[...] La poétesse cherche à suivre logiquement (née àGand en 1965, elle vit à Bruxelles), comme dans un rêve cartésien, ce qui se montre le moins de la mécanique heurtée du désir, de ses pousses, piques et embardées.
[...] On pense à André du Bouchet, sur lequel Elke de Rijcke prépare un essai, sans qu'aucun mimétisme n'en ressorte; sa façon à elle de l'avoir lu et d'en hériter consiste à partir de la tension entre le langage et le monde extérieur, et d'y travailler. Aussi l'ordinaire, le quotidien, ce que nous disons tous plus ou moins en histoires de nos vies, prend ce genre de tour-là [...]
Dans une maîtrise (parfois trop surplomblante) de son écriture, Elke de Rijcke cherche à dire, à énoncer, la lumière nouvelle, diffuse, sorte d'aura, qu'il y a entre les gestes, les corps, les sensations et les circonstances [...]
Si son premier livre contenait déjà, par son titre indicateur (Troubles. 120 précisions. Expériences; Tarabuste, 2005), cette volonté scrutatrice de baliser les micro-événements de la vie, la maturité d'écriture de ces deux volumes se double, ici, de la recherche d'une phrase aux mouvements inédits, sorte de phrases-pensée dont les rythmes s'inventent à mesure, cassant ici le lien syntaxique habituel pour, plus loin, éluder l'article et lister abruptement la vitesse d'une sensation. C'est ici un travail de fond, que le titre et son soleil de poche relèvent bien, en deux pans.
[...]Elke de Rijcke fait partie de ces voix singulières qui interrogent vraiment, en rompant la balance établie avec suffisance entre lyrisme et littéralité, la langue, ses capacités à dire (ou à ne plus pouvoir dire) ce qui résiste au langage.
Extrait du commentaire d'Emmanuel Laugier, à propos du dernier livre d'Elke de Rijcke dans le Matricule des Anges, n°75 juillet-août 2006
Voir aussi le site de poésie comparative http://www.sitaudis.com/Parutions/troubles--d-elke-de-rijcke.php
Peut-on 'raconter' Marguerite Duras ? Comment retrouver, sans la dénaturer, la trace encore fraîche d'une existence vécue dans la rumeur chargée d'histoire de plusieurs époques si contrastées ? Comment rendre sensible le jaillissement d'une oeuvre rebelle à l'analyse, au cloisonnement imposé par les genres (littéraire, dramatique, cinématographique) ? Comment Marguerite Donnadieu, fille d'instituteurs, adolescente un peu complexée et rêveuse ayant grandi sur les bords du fabuleux Mékong, deviendra-t-elle, après un apprentissage solitaire et tenace, Marguerite Duras, l'un des écrivains les plus authentiques et les plus attachants du XXe siècle ?
C'est à ces questions que répond le minutieux travail d'enquête et de reconstitution de Jean Vallier pour confronter l'auteur de L'Amant et d'Un barrage contre le Pacifique à sa vérité historique.
De nombreux documents restituent avec émotion les événements et les temps forts de la vie et de l'oeuvre de Marguerite Duras, qui, en dehors de son prodigieux travail d'écriture, s'est illustrée par l'originalité de son talent de dramaturge et de cinéaste d'avant-garde, ainsi que par son activité de journaliste et la vigueur de ses engagements. 'C'est, disait-elle, dans la reprise du temps par l'imaginaire que le souffle sera rendu à la vie.'
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Lors de la parution de Suite à l'hôtel Crystal, Jorge Semprun me fit l'honneur de venir en parler à l'une de ces rencontres que Maurice Olender organise à la Maison de l'Amérique latine pour ses auteurs de la 'Librairie du XXIe siècle'. [...] 'Chacun de tes amis, lança Semprun après la réunion, pourrait inventer une histoire de chambre d'hôtel.' [...] Un an et demi après, voici le résultat d'une boutade. Suite à l'hôtel Crystal (suite), en somme.
Ces vingt-huit chambres forment un caravansérail amical - ni plus, ni moins. On pourrait donner à leur recueil le titre d'un tableau de Max Ernst datant de 1922, où sont peints les membres du groupe surréaliste, 'Au-rendez des amis' : à ceci près que ce n'est pas un groupe que rassemblent ces pages, moins encore une 'avant-garde', pas même une bande. Rooms n'affirme rien, Rooms n'est évidemment pas le manifeste d'une école, juste un jeu entre des auteurs (romanciers surtout, mais pas seulement) que lie un peu plus que de l'estime.
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Israël, janvier 1991. Une attaque de l'Irak à l'arme chimique est redoutée, la guerre du golfe est imminente.
Constance Kahn, une jeune Française, a choisi de s'installer à Jérusalem pour écrire son mémoire sur Flavius Josèphe. Elle partage sa vie avec Nathanaël, un peintre révolté et imprévisible, travaille dans une boutique bio, a pour amie Tamar, étudiante comme elle en histoire antique, et sur le point d'accoucher. Dans quinze jours tout ce monde aura peut-être disparu.
Lorsque les sirènes retentissent, Constance maîtrise de moins en moins le chaos émotionnel qui l'envahit, mêlant les traumatismes du passé aux angoisses du présent.
En retard pour la guerre est un roman à l'écriture sensible et retenue. Sa vitalité et son réalisme rappellent le ton de certains jeunes cinéastes israéliens contemporains.
