La nuit, certains quittent leur lit et l'on se dit simplement qu'ils sont somnambules et que cela passera peut-être avec le temps, que l'âge arrangera tout ça.
D'autres se lèvent aussi, mais on ne sait pas trop vers où ils marchent et ils ne semblent jamais regagner leur lit. On se dit alors que ceux-là vont marcher jusqu'au bord du visible, jusqu'au bord inespéré du visible.
'Ce qui, pour Bataille, souille la poésie, c'est la poésie elle-même dans la mesure où elle consent à se satisfaire de ses beautés, aussi veut-il souiller cette souillure pour atteindre la poésie 'véritable'. La langue, évidemment, souffre ici de n'avoir qu'un mot pour désigner des projets contradictoires, mais par cette souffrance, et à condition que son locuteur ait conscience de faillir, elle parvient à un état d'échec où, touchant à l'impossible, elle en tire une énergie décuplée. Un instant, elle est alors cette supplication sans attente de la moindre réponse où les mots se surpassent. Ce moment de vérité permet que l'angoisse déferle et qu'elle découvre en nous la fuite où s'abîment le sens et la certitude. Depuis le bord de cette fuite, on peut soit dramatiser sa perception pour déclencher un emportement et peut-être l'extase, soit glisser dans la vision de l'inachèvement généralisé. Sans doute n'est-ce que sur ce bord que s'offre à la méditation cette phrase de Bataille : 'Qui ne 'meurt' pas de n'être qu'un homme ne sera jamais qu'un homme.'' Bernard Noël Extrait de la préface
« et c'est donc bien comme je pensais l'avoir un jour compris : on ne commence jamais, on continue et, des cris imités des animaux qui, à l'inverse de l'élégiaque, jamais ne hurlent, sifflent, gazouillent, rugissent ni ne brament pour rien mais font ainsi connaître qu'ils ont réellement faim ou soif, qu'ils ont peur, qu'ils menacent, désirent s'accoupler, pressentent la venue de la pluie, l'imminence du retour de la lumière ou de son déclin,
avant même qu'on ait eu l'idée de nommer sa propre main puis l'arme ou l'outil qu'elle invente en ramassant un caillou tranchant ou un bout de bois pointu,
dans ce réseau de significations très précises où le tonnerre imposait tout à coup le silence fracassant d'un dieu,
on passa de l'écoute intelligente des cris des bêtes à ceux que l'on poussait en matant les soubresauts d'une femelle ou pour chasser les urubus profanateurs des morts. »
En 1914, le Liégeois Oscar Thiry passe par la Hollande neutre pour s'engager en France comme volontaire de guerre. Dès qu'il atteint l'âge de 18 ans, son frère Marcel le rejoint. Ils s'enrôlent au corps des autos-canons, destiné à la guerre de mouvement. Ce corps est expédié par bateau vers la Russie, pour y combattre les Autrichiens. En juillet 17, Oscar est blessé au cerveau par des éclats de shrapnells et ramené en France. Après la révolution d'octobre, les Belges ne sont plus en Russie en pays allié. Ils vont donc devoir rejoindre la France par la Chine puis les Etats-Unis.
Le tour du monde en guerre des autos-canons belges, que Marcel Thiry publie en 1965 seulement, est le récit de ce périple peu banal. L'auteur meurt en 1977 sans savoir que demeurent enfouies au fond d'un tiroir familial les lettres que les deux frères envoyèrent à leurs parents de 1914 à 191. Publiés enfin aujourd'hui, 80 ans plus tard, elles offrent un témoignage unique sur la vie de deux jeunes hommes confrontés à la guerre. Leur tonalité affecticve éclaire d'un jour attachant la chronique journalistique que constitue le Tour du monde.
Présentation du petit carnet que Guillaume Apollinaire, alors sur le front en première ligne des tranchées, avait dans sa poche, et sur lequel il écrivait et dessinait dans les rares moments de répits. Un témoignage sur la vie des tranchées. Une collection pour découvrir autrement un auteur ou un artiste, à partir de pièces d'archives ou de documents rares.
Première revue marocaine consacrée à la poésie internationale
Faire vivre ensemble et amoureusement des textes d'hommes et de femmes venant de divers horizons et partageant le même rapport à la réalité, à la langue et au village-monde. Edito.
Les filles de quartier
se jettent des nuages la sangle à la main.
Leur sourire ne s'ouvre pas.
Ce serait comme un hymen recousu
par la générosité des violeurs
Linda Maria Baros (Roumanie)
Rends-toi, petite île
Laisse tomber tes réfugiés, tes chères chétives
Accepte l'ordre
Arrache ton persil
Et accueille les cavaliers bindés.
Volker Braun (Allemagne)
Le rêve arabe s'endort
Le muezzin efface
La nuit
Tandis que fume le dernier
Cercle du soleil.
Michel Bulteau (France)
Chaque jour on ne peut éviter le coup de feu du temps,
Ce tireur embusqué !
Shu Cai (Chine)
Allez radoter ailleurs, rimes d'un centime,
trembler ailleurs pour douze lecteurs
et un critique ronfleur
Hugo Claus (Belgique)
Un enfant court bravement derrière son enfance
Rêvant du monde venu se déposer entre ses mains
Et du ciel comme plumage à ses ailes.
