Analyser les discours institutionnels

Analyser les discours institutionnels
Krieg-Planque Alice
Ed. Armand Colin

Analyser des discours émanant de partis politiques, d'associations, d'organisations publiques ou privées demande des compétences, des concepts et des méthodes précises et solides. Dans cet ouvrage, l'auteure expose les catégories d'analyse utiles qu'elle illustre à l'aide de nombreux exemples, éclairant les enjeux politiques et sociaux contemporains des déclarations politiques, textes journalistiques, documents administratifs, prises de parole publiques, supports de communication...

Au fil des chapitres, l'étudiant apprend ainsi à poser un regard spécifique sur les textes et les énoncés pour repérer différents types d'implicites (présupposés, sous-entendus...), identifier les équivoques d'un discours (phénomènes de flou et d'ambiguïté), ou encore saisir les stéréotypes langagiers (slogans, formules, phraséologie...).

Ce livre s'adresse en particulier aux étudiants des différentes sciences humaines et sociales qui ont besoin d'appréhender la dimension discursive des objets sur lesquels ils travaillent.

Lire Etre et temps de Heidegger

Lire Etre et temps de Heidegger
Zarader Marlène
Ed. Vrin

Lire Être et temps : une aventure captivante - et difficile. On se propose ici d'accompagner le lecteur dans cette aventure, et de l'aider, autant qu'il est possible, à lire le texte. Le lire, c'est d'abord s'employer à le déchiffrer : le suivre pas à pas, dans sa littéralité, en éclairer les concepts, en restituer l'économie interne. C'est, ensuite, ne pas hésiter à le questionner : car ces concepts ne vont pas de soi, et moins encore l'économie d'ensemble dans laquelle ils sont pris.

Le maître-livre de Heidegger fait donc ici l'objet d'une approche critique, visant à en mesurer les tensions et à dégager les difficultés qui y restent en suspens. Mais sa spécificité est qu'elle s'effectue au fil d'un commentaire linéaire qui n'abandonne jamais la lettre même du texte. D'où découle le rythme de ces pages, marqué par une complexification croissante. Elémentaire au début, l'analyse s'affinera progressivement, permettant au lecteur d'entrer toujours plus avant dans la problématique, et d'en maîtriser les enjeux.

Il apparaîtra finalement que le principal d'entre eux est constitué par le concept de monde : l'auteur s'attache à montrer que, tout en étant au coeur de Sein und Zeit, ce concept est le lieu d'un problème qui ne semble pas pouvoir trouver sa solution dans le cadre de l'ontologie fondamentale.

La textualité du droit. Etude formelle et enquête transcendantale

La textualité du droit. Etude formelle et enquête transcendantale
Goyard-Fabre Simone
Ed. Cerf

Les textes de droit envahissent, aujourd'hui plus que jamais, notre vie quotidienne : des constitutions aux lois, des codes aux règlements, ils prennent une autorité si forte que, dans leur extrême diversité, ils forment une sorte de canevas régulateur tel qu'il existe bien peu de situations ou d'actions humaines qui lui échappent. Devant ce constat, il n'est pas possible de rester indifférent : si la textualité du droit se présente d'abord comme un objet graphique qu'explore la sémiotique, elle s'offre aussi et surtout comme un objet philosophique dont la sémantique a charge - parmi les termes usités, les symboles, les structures, les accentuations, les constructions syntaxiques, les relations et les opérateurs logiques - de saisir le sens profond. La recherche philosophique doit être plus exigeante encore : en effet, par leur manifestation, leur organisation, leur signification, les textes font parler le droit. Aussi bien, par-delà l'analytique formelle qui en scrute l'écriture, l'interrogation qui les soumet à une critique transcendantale livre la fondation première et la fin ultime de la juridicité. À la lumière de cette enquête transcendantale, il apparaît que, dans le domaine immense de la production des oeuvres de l'esprit, la textualité du droit ne procède pas - à l'instar du problème scientifique, de l'énigme littéraro-poétique ou du mystère théologique - de l'irréductibilité d'un type sui generis d'écriture ; elle n'est possible et valide que si elle plonge ses racines dans le terreau de la «philosophie première» qui lui apporte ses présuppositions et ses exigences fondamentales. Voilà qui permet de comprendre enfin que le conflit séculaire entre le droit et la philosophie n'a pas lieu d'être.

Résister responsabiliser anticiper

Résister responsabiliser anticiper
Delmas-Marty Mireille
Ed. Seuil

Ce livre est né d'une interrogation sur le rôle du droit face aux effets de la mondialisation. D'un côté, celle-ci renforce l'humanisme juridique par le développement international des droits de l'homme et la création d'une justice pénale internationale. De l'autre, elle le menace par le durcissement du contrôle des migrations, l'aggravation des exclusions sociales, la multiplication des atteintes à l'environnement, la persistance des crimes internationaux les plus graves ou les risques d'asservissement engendrés par les nouvelles technologies.

