L’État belge, forgé au fil du temps par les forces multiples qui traversent la société, est aujourd’hui confronté aux difficultés d’un monde en crise. Alors qu’une nouvelle réforme profonde des institutions se dessine, la Nouvelle histoire politique de la Belgique de Xavier Mabille revient sur la genèse et sur l’évolution de cet État.
L’auteur a choisi 1780 comme point de départ. C’est le temps où s’achève l’Ancien Régime et où s’amorcent des mouvements durables de laïcisation, de centralisation et d’industrialisation. De jalon en jalon, cernant toujours l’essentiel, Xavier Mabille retrace la transformation de la Belgique.
Ce livre s’adresse à tous ceux qui veulent comprendre les problèmes aujourd’hui en jeu, au moment où se noue plus que jamais le destin du pays. Stabilité ou réforme des institutions, rôle des acteurs collectifs, pratique et exercice des pouvoirs : ces questions prennent un éclairage nouveau dès lors que l’on en repère les origines, que l’on perçoit l’entrelacs des effets et des causes, que l’on cerne les évolutions de la société dans laquelle elles s’insèrent.
Les caricatures politiques sont une forme de journalisme à part entière. Comme les chroniques, elles commentent l’actualité. Mais, par leur langage formel et, souvent, leur simplicité, elles s’avèrent plus percutantes. Les caricatures peuvent aussi bien provoquer que nier, minimiser qu’amplifier, diaboliser qu’idéaliser, dramatiser que banaliser. Tout cela dans un but unique : agir sur l’opinion publique.
Depuis sa naissance — voire sa «préhistoire» — la Belgique a vu paraître des centaines de journaux, revues, pamphlets, affiches et tracts à vocation idéologique, dans lesquels toutes les fractures et débats sociaux possibles ont été commentés et illustrés.
Parmi ces innombrables exemples, Paul Van Damme et Stijn Van de Perre ont sélectionné plus de 400 dessins particulièrement parlants. Une bonne soixantaine d’institutions publiques et de collectionneurs privés belges et étrangers leur ont prêté main-forte.
Dans Sans commentaire ?, l’histoire de Belgique est illustrée à travers cinquante grands thèmes. Pour chacun d’eux, les auteurs ont choisi une dizaine de caricatures, qu’ils ont resituées dans leur contexte historique. Accompagnés de synthèses agréables à lire et de lignes du temps, ces nombreux dessins racontent l’histoire de notre pays. De l’indépendance à la mondialisation, de la Belgique unitaire à l’État fédéral, de la formation des partis aux scandales politiques. Une approche neuve et personnelle de l’histoire politique de la Belgique, soucieuse avant tout d’offrir au lecteur de quoi «voir» pour «comprendre».
Préface Vincent Dujardin et Laurence Van Ypersele
Paul Van Damme (1959) est historien, professeur d’histoire et coordinateur à l’École hôtelière Ter Groene Poorte, de Bruges. Il publie depuis plusieurs années des ouvrages pédagogiques. C’est aussi un collectionneur passionné de caricatures politiques anciennes.
Stijn Van de Perre (1966) est attaché à la faculté d’histoire de l’Université de Gand et à l’Institut supérieur Artevelde — Orientation Travail social — de Gand. Il a obtenu son doctorat avec une thèse consacrée à la politique fiscale de la Belgique au cours du XIXe siècle. Il s’intéresse aussi particulièrement à la révolution belge.
On ne pourra jamais détruire l'antisémitisme ; on pourra momentanément en enrayer les manifestations violentes, mais on le verra réapparaître suivant les circonstances. Le Juif est trop nécessaire aux peuples chrétiens, l'antisémitisme trop utile pour les possédants, les chefs d'État, les dirigeants des nations chrétiennes. Le Juif n'existerait pas pour qu'on puisse détourner sur lui les colères de ceux qu'on spolie et sauver ainsi les coffres-forts qu'ondoya l'eau du baptême, qu'assurément on l'inventerait.
Ce volume rassemble tous les textes consacrés par Bernard Lazare à la question juive. S'y dessine l'itinéraire d'un Juif si bien intégré dans la société française qu'il n'a d'abord que mépris pour les Juifs de l'Est émigrés et qui, peu à peu, prend conscience de sa judéité en même temps qu'il s'engage dans le combat social. Itinéraire qui le conduira jusqu'au sionisme ; mais, refusant de sacrifier son idéal libertaire, Lazare se brouillera rapidement avec Herzel. Son talent extraordinaire de polémiste éclate à chaque page de ce livre, notamment dans les textes consacrés à Drumont.
