Fondé sur une approche historique et esthétique, cet ouvrage s'attache à montrer comment la pantomime a représenté, entre 1880 et 1945, un « théâtre en mineur », susceptible de réfléchir et de repenser les enjeux de la scène, pour bon nombre d'auteurs (Huysmans et Hennique, Claudel, Cocteau), d'interprètes (Wague, Colette, Barrault), et de metteurs en scène (Lugné-Poe, Copeau, Artaud). En inoculant, au coeur du théâtre, des procédés venus d'autres disciplines artistiques (dessin, photographie, cinéma, danse, cirque), elle a transformé l'écriture dramatique, le jeu d'acteur et la conception du spectacle.
Les pièces muettes se multiplient à la fin du XIXe siècle, générant une dramaturgie didascalique subjective, qui s'inspire du roman et du poème en prose. Symptomatique d'une « crise du drame » (Szondi) et d'une « crise du geste » (Agamben), le jeu mimé interroge alors la mise en scène naissante et soulève des polémiques relatives à la formation du comédien. L'acteur, dont l'expression se concentrait sur le visage et les mains, est incité à reprendre possession de son corps dans son entier. Mise à mal par l'avènement du mime corporel fondé par Decroux, la pantomime n'en a pas moins constitué un recours décisif pour stimuler le rythme et l'image scéniques.
Dans un lieu qui pourrait s'appeler cabaret ou théâtre, où le sérieux et la légèreté, la gravité et la dérision pour un soir ne s'opposeraient plus, quelques spécimens de l'humanité viennent se raconter ou se chercher une vérité sous la conduite d'un présentateur plutôt déconcertant.
N'ayant d'autre principe que de faire spectacle de tout et d'échapper aux limites entre le bon et le mauvais goût, le vrai et le faux, ce lieu se voudrait un miroir, ce même miroir des contes dans lequel on vient s'interroger ou se dévoiler.
Barker revisite l'épisode biblique de La Cène en y propulsant des prostituées, des soldats, des veuves, des artisans... tout un monde en recherche de sens. Un autre Messie, figure inversée de Jésus, rassemble ses disciples pour une dernière rencontre au cours de laquelle la transsubstantiation deviendra cannibalisme.
Dans Faux pas, après la mort mystérieuse du Roi, un anatomiste est convoqué pour disséquer la dépouille royale. Soumis aux désordres sensuels de la famille royale et à la confusion spirituelle d'une cour endeuillée, il découvre peu à peu qu'il est l'objet d'un piège érotique et politique qui se refermera sur lui.
Howard Barker reprend ici les thématiques familières du théâtre de la Catastrophe. Il s'inscrit, une fois encore, dans la lignée de Shakespeare, interrogeant l'Histoire et le rapport maître-esclave, dans une langue à la fois crue et lyrique.
Le metteur en scène et acteur suisso-colombien Omar Porras a développé un type de théâtre masqué qui regorge d’une énergie galvanisante. Il explique ce qu'est pour lui la mise en scène dans un entretien avec Luz Maria García.
Reconnaître à l'art une dimension sacrée, y compris dans une société laïque, ou plutôt justement dans une société laïque, c'est le désigner comme une zone franche et inaliénable où puisse se donner libre cours au bénéfice de tous, je te cite, « l'alliance du verbe et de la présence vivante dans une cérémonie collective qui transcende notre représentation du monde ».
Resituer « Lagarce dans le mouvement dramatique », c'est choisir de mettre en lumière des correspondances dramaturgiques, de tisser des liens de contemporanéité entre cet auteur et des écritures de la fin du XIXe siècle ou des débuts du XXe siècle, voire d'époques plus anciennes, telles l'âge classique ou celui des Lumières. C'est aussi dessiner une sorte de portrait de groupe qui mettra en valeur les liens esthétiques existant entre Lagarce et d'autres dramaturges contemporains. Et c'est enfin témoigner d'une oeuvre en mouvement, c'est-à-dire profondément novatrice, qui, d'une pièce à l'autre, ne cesse de renouveler, de réinventer les formes du drame et de la scène.
Danseuse, chorégraphe, performer, réalisatrice et écrivaine, Yvonne Rainer est une figure centrale de l'histoire de l'avant-garde new-yorkaise. Une femme qui... réunit des textes écrits parallèlement à la réalisation des films, une sélection d'entretiens et d'essais qui constituent la biographie intellectuelle de Rainer. On y découvre la singularité de sa culture, ses préoccupations intimes et une écriture complexe non dénuée d'humour. Écrits au cours des trois dernières décennies, ils explorent les questions de la représentation identitaire, du féminisme, de l'âge, de la maladie, de la ménopause, de l'insatisfaction sexuelle et de la violence politique.
Le travail éditorial a été réalisé, avec le concours d'Yvonne Rainer, par une équipe d'enseignants du Programme CCC Critical Curatorial Cybermedia de la Haute école d'art et de design de Genève et en collaboration avec Françoise Songer, traductrice.
Chaque matin, juste avant d'aller au travail, Mademoiselle Koga se rend dans un restaurant franchisé de Tokyo pour boire un café et rédiger son journal. Cette demi-heure de temps libre, c'est son «freetime», le seul moment où elle échappe à la rigueur des codes de la vie sociale. Avec Freetime, le dramaturge et metteur en scène Toshiki Okada, dont ce texte est le premier traduit en français, propose un dispositif littéraire et théâtral singulier, où la multiplicité des points de vue rapportés interroge la teneur incertaine des faits quotidiens.
Un homme, le narrateur, s'adresse à une vieille femme, la toute petite, incarnation du petit peuple romain d'autrefois. Il lui raconte le massacre des fosses ardéatines qui, le 24 mars 1944, a coûté la vie à 335 Italiens, résistants, Juifs, communistes, mais aussi simples passants, en représailles à un attentat de la résistance perpétré la veille, via Rasella, en plein coeur de Rome. Cet événement est resté un lieu de mémoire pour tous les habitants de Rome. À travers lui, c'est le destin d'une ville et d'un peuple qui nous est raconté.
« Il s'agit d'une véritable entreprise pour redonner sens à l'univers de la tragédie, par l'évocation d'un événement qui constitue un lieu important de la mémoire contemporaine nationale, sujet souvent à de délicates controverses ou à des interprétations connotées. » Olivier Favier, traducteur
Fascisme soft ? Est-ce que cela veut dire qu'à partir de maintenant nous vivons en permanence dans une peur diffuse qui nous amène à accepter tout ce que le gouvernement ordonne ? Est-ce que cela veut dire que nous torturons des gens, mais que nous le faisons pour une bonne cause ? Est-ce que cela veut dire tout simplement que nous n'avons pas de télévision critique envers le gouvernement parce que ce serait anti-patriotique, que nous n'avons pas besoin d'informations parce que nous devons Avoir confiance en notre gouvernement, de même que le président A confiance dans le fait que Jésus-Christ va lui montrer le chemin pour faire ce qui est juste pour son pays ?