Il est regrettable que les critiques ne recourent pas plus souvent aux changements d'auteur, qui permettent de découvrir les oeuvres sous un angle inhabituel. Attribuée à un nouvel auteur, l'oeuvre demeure certes matériellement identique à elle-même, mais elle en devient dans le même temps différente et prend des résonances inattendues qui enrichissent sa perception et stimulent la rêverie.
On imagine les effets positifs que pourrait avoir l'extension de cette pratique dans l'enseignement où, déjà familière aux élèves, elle permettrait de revisiter à moindre frais les grands classiques. Et dans la recherche scientifique où, en incitant à travailler sur L'Étranger de Kafka, Autant en emporte le vent de Tolstoï ou Le Cuirassé Potemkine d'Hitchcock, elle contribuerait à ouvrir des voies nouvelles.
Didier Blonde, arpenteur de Paris, aime au long de ses lectures « aller voir sur place ». En l’occurence, se rendre aux adresses parisiennes des personnages fictifs qu’il croise au fil de ses lectures. Il tient de ces adresses un répertoire bien réel, fidèle et strict, et compose ainsi, avec le souci du détective, un carnet d’adresses qui, de Jean-Baptiste Adamsberg à Zazie, du Ier au XXe arrondissement de Paris, sont autant d’invitations à la lecture qu’à la promenade.
Il existe une vaste littérature sur l'oeuvre, l'action politique et l'héritage de Drieu La Rochelle, d'Aragon et de Malraux. Mais aucune étude qui se propose d'analyser leurs itinéraires croisés d'un point de vue chronologique et thématique à la fois. C'est le pari tenté par Maurizio Serra. Il a relu ce moment capital de « l'idéologie française » du vingtième siècle, où s'affrontent révolution et anarchie, communisme et fascisme, surréalisme et décadence, résistance et collaboration, patriotisme et « parti de l'étranger », gaullisme et internationalisme à travers le destin extraordinaire de trois intellectuels « furieusement » engagés. Trois hommes unis et lacérés par leurs contradictions, leurs passions, leurs démons intérieurs.
« Une fabuleuse fresque du XXe siècle, superbe et suffocante. »
Romaric Sangars, Chronic'art.
« Un brillant essai. » Dominique Fernandez, Le Nouvel Observateur.
« Un livre subtil et captivant, plein de fortes intuitions et d'érudition sauvage. » Sébastien Lapaque, Le Figaro littéraire.
Recueil d'essais dans lequel l'écrivain espagnol livre ses impressions et ses commentaires sur des oeuvres qu'il a lues au moins deux fois : La mort de Virgile d'Hermann Broch, la trilogie romanesque d'Arno Schmidt, Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov ou encore Madame Bovary de Gustave Flaubert et Radicaux libres de José Maria Ridao.
Des lettres annotées, pour la plupart inédites, d'Henri Michaux dans lesquelles il explique à ses correspondants son refus de se plier aux contraintes de la célébrité (médias, colloques, publications dans la Pléiade, etc.).
Le mot persiflage, apparu brusquement vers 1734, connaît aussitôt un immense succès dans la société mondaine, avant de décliner tout aussi rapidement dès le début de la Révolution. Après avoir servi à désigner le jargon ampoulé et frivole des élégants de la cour, il est appliqué à l'art libertin de la mystification, puis à la gaieté philosophique. Une enquête sur le rire au XVIIIe siècle.
Seul un collectionneur peut véritablement parler de la collectionnite, cette maladie aux symptômes bien connus, aux patients innombrables et aux conséquences plus ou moins épouvantables pour les proches, les finances, la décoration... Le lecteur pardonnera donc à Emmanuel Pierrat de se mettre souvent en avant, car il aime à collectionner les faits d'arme.
On l'aura compris, il ne propose pas ici une énième histoire des collectionneurs - Maurice Rheims ou Pierre Cabanne ont magnifiquement brossé le portrait des plus grands malades - mais une accumulation, forcément incomplète mais toujours piquante, d'histoires de collectionnite.
Sont ainsi passés en revue les aléas de la cohabitation amoureuse, l'éventuelle hérédité de la collectionnite, l'inventivité pour dénicher... de l'espace, la casse d'un objet précieux, les techniques de traque, les lieux de perdition, les rapports à l'argent, etc.
Elle travaille allongée sur une chaise longue, lit ou écrit pour la revue, et c'est tellement agréable qu'à défaut de l'acheter elle envisage de louer la villa pour un an. Dans cette région protégée du vent, les orangers, les mandariniers et les citronniers prospèrent. C'est le Sud par excellence. De la villa en surplomb, Katherine voit la Méditerranée d'un 'bleu de jacinthe foncé', et elle l'entend du jardin. Les maisons sont 'toutes colorées dans le soleil'. Des femmes font sécher le linge sur les orangers. 'Peut-être le soleil confère-t-il de la beauté à toutes les activités humaines.' Cette lumière, si elle n'apaise le feu de la maladie, agit comme un baume sur ses récentes blessures.
Cioran (1911-1995) laisse une oeuvre unique par la richesse de sa pensée, par sa tentative désespérée pour renforcer à coup d'aphorismes et de prophéties le club toujours suspect des pessimistes. Docteur ès gabegie, dépossédé de son pays et de sa langue. Cioran - sujet roumain devenu grand écrivain français - n'a toutefois pas écrit des pages issues d'une expérience abstraite, mais d'une vie ardemment déchirée entre puissance de l'ombre et pressentiment du divin.
De cette lutte contre soi est née une oeuvre noire, mais qui irradie et console ; une oeuvre féconde qui, loin d'être un code de l'agonie ou un culte du malheur, appareille la joie et la douleur. Une oeuvre qui correspond à la définition des «éjaculations mystiques» selon Littré : «Prières courtes et ferventes qui se prononcent à quelque occasion passagère, comme si elles se jetaient vers le ciel.»
«Le sujet de ce livre est la France. Le but est de comprendre ce que ce mot désigne aujourd'hui et s'il est juste qu'il désigne quelque chose qui, par définition, n'existerait pas ailleurs.» Ainsi commence Le Dépaysement. Mais pour répondre à cette question, à cette question d'identité, l'auteur, au lieu d'écrire un essai, a pendant trois ans parcouru le territoire, prélevant dans le paysage lui-même, sur le motif, les éléments d'une possible réponse. Les frontières, les rivières, les montagnes, les écarts entre nord et midi, mais aussi les couches de sédimentation de la conscience historique, ce sont tous ces éléments rencontrés en chemin qu'il restitue au sein d'un livre qui veut être avant tout la description d'un état de choses, à un moment donné. Cette «coupe mobile» fera donc passer le lecteur par une grande variété de lieux, des plus marqués par l'Histoire aux plus discrets, en même temps qu'il croisera quantité de noms et verra, sur pièces, se tendre les enjeux d'une question que l'actualité politique récente a fait resurgir, mais en la défigurant.