À l'heure où, partout dans le monde, les peuples se tournent vers la république démocratique, mais à l'heure aussi où l'Europe hésite à bâtir une république commune, que sait-on véritablement de l'histoire de la république européenne ?
Est-elle issue, comme l'affirment nombre d'historiens anglais, des cités antiques et médiévales ? Est-elle née, comme le voudrait un préjugé francocentrique tenace, de la Révolution française de 1789 ?
En contournant ces deux généalogies, trop longue ou trop courte, la philosophe Blandine Kriegel retrace ici une histoire originale et inédite de la république moderne. Celle-ci naît en effet de la rencontre inattendue des traditions des républiques de cité et de celle du droit politique moderne de l'État qui permet à l'insurrection des Pays-Bas néerlandais de vaincre le despotisme impérial de Philippe II. Mieux, tous les États-nations européens, au premier rang desquels la France et l'Angleterre, contribuent à sa victoire. Mieux encore, le droit politique neuf de cette première république d'État qui s'affiche dans les discours de Guillaume d'Orange, véritable «Prince moderne», comme dans les Déclarations d'indépendance des Provinces-Unies, est rédigé par des Français, protestants et «politiques». L'épilogue de cette histoire culmine avec le «Grand Dessein» d'Henri IV et de Sully de construire une république européenne... devant laquelle nous trébucherons encore.
La république moderne, une idée européenne ? Ou quand le retour sur le passé peut permettre de frayer la voie à l'avenir.
Parmi les nombreux peuples soumis par Rome, seuls les Judéens ou Juifs nous ont laissé un témoignage cohérent et continu sur leur vision de la puissance impériale du temps. En s'appuyant sur les textes en hébreu, grec ou araméen du IIe siècle avant J.-C. à la fin de l'empire païen au IVe siècle, Mireille Hadas-Lebel reconstitue l'évolution des relations entre Rome et la Judée : de l'alliance à la tension puis à la révolte et enfin à la résignation, sans que le peuple juif ait jamais perdu l'espoir de la rédemption.
Dans ce magistral essai sur la genèse du pouvoir politique, Karl Ferdinand Werner étudie l'instauration d'une société hiérarchique dont la fonction était de gouverner et protéger les hommes tout en servant Dieu et l'empereur. Cette «noblesse» est à l'origine de l'État chrétien des IVe-XIe siècles.
De Constantin le Grand, qui fit entrer à son service des hauts fonctionnaires, organisés selon le modèle de l'armée romaine, à l'ère de la chevalerie et de la civilisation courtoise, durant laquelle les grands vassaux prennent la tête de principautés territoriales, cet ouvrage met en lumière les fondements de l'Europe chrétienne, nous invitant à revoir une vision trop étroite de notre histoire pour prendre la mesure de tout ce que notre civilisation doit au modèle aristocratique.
«J'ai hésité longtemps sur le titre de ces Mémoires. Je ne savais pas s'il fallait les intituler La Dernière Offensive de Batista ou Comment 300 hommes en mirent 10 000 en déroute. Ce sera finalement Les Chemins de la victoire.
J'y inclus le récit des premières années de ma vie sans lequel on ne comprendrait pas le sens de ce livre. J'y explique ce qui m'a mené à la révolution et à la lutte armée dans les montagnes de la Sierra Maestra. Je ne suis pas né avec les réalités du monde, mais je les ai vite saisies...
Nombre d'historiens se sont penchés sur ce qui s'est passé dans la Sierra et sur le sort des guérilleros qui s'y étaient retranchés. Il me semble néanmoins que seul le meneur et chef de cette force de combattants novices peut relater les événements de façon vivante et précise. Soixante-quatorze jours de combat au cours desquels nous, les révolutionnaires, parvînmes à déjouer les plans des forces armées soutenues et équipées par les États-Unis, et fîmes que l'impossible devint possible. C'est aussi le meilleur moyen de rendre hommage à ceux qui sont tombés durant cette épopée.
À cette étape de ma vie, me voilà en mesure d'offrir mon témoignage. J'ai l'espoir qu'il aura une valeur pour les générations futures.»