À force d'être invoquée à tort et à travers sans être pour autant mieux appliquée, la ritournelle humaniste n'annonce-t-elle pas, en réalité, la mise à mort de l'humanisme juridique ?

Reste à inventer un nouvel humanisme, ou plutôt à se projeter dans l'avenir en faisant le pari qu'il est possible d'humaniser la mondialisation autour de trois objectifs : résister à la déshumanisation, responsabiliser ses acteurs, anticiper sur les risques à venir.

Tel est l'esprit qui anime ce livre de combat.

En numérique chez Tropismes : Résister responsabiliser anticiper

Politique et Etat chez Deleuze et Guattari. Essai sur le matérialisme historico-machinique

Politique et Etat chez Deleuze et Guattari. Essai sur le matérialisme historico-machinique
Sibertin-Blanc Guillaume
Ed. PUF

Souvent abordée par sa «micropolitique du désir», l'oeuvre commune de Deleuze et Guattari est rarement sollicitée lorsqu'on s'interroge sur les problèmes classiques ou contemporains de la pensée politique : la forme-État, la souveraineté, le rapport de la violence et du droit, la guerre, le paradigme de la Nation et les recombinaisons qu'il a entraînées entre les idées de peuple, de citoyenneté et de minorité. En suivant la trajectoire conduisant du premier tome de Capitalisme et schizophrénie (1972) au second (1980), ce sont pourtant tous ces problèmes qui se trouvent réélaborés, au fil d'une conjoncture de transition historique marquée par la fin des guerres de décolonisation, la transformation du capitalisme mondial, les recompositions aussi profondes qu'incertaines des forces de résistance collective.

Encore faut-il, pour mesurer les prises de la pensée guattaro-deleuzienne sur les bouleversements de son temps, la confronter à ce qui fut son interlocuteur principal, le marxisme, à son champ épistémique (le matérialisme historique), à son programme critique (la critique de l'économie politique) et à sa grammaire politique (la lutte des classes). De ces pourparlers, trois hypothèses nouvelles se dégagent : celle d'un «Urstaat», incarnant un excès de la violence souveraine sur l'appareil d'État et sur ses investissements politiques ; celle d'une puissance de «machine de guerre», que les États ne peuvent jamais s'approprier que partiellement, et à laquelle ils peuvent eux-mêmes se subordonner ; celle d'un excès du «destructivisme» de l'accumulation capitaliste sur son organisation productive.

Dans ce triple excès, la pensée politique de Deleuze et Guattari trahit le spectre de l'entre-deux-guerres qui la hante, mais qui la fait aussi communiquer avec les penseurs actuels de l'impolitique. S'y donnent à lire non seulement une nouvelle théorie politique, mais aussi un tableau de la pluralité des voies d'ascension à l'extrême-violence susceptibles de détruire la politique même et auxquelles les luttes contemporaines ne peuvent s'épargner de faire face.

Elizabeth Anscombe. L'esprit en pratique

Elizabeth Anscombe. L'esprit en pratique
Aucouturier Valérie
Ed. CNRS

Elizabeth Anscombe (1919-2001) est l'une des grandes philosophes britanniques du XXe siècle. Influencée par Aristote et la scolastique médiévale, mais surtout par son maître Ludwig Wittgenstein, elle a renouvelé les débats en philosophie de l'action et en philosophie morale.

L'action est un sujet de perplexité pour le philosophe car, irréductible à un mouvement sans agent, elle engage une volonté, des intentions et des valeurs morales. Elle se situe donc entre philosophie de l'esprit et philosophie morale : préciser le rôle de la volonté et des intentions dans l'action nous éclaire sur les degrés de responsabilité - en particulier morale - de l'agent.

Dès lors, comprendre comment s'intriquent la spontanéité de l'action et sa dimension téléologique devient un enjeu majeur de la philosophie.

L'esprit en pratique explique pourquoi la philosophie de l'esprit selon Anscombe doit opérer un détour par la philosophie de l'action et décrire le «mental» dans ce qu'il a de visible. Mais aussi pourquoi toute considération sur l'éthique impose de s'appuyer sur une vision claire des motifs de l'action et du type d'agent qui en est le moteur.

En s'inscrivant pleinement dans les débats actuels sur la subjectivité, l'intentionalité, la responsabilité, la philosophie d'Anscombe renouvelle en profondeur la notion d'intention.

L'écart et l'entre. Leçon inaugurale de la chaire sur l'altérité

L'écart et l'entre. Leçon inaugurale de la chaire sur l'altérité
Jullien François
Ed. Galilée

Comment s'ouvrir un chemin vers l'Autre ?