Ouafaa Lamrani (Maroc)
J'entends les oiseaux aux pieds peints psalmodier les airs
du ravissement, les murs ouvrant larges leurs fissures, enmmagasinant
les reflets du miroir.
Mohamed Loakira (Maroc)
Les Croates me tapent sur les nerfs
Ce n'est pas étonnant : je les fréquente
Depuis trente-huit ans déjà.
Boris Maruna (Croatie)
Au lieu de lèvres féminines,
ils laissent
l'étoile à cinq branches imprimer
sur nos fronts moites
son rouge où a coagulé le sang des héros.
Senadin Musabegovic (Bosnie-Herzégovine)
Je n'ai rien d'autre à espérer :
un crépuscule d'hiver
et un corbeau amoureux de moi.
Grânaz Moussavi (Iran)
- Te souviens-tu de la copiste ? Celle qui renversa de l'encre
sur ta robe ?
- Non.
Mercedes Roffé (Argentine)
'C'était au Maroc à la campagne...'
Mustafa Stitou (Pays-Bas)
Aveugles, les imbéciles refusent
De se couper la barbe,
Ceux qui me pointent du doigt.
Serge Patrice Thibodeau (Canada)
Le matin du 24 septembre 1966
j'ai écrit une lettre à un ami proche
sur le péché originel
sur le crime parfait et la méthode d'extermination du savoir.
Gozô Yoshimasu (Japon)
Présentation de l'éditeur
Première revue marocaine consacrée à la poésie internationale
Faire vivre ensemble et amoureusement des textes d'hommes et de femmes venant de divers horizons et partageant le même rapport à la réalité, à la langue et au village-monde. Edito.
Les filles de quartier
se jettent des nuages la sangle à la main.
Leur sourire ne s'ouvre pas.
Ce serait comme un hymen recousu
par la générosité des violeurs
Linda Maria Baros (Roumanie)
Rends-toi, petite île
Laisse tomber tes réfugiés, tes chères chétives
Accepte l'ordre
Arrache ton persil
Et accueille les cavaliers bindés.
Volker Braun (Allemagne)
Le rêve arabe s'endort
Le muezzin efface
La nuit
Tandis que fume le dernier
Cercle du soleil.
Michel Bulteau (France)
Chaque jour on ne peut éviter le coup de feu du temps,
Ce tireur embusqué !
Shu Cai (Chine)
Allez radoter ailleurs, rimes d'un centime,
trembler ailleurs pour douze lecteurs
et un critique ronfleur
Hugo Claus (Belgique)
Un enfant court bravement derrière son enfance
Rêvant du monde venu se déposer entre ses mains
Et du ciel comme plumage à ses ailes.
Ouafaa Lamrani (Maroc)
J'entends les oiseaux aux pieds peints psalmodier les airs
du ravissement, les murs ouvrant larges leurs fissures, enmmagasinant
les reflets du miroir.
Mohamed Loakira (Maroc)
Les Croates me tapent sur les nerfs
Ce n'est pas étonnant : je les fréquente
Depuis trente-huit ans déjà.
Boris Maruna (Croatie)
Au lieu de lèvres féminines,
ils laissent
l'étoile à cinq branches imprimer
sur nos fronts moites
son rouge où a coagulé le sang des héros.
Senadin Musabegovic (Bosnie-Herzégovine)
Je n'ai rien d'autre à espérer :
un crépuscule d'hiver
et un corbeau amoureux de moi.
Grânaz Moussavi (Iran)
- Te souviens-tu de la copiste ? Celle qui renversa de l'encre
sur ta robe ?
- Non.
Mercedes Roffé (Argentine)
'C'était au Maroc à la campagne...'
Mustafa Stitou (Pays-Bas)
Aveugles, les imbéciles refusent
De se couper la barbe,
Ceux qui me pointent du doigt.
Serge Patrice Thibodeau (Canada)
Le matin du 24 septembre 1966
j'ai écrit une lettre à un ami proche
sur le péché originel
sur le crime parfait et la méthode d'extermination du savoir.
Gozô Yoshimasu (Japon)
Présentation de l'éditeur
Du roi Salomon au Siècle des lumières, de l'Andalousie à la Mer rouge, la poésie amoureuse hébraïque a puisé son inspiration dans les lettres arabes, le sonnet italien, et la poésie courtoise. Empruntant aux sources bibliques, qu'il s'agisse de passions humaines ou d'adoration divine, cette poésie chante avec une ferveur égale les amours sacrées et les amours profanes.
Se trouvent ici réunis quelques-uns des plus beaux poèmes d'amour de Wystan Hugh Auden. Ils sont suivis de cinquante aphorismes qui s'enchaînent en une réflexion sur le sens exact et véritable des mots «Je t'aime», et sur la résistance qu'opposent au langage les sentiments les plus intenses.
Ce long poème met en scène la Russie du début du XXe siècle caractérisée par son instabilité. Il évoque ainsi toute une galerie de personnages dont Vsévolod Kniazev, qui se donne la mort pour la chanteuse et danseuse Olga Afanassievna Glébova-Soudëikina