«La dictature a lancé contre nous une véritable marée humaine. Mais l'Armée rebelle n'abandonnera jamais ses positions dans la Sierra Maestra. La mort ou la victoire, c'est l'unique alternative que nous acceptons.»
Pendant soixante-quatorze jours, le Commandant Fidel Castro, inlassablement, répartit ses effectifs en fonction de ce qu'il sait des déplacements adverses. Il envoie le Che ici, son frère Raúl ailleurs, un autre plus loin, au cas où... Un stratège hors pair et un communicant habile, qui galvanise la population sur Radio Rebelle.
Soixante-quatorze jours de courage et d'obstination, de discipline dans la fraternité, de compagnons tombés sous vos yeux, qu'on pleure discrètement, comme les autres, peut-être, vous pleureront demain. Pas de grandiloquence, pas de mots inutiles, juste l'humble détermination des défenseurs ardents des grandes causes de l'Histoire.
Pour le général de Gaulle, l'URSS, qu'il n'a cessé d'appeler la Russie, est essentielle pour des questions tout autant stratégiques que civilisationnelles.
La vingtaine de contributions françaises et russes ici rassemblées étudient les conceptions du général de Gaulle quant a l'URSS, les rapports de la Russie de Staline avec la France libre, les relations des deux États durant les crises des années soixante et, enfin, les différents aspects de la coopération durant la période de détente, notamment en matière économique, technique et scientifique.
Par la diversité des apports et la qualité des perspectives tracées en conclusion par Hélène Carrère d'Encausse, ce volume, sous la direction de Maurice Vaïsse, est d'un grand intérêt aujourd'hui pour cerner les facettes de la relation franco-russe à travers les vicissitudes du XXe siècle.
Les Guises, qui régnèrent longtemps en maîtres sur les affaires politiques de la France, connurent une ascension foudroyante sous le règne d'Henri II et devinrent tout-puissants sous celui de François II. Ils se rendirent célèbres en se faisant les champions de la cause catholique et en déclenchant la première guerre de Religion.
Leur illustre maison était originaire de Lorraine et se déclarait issue de Charlemagne. Le plus célèbre de ses princes, Henri le Balafré, paya de sa personne ses prétentions à la couronne : il mourut assassiné à Blois sur ordre d'Henri III. L'aventure des Guises ne s'acheva pas sur ce fameux épisode ni sur l'avènement de leur nièce et cousine Marie Stuart au trône d'Écosse puis de France.
Elle se poursuivit avec ceux que leurs contemporains nommèrent « les petits Guises » : Charles, amiral du Levant, héros du siège de La Rochelle ; Henri II, impliqué dans plusieurs complots contre Mazarin, proclamé roi de Naples ; Marie, mécène du compositeur Marc-Antoine Charpentier.
Autour du rameau principal, gravitèrent encore d'innombrables rejetons : les cardinaux Jean et Charles de Lorraine, fins esthètes, qui jouèrent un rôle considérable dans la lutte impitoyable contre les protestants.
Henri Pigaillem retrace avec brio la saga de cette dynastie princière, avide de pouvoir et d'honneurs.
Talleyrand : la personnalité controversée par excellence, parce que l'une des rares à avoir conservé une existence véritable dans l'ombre de Napoléon. «Le plus impénétrable et le plus indéchiffrable des hommes», dit de lui Mme de Staël, à laquelle il doit les débuts de sa carrière de ministre sous le Directoire. Un visage impassible : «Jamais visage ne fut moins baromètre», précise Stendhal.
Au Congrès de Vienne, il retrouve Metternich. Talleyrand et Metternich : deux jumeaux en diplomatie. Les deux modèles du diplomate accompli. Les deux experts - ou les deux acteurs - qui donnent à la diplomatie sa patine classique. Talleyrand et Metternich se connaissent depuis huit années, pendant lesquelles ils ont pu dialoguer et se rapprocher. Sans se départir d'une grande prudence : «Des hommes tels que M. de Talleyrand sont comme des instruments tranchants avec lesquels il est dangereux de jouer.»
Le 30 septembre 1814, c'est le coup d'éclat de Talleyrand, son coup de poing sur la table des négociateurs au Rennweg, devant Metternich et les représentants des quatre Grands, surpris et effarés. À Vienne, Talleyrand a voulu s'ériger en «tribun de la plèbe internationale», en porte-parole des petites puissances, non admises dans le cercle des «Grands». N'a-t-il pas ainsi inventé la «diplomatie à la française» ?