier), tantôt elle est créditée d'une flatteuse image de dynamisme : Margaret Thatcher devint une 'blonde de pouvoir' après avoir teint ses cheveux. Tantôt la blondeur est chaleur, avec les pin-up des années 1930 ; tantôt elle est froideur, avec les héroïnes hitchcockiennes. Cette fascination pour les cheveux clairs est aussi à l'origine de délires criminels : la blondeur aryenne fut considérée comme la preuve et le symbole d'une supériorité raciale. Les blondes explore avec aisance et dynamisme ces représentations de la blondeur, à travers de nombreux portraits de femmes mythiques. Et s'interroge sur les raisons, ancrées dans les inconscients, de cette attirance jamais démentie pour les cheveux couleur d'or.
Présentation de l'éditeur
Se basant sur Etre et Temps (1927), Günther Anders entend montrer que la modalité humaine de l'âme, mise par Heidegger au-delà de la nature et de la surnature, sans lien avec l'individuel, le social et l'historique effectifs, se traduit par la vacuité, l'absence d'épaisseur sociale, la liberté politique oubliée, la pulvérisation de l'histoire, le rejet de l'autre.