Je proposerai ici deux concepts médiateurs : d'écart et d'entre.

À la différence de la différence, qui reste à la remorque de l'identité, l'écart est fécond en ce qu'il est exploratoire, aventureux, et met en tension ce qu'il a séparé.

De là que ouvrir un «écart», c'est produire de l'«entre» ; et que produire de l'«entre» est la condition pour promouvoir de l'«autre».

Car dans cet entre, que n'a pas pensé notre pensée de l'Être, s'intensifie la relation à l'Autre qui se trouve ainsi préservé de l'assimilation à soi.

Ce n'est donc pas à partir du semblable, comme on voudrait le croire, mais bien en faisant travailler des écarts, et donc en activant de l'entre, qu'on peut déployer une altérité qui fasse advenir du commun. Un commun effectif est à ce prix.

Qu'on s'en souvienne aujourd'hui où le danger d'assimilation, par temps de mondialisation, partout menace.

F. J.

Le sens du mouvement

Le sens du mouvement
Ed. Berthoz

Notre cerveau n'est pas un calculateur prudent qui nous adapte au monde ; c'est un simulateur prodige qui invente des hypothèses, modélise et trouve des solutions qu'il projette au-dehors.

Cette intuition de philosophe se présente ici comme une propriété physiologique. Comprendre ces mécanismes, c'est comprendre comment le cerveau anticipe l'orientation d'un regard, la trajectoire d'une balle ou la perte de l'équilibre. C'est encore comprendre pourquoi nous avons le vertige, pourquoi une certaine architecture moderne nous rebute et pourquoi les peintures de Lascaux nous fascinent. L'enjeu de ce livre est aussi de nous expliquer comment nos perceptions peuvent être manipulées, au risque de nous précipiter dans la haine et la destruction de l'autre.

La fabrique des imposteurs

La fabrique des imposteurs
Gori Roland
Ed. Liens qui libèrent

L'imposteur est aujourd'hui dans nos sociétés comme un poisson dans l'eau : faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l'apparence et à la réputation plutôt qu'au travail et à la probité, préférer l'audience au mérite, opter pour le pragmatisme avantageux plutôt que pour le courage de la vérité, choisir l'opportunisme de l'opinion plutôt que tenir bon sur les valeurs, pratiquer l'art de l'illusion plutôt que s'émanciper par la pensée critique, s'abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l'amour et à la création. Voilà le milieu où prospère l'imposture !

Notre société de la norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique des imposteurs. L'imposteur est un authentique martyr de notre environnement social, maître de l'opinion, éponge vivante des valeurs de son temps, fétichiste des modes et des formes. L'imposteur vit à crédit, au crédit de l'Autre.

Soeur siamoise du conformisme, l'imposture est parmi nous. Elle emprunte la froide logique des instruments de gestion et de procédure, les combines de papier et les escroqueries des algorithmes, les usurpations de crédits, les expertises mensongères et l'hypocrisie des bons sentiments.

De cette civilisation du faux-semblant, notre démocratie de caméléons est malade, enfermée dans ses normes et propulsée dans l'enfer d'un monde qui tourne à vide. Seules l'ambition de la culture et l'audace de la liberté partagée nous permettraient de créer l'avenir.

Qu'est-ce que le vivant ?

Qu'est-ce que le vivant ?
Prochiantz Alain
Ed. Seuil

Certains livres annoncent des vérités, celui-ci pose des questions. Face à sa diversité et à son extraordinaire plasticité, comment appréhender le vivant ? Si la biologie englobe l'homme, notre espèce ne bouscule-t-elle pas le cadre théorique naturalisant de cette discipline ? Ces interrogations obligent à repenser les rapports de continuité, et de rupture, entre la biologie et les autres sciences «dures» ou celles-là encore qu'on dit humaines. Comme si tout savoir n'était pas production d'un cerveau humain si particulier - monstrueux - qui nous rattache à l'histoire animale et nous en distingue, radicalement.

À travers les concepts centraux d'évolution et d'individuation, cet ouvrage met l'accent sur l'instabilité de toute structure vivante, compensée par un renouvellement infini de formes, fondement d'une individuation qui fait de chacun d'entre nous un être unique, en évolution permanente.

Mêlant les avancées les plus récentes de la recherche à la relecture de nombreux théoriciens et philosophes du vivant - Charles Darwin, Claude Bernard, Henri Bergson ou Alan Turing, entre autres -, Alain Prochiantz propose au lecteur de suivre les méandres des grandes questions qui traversent l'histoire des sciences du vivant et, par-delà, intéressent tous les champs de savoir.

En numérique chez Tropismes : Qu'est-ce que le vivant ?

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