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Simon, Laurent, Salomé, Edgar, Rachel, tous ces personnages semblent avoir trouvé leur maître en Violette. Amatrice de chapeaux insensés, d'animaux bizarres, de palais italiens et de tir à la carabine, cette jeune femme énigmatique a le don de les aimanter. Pour lui plaire, ils consentent à vivre des aventures insolites : une partie de tennis jouée avec une balle invisible, un vol d'oiseau dans un musée d'histoire naturelle, la reconstitution d'un squelette de centaure...
Et l'on se demande d'où Violette tire son pouvoir...
À moins que ce ne soit celui de l'auteur : sa virtuosité rare transforme chaque nouvelle en pièce d'une mosaïque captivante. On lit ces Histoires contre nature comme un roman.
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«32. Les étoiles s'éteignent (Turn Out the Stars), se rallument en cette féerie, ce feu d'artifices, comme si trop épaisse, insondable la nuit tant convoitée soudain le menaçait d'un vertige où mains et clavier se séparant le laisseraient lui pianiste s'évanouir en un silencieux trou noir.
Peut-être faudrait-il interpréter ainsi son obstination, une semaine avant sa mort, à vouloir honorer cet engagement de huit soirées (puis à rajouter la neuvième, le lundi 8) au Keystone Korner de San Francisco.
Aurores, fluorescentes poussières dispensées à pleines, vigoureuses brassées, il les laisse s'estomper, clignoter encore, puis mourir incandescentes à son rythme, son tempo.
Comme on voit un accident se dérouler indéfiniment freiné, irrésistiblement emporté.
Tout un monde, presque un siècle en quelques mesures - le tempo de son silence, où renaissent bien claires étoiles rouges et bleues, palpitant hors de portée, éclaboussant les limites repoussées de l'univers.»
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C'est avec une grande économie de moyens et une pudeur exemplaire, suivant à petits pas les personnages de son récit, que Georges Bonnet nous relate la rencontre d'Émile et Louise, septuagénaires jusqu'alors solitaires et confinés entre appartement, jardin public et cimetière, mais finalement sujets aux plus intenses débordements du coeur. C'est grâce à un art dénué de tout artifice, comme puisé à l'émotion même, qu'il sait rendre palpitante la plus partagée des banalités et tenir le lecteur en haleine. Car ces êtres - auxquels il ne doit, en principe, plus rien arriver - sont vulnérables à l'amour, à ses joies comme à ses peines, quand même il ne leur viendrait pas à l'esprit de nommer le sentiment qui les traverse et les rend à la vie.
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« Comme il ne dit rien, comme il ne fait rien, comme il ne fait que danser, je lui demande comment il s'appelle. Comme ça. Pour dire quelque chose. Il me dit Djê, Djê Koadjo, mais les copains m'appellent Babyface. Je demande Quoi ? Il répète Babyface, avec la voix de l'enfant qui s'attend à une punition, et, pour la seconde fois, je craque, je fonds, je coule... Babyface ! On dirait la caresse d'une houppette dans le creux des cuisses. Babyface ! Comment peut-on ne pas aimer un mec qui s'appelle Babyface ? »
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1828, un adolescent surgit sur une place de Nuremberg, une lettre à la main. Illettré, comme coupé du monde, il passe aux mains de différents tuteurs avant de disparaître en 1833. Très vite, d'extraordinaires rumeurs circulent sur le jeune homme : il serait le fils du grand-duc de Bade et de Stéphanie de Beauharnais, une nièce de Napoléon mariée à un souverain allemand pour consolider la politique d'alliances impériales. Il aurait été enfermé dès sa naissance dans une minuscule cellule et privé de tout contact avant d'être relâché vers sa seizième année. Banal cas d'autisme ou enfance martyre, brisée par la raison d'Etat ? Telle est encore aujourd'hui l'énigme de Kaspar Hauser.
L'histoire de Kaspar Hauser, adaptée par Werner Herzog, est ici renouvelée à travers les récits vibrants d'amour ou de haine de personnages ayant approché intimement l'enfant sauvage princier : sa mère, un cheval, son assassin...
La découverte d'un écrivain de haute volée, d'un lyrisme singulier.
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Entre histoire avérée et pure fiction, Le Faussaire s'offre au lecteur comme un récit à deux voix, mi-jésuitique mi-éclairé, où les considérations religieuses et l'honnête morale sont comme dissoutes dans les arcanes politiques de la Rome des papes, de l'Ibérie des rois et cardinaux et de la toute jeune Compagnie de Jésus. L'ombre d'Ignace de Loyola occupe l'horizon comme un point de référence que les protagonistes ne manquent jamais d'évoquer ou de consulter dans l'échange serré de leur correspondance. Car le roman de René Rodriguez, sans aucune condescendance pour les usages d'une certaine modernité, est strictement épistolaire: deux amis, l'un resté laïc et demeurant en Castille, l'autre comptant parmi les premiers compagnons d'Ignace de Loyola, et vivant à Rome, dans les années qui occupent le milieu du XVIe siècle, se trouvent personnellement impliqués dans l'élucidation d'une intrigue politico-religieuse ayant trait à l'établissement de l'inquisition au royaume du Portugal. L'un à l'autre associés et subtilement engrenés et accommodés, ils enquêtent, en fins limiers de police, sur les agissements d'un escroc, faussaire et aventurier, fallacieusement enfroqué dans la tenue de légat du pape. Se déroule ainsi, à l'adresse du lecteur, une subtile intrigue d'espionnage et de traque sur fond de conflits internes à l'Eglise et de diplomatie vaticane, tout cela dans la rigueur, la sobriété et l'élégance d'une prose qui restitue, à la perfection, l'esprit du classicisme en ses commencements. Claude LOUIS-COMBET
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