Ce choix de chroniques publiées dans L'Événement du Jeudi puis dans Charlie Hebdo de 1997 à 2009 est à l'image de l'animateur de télévision que l'on a connu : le ton y est direct, les coups sont portés sans retenue, les admirations d'une sincérité et d'une spontanéité absolues, loin, bien loin des poses compassées du « milieu » littéraire.
Ces textes montrent quel lecteur infatigable était Michel Polac. Semaine après semaine, il présente le meilleur de la production mondiale en langue française, tous genres et toutes époques confondus, sans se priver de louer ceux qui le méritent et de débiner les « ph/raseurs ». Avec cette bonhommie sans fard qui est la sienne, il dessine là, porté par un jugement très sûr, les contours d'une bibliothèque idéale.
Saviez-vous que Barthes est un multiple de Diderot ? Que dans ses lettres à Louise Colet Flaubert essayait de lui dire délicatement qu’il ne l’aimait pas ? Que Laurence Sterne a inventé « la lassitude du roman » avant André Breton ? Que le roman est international ?
Dans cet essai littéraire où la rigueur fait bon ménage avec la fantaisie, Adam Thirlwell nous plonge dans l’histoire captivante de la circulation des textes. En évoquant Flaubert, Kafka, Borges, Gadda, Hrabal, Sterne, Gombrowicz ou encore Nabokov, il explore comme dans un roman policier l’histoire secrète des grandes oeuvres de la littérature, et développe une théorie originale de la littérature comme traduction.
A partir des positionnements de M. Blanchot sur ses écrits politiques passés, dont la participation à la presse d'extrême droite est aujourd'hui avérée, M. Surya livre une réflexion sur les conséquences de la pensée. Revendiquant l'exigence éthique de l'écriture et du sens des mots, l'écrivain tient pourtant la pensée pour inconséquente, au point de l'assujettir aux opinions les plus extrêmes.
Qu'est-ce qui constitue le projet d'une langue, en quoi la langue française est-elle à nulle autre pareille ? Comment croire et comprendre qu'elle disparaît sous nos yeux à une telle vitesse, et avec elle une civilisation ? Ces pages s'attachent à identifier un héritage collectif inestimable, à donner la mesure d'un trésor. Écrites dans un style délié et jubilant, elles se lisent non comme un éloge ou une célébration, mais comme une suite de dévoilements par lesquels se révèle la richesse d'un français que nous utilisons en sous-régime, inconscients le plus souvent de ses immenses possibilités. Le lecteur, hautement réjoui par l'éblouissante érudition de ce texte, trouvera, plus que la description d'un désastre à venir, un chant d'amour à notre langue, qui se pose aussi en oeuvre de salut public.
À quoi peut bien servir un Journal, celui-ci particulièrement ? À témoigner, mieux que les ordonnancements et les compositions des livres eux-mêmes (reposant sur un tri a priori) du tohubohu, du mélange, du perpétuel bordel dans une tête, de la superposition constante de préoccupations d'ordres multiples et différents. Ce témoignage peut-il intéresser qui que ce soit ? Encore faut-il que celui qui l'élabore ait réussi à se rendre intéressant... Qu'on ait envie de connaître sa vie, les mélanges amers de sa vie. Toute l'échelle des souffrances...
Philippe Muray 5 novembre 1984
Figure centrale de la pensée de son temps, Roland Barthes (1915-1980) était aussi un être à la marge. Un père mort à la Première Guerre, l'amour inaltérable d'une mère, de longues années passées en sanatorium, la découverte précoce de son homosexualité lui donnent très tôt le sentiment de sa différence. Il a vécu à distance les grands événements de l'histoire contemporaine. Pourtant sa vie est prise dans le mouvement précipité, violent et intense de ce siècle qu'il a contribué à rendre intelligible.
Fondée sur un matériau inédit jamais exploré jusqu'ici (archives, journaux, agendas), cette biographie de Barthes éclaire d'un jour nouveau ses engagements, ses refus, ses désirs. Elle détaille la quantité des objets dont il a parlé, les auteurs qu'il a défendus, les mythes qu'il a épinglés, les polémiques qui ont fait sa célébrité, l'écoute des langages de son temps. Et sa puissance d'anticipation : si on aime tant le lire encore, c'est qu'il a exploré des territoires originaux et qui sont aujourd'hui les nôtres.
Le récit de sa vie donne de la substance et de la cohérence à la trajectoire de Barthes, conduite par le désir, la perspicacité et une extrême sensibilité à la matière du monde. À quoi on peut ajouter une forte réticence à tout discours d'autorité. En faisant reposer la pensée sur le fantasme, il a fait d'elle à la fois un art et une aventure. Entrer dans sa vie, approcher la forme de son existence aident à comprendre comment il fut écrivain et comment il fit de la littérature la vie même.
Une étude des relations entre le mouvement artistique des Nabis et le monde littéraire, à la fin du XIXe siècle. L'auteur évoque notamment les apports dans la mise en scène théâtrale et le travail autour de l'illustration éditoriale, ainsi que l'évolution des conceptions des écrivains concernant leur rapport à l'image et leur pratique de l'écriture.
« C’est trop beau ! trop ! » écrivait Rimbaud dans Bruxelles, en juillet 1872 : « plates-bandes d’amarantes », « banc vert » et « diables bleus »… La Belgique plaît ! Diables bleus ou diables rouges, elle a tout pour plaire… Et pourtant la Belgique semble être un des seuls pays au monde qui boude sa littérature ! Même si, comme on l’a dit, « un écrivain sur deux est belge ». Et si l’on en croit Léopold Sédar Senghor, « la Belgique est le pays au monde qui compte le plus de poètes au kilomètre carré. » Il y a donc de quoi être fier ! Laissez-vous raconter Cinquante écrivains belges… Enfants de nos deux langues et de nos deux cultures, germanique et latine, « les pieds sur terre et la tête dans les nuages ». Tiraillés entre amour et rejet du pays. Ballottés entre soif d’émancipation et nécessité de reconnaissance par la France et la francophonie. Écartelés entre crainte de faire des « fautes » et désir de perfection langagière, jusqu’à « fransquillonner ». Cette anthologie thématique se veut avant tout originale. Notre approche des écrivains est subjective et nous croyons que c’est ce qui marque sa différence. Par ailleurs, les textes sont scandés d’illustrations et de références picturales, musicales et cinématographiques qui ouvriront à d’autres spécificités de notre culture belge. Enfin, pour les enseignants, un cahier pédagogique est disponible gracieusement sur simple demande. « Une vraie lectrice ! » (Pierre Mertens)
Cet essai interroge l'avenir de la littérature en abordant la question de sa transmission. Mettant en lumière son rôle ainsi que les valeurs cognitives et esthétiques qu'elle véhicule, il souligne l'importance de promouvoir et de valoriser la littérature dans les sociétés démocratiques, plaidant pour un partage transitionnel des textes littéraires.
La journaliste au New Yorker explore ses écrits au regard de sa vie, de ses engagements auprès des écrivains d'Europe de l'Est à ses réponses aux attaques de ses textes. Parsemées d'anecdotes et de commentaires de l'écrivain lui-même, cet essai inscrit chaque oeuvre dans un réseau d'influences, éclairant ses aspirations littéraires mais aussi sa vision de l'évolution de la société américaine.