Exploration fragmentaire de la réalité, Surgir est un livre inondé de mouvements : le mouvement de l'esprit, du temps, de la mémoire et de l'amour.
Un nouveau volume de prose aphoristique et de poésie philosophique d'Etel Adnan, grande poète et artiste, dont le travail a été décrit par le New York Times comme « l'héritier méditatif des aphorismes de Nietzsche, du Livre d'heures de Rilke et des versets du mysticisme soufi ».
« Il faudrait un texte médical qui détermine ce qui marche dans le corps et ce qui ne marche pas afin de savoir qui est vivant et qui est mort. On sait toujours tout. » Discipline est un manuel poétique qui ouvre les corps aux regards inquiets. Ces corps, ceux des femmes ou des hommes, des mères ou des pères, ces corps noirs effacés à dessein ou ceux filtrés par les écrans, sont abîmés et meurtris, parfois méconnaissables. Qui les violente, qui est à la manœuvre ? Est-ce le corps social et politique pour qui celui de l’individu doit être contenu ? C’est tout l’enjeu du désir d’une « histoire vide » : Discipline est un livre qui décontenance les corps, les ouvre, les vide et les redistribue. Leur procession se fait certes dans la douleur promise par le titre. Mais il y a au cœur du mot discipline la racine latine discere, apprendre. Contre l’oppression des êtres et l’idée d’un savoir absolu, l’écriture est discipline, apprentissage toujours recommencé, travail de la langue, doute renouvelé. « Il y a des corps plein les arbres – on le sait » : la discipline, c’est continuer à écrire en sachant cela, en sale connaissance de cause. Non pas le « je vais vous apprendre » du père fouettard, mais au contraire la poésie qui « nous apprend ». Nous, à la fois objet et destination, rêve et possibilité d’un corps sain.
Ici il y a de petits animaux
fourrageant et satisfaits
Peut-être est-ce comme ça que cela s'appelle
peut-être l'amour est-il un petit animal fourrageant
entièrement satisfait quand sa bouche ici
quand la fourmi et le soleil et la toison
C'est une drôle de vue
la lueur du soleil et de la toison et une bouche
affairée à la nature
une bouche affairée à se faire fleurir
une beauté à fleurir la bouche
Formes courtes, pudiques, presque modestes, les poèmes de John Freeman dessinent une cartographie intime qui laisse puissamment entrer le monde entre ses lignes. Et raconte un ici et maintenant où l'ici peut être un peu partout - Alger, Beyrouth, Damas, Oslo, Paris, Sarajevo ou les plis d'une Amérique sans gloire. Une poésie vivante et sonore, voyageuse et rapide, qui fait de nous ses fraternels contemporains et parcourt la planète - et le passé - comme les lignes de la main. S'exercent ici la capture des choses perdues, la domestication d'un chagrin indomptable, l'extension du domaine des souvenirs dans la tentative entraînante de rendre l'avenir possible.
le livre
à bout de bras
au-dessus de son visage
comme ligne d’horizon
comme carte d’un territoire
à décrypter en temps réel
le garçon lit
Ce garçon qui se déplace secrètement vers une autre dimension découvre les pouvoirs des mots. Quelques années plus tard, devenu écrivain, il mixe – à sa façon – scènes familiales et extraits de ses lectures, pour ouvrir son « livre du dedans » et révéler son parcours de lecteur.
Pierres Répétition Grilles : le titre de ce recueil a la justesse d'un poème. Les trois vocables résument une expérience d'emprisonnement et en marquent les trois étapes : Pierres fut rédigé sur l'île de Yaros, Répétitions sur celle de Léros. Enfin, c'est en résidence surveillée sur l'île de Samos, en 1968, que Ritsos composa Grilles. Yaros, Léros, Samos. À chaque jour ou presque correspond un poème marqué de la date et du lieu de sa composition. Ces poèmes sont l'exercice constant d'une liberté plus forte que l'oppression immédiate en même temps que le reflet distancié d'une résistance intime. Ritsos écrit, pour rester en vie au milieu des pierres, rester en vie derrière les grilles, toujours, dans la répétition de l'histoire.
« Je veux faire du bruit avec les pieds
Et je veux que mon âme trouve son corps. »
Parra est mathématicien, professeur. C'est l'un des grands poètes sud-américains. On lui a donné le prix Cervantès en 2011, ça ne l'a pas tué. Quand il écrit, c'est sans perruque, pas sans mâchoire : ses dents montrent la joie, le rire, la grimace, le dentier, le cadavre. La conscience ordinaire, celle de l'homme de la rue et de son langage, trouve une expression lyrique.
Philippe Lançon
Dès son premier recueil, Zone grise le matin (1988), Durs Grünbein s'est imposé par l'inventivité de son lexique, par sa virtuosité et par son ironie. Poète de la fin des utopies dans les derniers temps du régime communiste en Allemagne de l'Est, il a su exprimer la stupéfaction causée par la chute du Mur, et en souligner les enjeux. Certains poèmes de son deuxième recueil, Leçon crânienne (1991), et notamment les « Sept télégrammes » écrits immédiatement après la démission d'Erich Honecker, ont connu en Allemagne un retentissement considérable. Pour la première fois depuis bien longtemps, un poète accédait à une renommée dépassant très largement le cercle habituel des lecteurs de poésie. Après la parution de son troisième recueil, Plis et replis (1995), il a obtenu le prix Büchner, la plus haute distinction littéraire allemande.
Foisonnante, diverse, renouvelée, la poésie néerlandaise ne cesse d'étonner. Cette anthologie bilingue est une ouverture inattendue sur un territoire de littérature à quelques heures de la France. Abordant à la fois les thèmes de la ville connectée, du féminisme, de l'immigration ou encore de la sexualité, ces vingt-quatre poètes ont donné une riche impulsion à leur langue maternelle. Dans ces pages, les jeunes écrivains côtoient les auteurs aguerris dont l'oeuvre a déjà été récompensée par de nombreux prix. D'Anneke Brassinga, née en 1948, à Simone Atangana Bekono et Marieke Lucas Rijneveld, nées en 1991, cette anthologie offre un panorama stimulant de la poésie néerlandaise contemporaine.
Prix Nobel de littérature 1996, Wislawa Szymborska doit une grande partie de sa popularité en Pologne à la simplicité de son écriture. Elle décrit sur un ton ludique, teinté d'ironie légère, des scènes quotidiennes et des anecdotes qui tiennent lieu de début de réflexion sur le monde.